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Actualités - INTERVIEWS

Le partenariat avec l'UE nécessite une restructuration économique au Liban souligne le chef de la délégation de la Commission Européenne à Beyrouth (photo)

En novembre 1995, les Etats membres de l’Union européenne et douze pays riverains du sud de la Méditerranée (Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Chypre, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Turquie, et Autorité palestinienne) adoptaient à l’unanimité, au terme d’une conférence tenue à Barcelone, une Déclaration instaurant le partenariat euro-méditerranéen. Ayant pour objectif d’instaurer une zone de stabilité politique et de prospérité économique des deux côtés de la Méditerranée (avec pour finalité l’établissement d’une vaste zone de libre-échange, dans un délai de douze ans), ce partenariat est axé sur trois volets précis: politique et sécurité; relations économiques et coopération financière; coopération sociale et culturelle. Au plan libanais, des négociations sont actuellement en cours entre l’Union européenne et le Liban en vue de conclure un accord d’association bilatéral (UE-Liban), prévu par la Déclaration de Barcelone. L’évolution et le bilan des pourparlers engagés à ce propos seront au centre de la visite de vingt-quatre heures que le président de la Commission européenne, M. Jacques Santer, entamera ce soir à Beyrouth, dans le cadre d’une tournée régionale. A l’occasion de la visite de M. Santer, le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, M. Dimitris Kourkoulas, a accordé à «L’Orient-Le Jour» une interview dans laquelle il a exposé les objectifs et la portée stratégique du projet de partenariat euro-méditerranéen, évoquant, en outre, le bilan des négociations en cours entre l’UE et le Liban en vue de la conclusion de l’accord d’association qui constitue, comme le souligne M. Kourkoulas, «un élément essentiel du projet de partenariat». «Il s’agit d’un accord très ambitieux qui couvre plusieurs secteurs de la vie économique et qui nécessite une adaptation de la structure économique du Liban, précise M. Kourkoulas. Dès le début, nous étions conscients de la difficulté d’une telle entreprise, mais nous sommes confiants dans la possibilité d’avancer dans les négociations au cours des mois à venir. En résumé, l’objectif de cet accord est d’établir, sur le plan commercial, une zone de libre-échange entre le Liban et l’Union européenne, c’est-à-dire d’éliminer les entraves au commerce. Ce même objectif est valable pour les autres pays méditerranéens». «Parallèlement à cet aspect commercial en rapport avec la zone de libre-échange, nous proposons à nos partenaires méditerranéens, dont le Liban, une coopération plus accrue dans plusieurs domaines (Economie, Energie, Environnement...) ainsi qu’une coopération politique», poursuit M. Kourkoulas. «Conformément à l’accord en gestation, les ministres de l’UE et du Liban devraient se réunir régulièrement pour un échange de vues sur le fonctionnement de l’accord ainsi que sur d’autres sujets, notamment politiques». L’accord d’association négocié entre l’UE et chacun des douze partenaires méditerranéens ne constitue que l’un des volets du partenariat. «Ce partenariat, précise M. Kourkoulas, prévoit deux niveaux de coopération: bilatéral et multilatéral. Sur le plan bilatéral, notre stratégie est de conclure des accords d’association avec les douze partenaires, et de préparer des programmes d’assistance financière pour soutenir la réforme économique nécessaire dans les pays concernés. Au niveau multilatéral, notre ambition est de promouvoir la coopération entre l’ensemble des pays de la Méditerranée et l’UE». «Nous poursuivons cet objectif en mettant en place des projets communs de coopération dans des secteurs vitaux, comme l’industrie, l’environnement, le transport, et en assurant le financement de projets régionaux», poursuit M. Kourkoulas. «Des conférences sectorielles sont, d’autre part, organisées en présence des ministres des quinze pays de l’UE et des douze pays méditerranéens afin de discuter des moyens de promouvoir la coopération multilatérale. Ce volet multilatéral du partenariat inclut aussi la culture, l’information etc. L’objectif de ce partenariat est de créer une zone de stabilité politique et économique des deux côtés de la Méditerranée». Le cas spécifique du Liban En ce qui concerne le Liban, les relations avec l’UE sont régies jusqu’à présent par l’accord de coopération économique et commerciale conclu entre les deux parties en 1978. «Ce dernier accord était purement commercial, alors que l’accord d’association constitue un saut qualitatif car il implique — à l’instar de la coopération multilatérale — un dialogue politique, en sus de la coopération dans les domaines économique, culturel, et de l’environnement», indique M. Kourkoulas. «L’un des objectifs de l’accord d’association est de parvenir à une élimination progressive des droits de douane. Nous avons prévu à ce propos une période transitoire de douze ans». C’est à ce niveau que se situent les difficultés qui entravent et retardent les négociations entre le Liban et