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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise irakienne : Washington temporise en attendant l'issue des tractations diplomatiques (photos)

La Ligue arabe, la France, la Russie et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, intensifient leurs efforts diplomatiques en vue de désamorcer la crise avec Bagdad avant que les Etats-Unis ne jugent unilatéralement que l’heure a sonné de recourir à la force. Poursuivant hier au Koweit une tournée des alliés arabes de Washington, le secrétaire américain à la Défense, William Cohen, a admis «qu’il faut donner à la diplomatie toutes les chances raisonnables de réussir», mais a estimé que ses chances ont tendance à «s’amenuiser» plutôt qu’à s’accroître. Moscou et Paris, les deux membres permanents du Conseil de Sécurité qui militent activement contre tout recours à la force, préparent un projet de règlement acceptable par l’Irak, en liaison avec la Ligue arabe et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Celui-ci a ajourné une tournée qu’il devait effectuer la semaine prochaine en Israël et dans les pays voisins pour se consacrer entièrement aux efforts de règlement de la crise mais il a démenti avoir, comme l’avait annoncé Boris Eltsine à Rome, hier, l’intention de se rendre prochainement à Bagdad. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Esmat Abdel-Méguid, qui revient de la capitale irakienne, a souligné que les efforts conjugués des Arabes, Russes et Français étaient «sérieux» et que trouver une issue pacifique à la crise était «difficile, mais pas impossible». «Il y a déjà des progrès», a confirmé à Paris le ministre égyptien des Affaires étrangères, Amr Moussa, après avoir rencontré son homologue français, Hubert Védrine. «Nous discutons des modalités. Cela prendra du temps, mais une solution n’est pas impossible», a-t-il confirmé. Le compromis envisagé, qui serait, selon Abdel-Méguid, acceptable par l’Irak, prévoit l’inspection de huit sites dits présidentiels, dont l’accès était refusé à la Commission Spéciale des Nations Unies (UNSCOM), par une équipe dont le président serait personnellement choisi par Kofi Annan. Le président de l’UNSCOM, l’Australien Richard Butler, accusé de partialité par Bagdad, n’en serait que le vice-président, mais l’UNSCOM en tant que telle pourrait avoir accès à une soixantaine d’autres sites où Saddam Hussein est soupçonné de dissimuler des composants d’armements de destruction de masse. Le secrétaire général de la Ligue arabe, qui estime comme Bagdad que l’UNSCOM «n’est pas neutre», a averti les Etats-Unis que «l’usage de la force ne réglera jamais le problème» et qu’ils seraient «responsables» de ce qui pourrait se passer s’ils «négligeaient» le compromis en cours d’élaboration. Inquiétudes William Cohen a estimé pour sa part que c’est Saddam Hussein qui détient «la clé du problème» et qu’il serait, en cas d’échec de la diplomatie, «l’unique responsable des conséquences» — à savoir une action unilatérale de forces aéronavales américano-britanniques qui se renforcent jour après jour dans la région du Golfe. Le Koweit est, avec Bahrein (où Cohen achèvera sa tournée après s’être entre-temps arrêté à Oman, aux Emirats arabes unis et au Qatar, le seul pays arabe disposé à prêter ses bases aux forces américaines pour lancer une éventuelle opération contre l’Irak. L’Arabie Séoudite avait exprimé son opposition à l’option miliaire dimanche, quelques heures avant la venue de Cohen à Djeddah, aussi celui-ci s’est-il vu obligé de préciser que les Etats-Unis «ne les jugent pas nécessaires» à l’opération qu’ils envisagent. Selon Cohen, «il est très clair que tous, dans la région, ressentent la menace» que représente l’arsenal irakien mais, a rappelé Abdel-Méguid, la très grande majorité des pays arabes sont hostiles au recours à la force — l’Egypte, la Tunisie et les Emirats arabes unis l’ont encore fait savoir hier. Pour profiter de ce contexte arabe plus favorable pour lui que lors de la guerre du Golfe de 1991, où Washington avait pu rallier contre Bagdad les armées de plusieurs Etats arabes de poids, l’Irak a dépêché plusieurs émissaires dans les «pays frères. Son ministre des Affaires étrangères Mohamed Saïd Assahaf s’est rendu hier en Syrie. Un vice-premier ministre sillonne le Maghreb et le ministre de la Justice se trouve dans le Golfe. Inquiets de «l’escalade continue entre les Nations Unies et l’Irak et de ses effets négatifs», les ministres des Affaires étrangères des six pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe tiendront demain mercredi à Koweit une réunion extraordinaire. Dans les territoires autonomes, 2.500 Palestiniens sont défilé lundi à Jénine, brandissant des portraits de Saddam Hussein et l’exhortant à frapper Tel-Aviv avec ses missiles Scud et ses armes chimiques supposées. Lors de la guerre du Golfe, en 1991, l’Irak avait tiré une quarantaine de Scud sur le territoire israélien à la grande joie des Palestiniens des territoires occupés. A Bagdad, le ministre de la Défense a estimé que les Irakiens «utiliseront leurs armes de la meilleure façon qui soit» en cas d’attaque américaine, mais le ministre de l’Information a rappelé que son pays était en faveur d’une «solution diplomatique garantissant sa souveraineté et sa sécurité». (Reuters, AFP, SANA)
La Ligue arabe, la France, la Russie et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, intensifient leurs efforts diplomatiques en vue de désamorcer la crise avec Bagdad avant que les Etats-Unis ne jugent unilatéralement que l’heure a sonné de recourir à la force. Poursuivant hier au Koweit une tournée des alliés arabes de Washington, le secrétaire américain à la Défense,...