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Actualités - ANALYSE

La région.. et le pouvoir libanais dans l'attente fébrile de données nouvelles

En dépit des nuances dont Clinton garnit ses avertissements après les admonestations d’Eltsine («une frappe n’est pas inéluctable…tout dépend de Saddam Hussein… »), la menace d’une guerre éclair américaine contre l’Irak embrume beaucoup la région ces temps-ci. A tel point que, comme le note un politicien local, «tout le monde refait très vite ses calculs en fonction de cette option militaire qui, si elle venait à se concrétiser, provoquerait une surchauffe générale, des complications aiguës pouvant modifier en profondeur les données existantes, voire la carte géographique du Proche comme du Moyen-Orient.» «Ici même, insinue ce parlementaire, le pouvoir, pareil à un débiteur qui souhaiterait un cataclysme dévastateur pour échapper à ses créanciers, attend fébrilement la grosse secousse régionale, dans l’espoir de reporter les échéances qui l’attendent: les municipales sans doute, mais surtout la nécessité de trouver les 991 milliards de LL qui doivent financer ses aventureuses surenchères concernant Baalbeck-Hermel, le Akkar et les déplacés de la montagne. Ainsi le malheur des Irakiens, pour effroyable qu’il s’annonce, ferait le bonheur des doux rêveurs qui nous gouvernent et qui s’imaginent, comme la Perrette de La Fontaine, qu’on peut tirer un mirifique profit de la vente du vent ou de la poudre aux yeux…». Après cette tirade saupoudrée d’amertume, ce député rappelle que «le gouvernement espère aussi qu’un gros séisme lui permettrait de cesser de trembler à l’idée qu’il lui faut, à part le mirage des 991 milliards, se colleter avec la dure réalité des fonds qu’il faut assurer pour augmenter les salaires des fonctionnaires. On comprend maintenant pourquoi M. Hariri voulait lancer la campagne des présidentielles dès le mois de septembre dernier: c’est l’astuce qu’il avait trouvée pour sa fuite en avant, et il a dû s’échiner pour en découvrir d’autres quand les décideurs lui ont fait savoir que c’était prématuré. Toujours est-il, poursuit cette personnalité peu indulgente, que des bouleversements du côté de l’Irak permettraient au gouvernement de se retrouver à l’abri d’attaques qui deviendraient évidemment futiles, de se mettre en pré-vacances bien avant les présidentielles de l’automne, de se tourner les pouces et de ne plus rien faire d’autre qu’expédier les affaires courantes. Il n’y aurait plus de projets à lancer et on pourrait même arrêter ceux qui sont déjà en cours. Parallèlement l’opposition se ferait très discrète et ne tenterait plus de bloquer, par exemple, l’emprunt de deux milliards de dollars que le pouvoir veut contracter à l’étranger soi-disant pour alléger la dette intérieure mais en réalité pour essayer de garder le déficit budgétaire dans des limites raisonnables, inférieures aux 59% de l’année écoulée.» «Mais Clinton, poursuit sur le mode sarcastique ce parlementaire, aura-t-il la bonne grâce d’embraser la région, peut-être même le monde, pour ôter une épine du pied à notre dévoué gouvernement? Et ce dernier ne voit-il pas qu’il risquerait de tomber alors, avec tout le pays du reste, dans des problèmes infiniment plus graves que ceux qui se posent actuellement? Si des contrées entières devaient être balayées de la carte, l’entité libanaise, maillon faible de la chaîne, serait une des plus menacées…» Après ces inquiétudes apocalyptiques, la source citée revient à des considérations plus prosaïques pour estimer que «les réticences exprimées de suite au plan dit des 991 par diverses instances chiites font en réalité le jeu même de M. Hariri qui du reste a souligné que ce programme reste conditionné au fond par un nécessaire consensus politique général à son sujet. En effet, il ne voit pas - et nous non plus - comment il peut pratiquement le réaliser. Non seulement par manque de fonds mais aussi par manque de temps, car il ne reste plus, d’ici les présidentielles que sept ou huit mois. De plus, les doutes émis par les pôles chiites paraissent un peu étranges: ils réclament depuis des années un effort spécial pour les régions déshéritées et quand le gouvernement s’y engage, ils le lui reprochent! Il est vrai, conclut cet opposant à la dent dure, que les gens de Taëf n’en sont pas à leur première contradiction…». E. K.
En dépit des nuances dont Clinton garnit ses avertissements après les admonestations d’Eltsine («une frappe n’est pas inéluctable…tout dépend de Saddam Hussein… »), la menace d’une guerre éclair américaine contre l’Irak embrume beaucoup la région ces temps-ci. A tel point que, comme le note un politicien local, «tout le monde refait très vite ses calculs en...