l’UE. Près de 60 pour cent des recettes du Trésor proviennent en effet des recettes douanières. Au stade actuel, le Liban n’est donc pas en mesure d’accélérer l’abolition des barrières douanières avant de restructurer son économie et de prévoir un substitut stable aux recettes douanières. Compte tenu de ce facteur précis, M. Kourkoulas souligne que l’UE préconise de repousser, dans le cas du Liban, la réduction des droits de douane vers la fin de la période transitoire de douze ans, à compter de la signature de l’accord d’association. Parallèlement au volet libanais, où en sont les négociations avec les autres partenaires méditerranéens en vue de la concrétisation du partenariat? «Nous avons déjà signé avec la Tunisie, le Maroc, Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne», précise M. Kourkoulas. «Il reste encore la Syrie, le Liban, l’Egypte et l’Algérie. Les autres pays qui participent à ce partenariat, tels que Chypre, Malte ou la Turquie, ont déjà des accords avec l’UE. Au stade actuel, nous sommes en négociation avec l’Egypte, et l’accord devrait être signé durant le premier semestre de cette année. Les négociations avec la Syrie devraient débuter dans quelques semaines». Le programme MEDA Dans le but de paver la voie à ce projet de partenariat, l’UE a mis en place un programme d’assistance financière, le programme MEDA, afin de soutenir l’effort de restructuration économique des pays méditerranéens, dans la perspective de l’adhésion au partenariat. Ce programme MEDA concrétise une aide financière qui est parallèle aux accords d’association et qui ne s’inscrit donc pas dans le cadre du partenariat. «L’instrument financier de notre politique de partenariat est le programme MEDA, souligne M. Kourkoulas. Ce dernier est prévu pour soutenir l’effort de partenariat en vue de la restructuration économique nécessaire, non seulement pour la mise en œuvre de l’accord d’association, mais également pour le développement économique et l’intégration du pays concerné dans l’économie mondiale. Nous avons mis à cet effet à la disposition des pays méditerranéens près de 4,6 milliards d’écus (5 milliards de dollars) pour soutenir cet effort de restructuration économique». Ce budget a été décidé par le Conseil européen, réuni à Cannes en juin 1995. La part réservée au Liban dans le cadre du programme MEDA est de 115 millions de dollars pour les deux années (1998-1999). M. Kourkoulas précise à ce sujet que l’UE a défini avec le gouvernement libanais trois projets prioritaires: la réhabilitation de l’administration publique (près de 38 millions de dollars); la planification de l’investissement au niveau de la réhabilitation et de la modernisation de l’infrastructure publique, notamment l’énergie, le transport, l’adduction de l’eau, la protection de l’environnement (27 millions de dollars); et les normes industrielles et commerciales (5,5 millions de dollars). Un montant de 32,5 millions de dollars est, d’autre part, prévu comme subvention aux taux d’intérêt des prêts accordés par la Banque Européenne d’Investissement. «Nous sommes à la phase de finalisation de ces projets que nous espérons pouvoir lancer dans les mois à venir, indique M. Kourkoulas. Les contrats pour chacun de ces projets devraient être signés très prochainement avec le CDR». Depuis 1978, date de la conclusion de l’accord commercial avec l’UE, le Liban a bénéficié d’une aide de 616 millions d’écus, soit près de 650 millions de dollars, dont 500 millions de dollars sous forme de prêts et le reste sous forme de dons. «Au cours des prochaines années, nous augmenterons d’une manière substantielle cette aide financière au Liban, souligne M. Kourkoulas. Elle sera multipliée par trois ou par quatre. Au niveau de la planification de l’investissement — l’un des trois objectifs prioritaires définis dans le cadre du programme MEDA — l’apport de l’UE se situe au niveau des phases qui précèdent la construction physique de l’infrastructure. Nous effectuons tout le travail nécessaire pour entamer l’exécution des travaux. Cela englobe les études, la recherche du financement etc. En ce qui concerne le troisième objectif prioritaire, à savoir les normes industrielles et commerciales, il vise à aider les entreprises libanaises à augmenter leur compétitivité en adoptant des normes techniques qui pourraient les aider à accroître leurs exportations et à améliorer la qualité de leur production». Dans l’immédiat, le projet de partenariat euro-méditerranéen se concrétisera pas plus tard que demain, vendredi, par une initiative s’inscrivant dans le cadre du volet de la coopération multilatérale. Une conférence sur la production de l’électricité en Méditerranée se tiendra, en effet, à Beyrouth, à l’hôtel Summerland. Michel TOUMA
En novembre 1995, les Etats membres de l’Union européenne et douze pays riverains du sud de la Méditerranée (Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Chypre, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Turquie, et Autorité palestinienne) adoptaient à l’unanimité, au terme d’une conférence tenue à Barcelone, une Déclaration instaurant le partenariat euro-méditerranéen. Ayant pour...