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Actualités - CHRONOLOGIE

Le cheikh rebelle déféré devant la cour de justice Toufayli, une menace pour la sécurité de l'Etat, estime le conseil des ministres

La dernière illusion de cheikh Sobhi Toufayli est tombée hier. S’il conservait encore un espoir sur une issue «honorable»  à son cas, il l’a perdu en entendant les propos du président du Parlement iranien, en visite au Liban. M. Ali Akbar Nategh-Nouri a en effet, clairement déclaré que «l’affaire Toufayli» est purement interne et la République islamique d’Iran ne reconnaît que le Hezbollah. Certes, Toufayli savait, depuis la décision du Hezbollah de l’exclure du parti, que les Iraniens s’étaient totalement désolidarisés de lui. D’autant qu’il y a deux membres iraniens au sein du commandement du Hezbollah. Mais il croyait encore que la communauté chiite, en dépit de ses dissensions, ne permettrait pas qu’un dignitaire religieux, même sorti du rang, soit traîné en justice. La décision du Conseil des ministres est donc tombée hier comme un couperet . Déférer «l’affaire Toufayli» devant la Cour de justice, c’est d’abord considérer que le mouvement du cheikh menace la sécurité de l’Etat et par conséquent doit être traité par la plus haute instance judiciaire du pays. C’est aussi créer une situation irréversible puisque les dossiers transmis à cette instance sont exclus de la loi d’amnistie. C’est enfin fermer la voie à toute négociation et à «tout bazar» au sujet du cas Toufayli. Après certaines rumeurs sur un éventuel compromis qui garantirait le départ de Toufayli pour des contrées plus «clémentes», le Conseil des ministres a voulu ainsi frapper fort pour bien montrer sa détermination à aller jusqu’au bout. Ayant obtenu une couverture régionale, il a choisi d’éliminer politiquement et définitivement le cheikh frondeur, en retirant son cas des mains de la justice militaire, qui avait été au départ mobilisée, pour le confier à un tribunal d’exception qui traite les affaires qui menacent l’ordre public. Rappelons que le dossier de l’assassinat du premier ministre en exercice, Rachid Karamé, avait été aussi au départ examiné par la justice militaire avant que M. Omar Karamé, alors président du Conseil, ne décide de le déférer devant la Cour de justice. Le ministre de la Justice, M. Bahige Tabbarah, doit maintenant nommer incessamment un juge qui instruira l’affaire Toufayli. Ensuite, le dossier déjà établi par le Parquet militaire et particulièrement par le commissaire du gouvernement, M. Nasri Lahoud, sera transmis au procureur près la Cour de justice, M. Adnane Addoum, qui décidera, à sa lecture, d’engager ou non des poursuites contre les 22 partisans du cheikh et contre le cheikh lui-même comme l’a fait M. Lahoud. Selon des sources judiciaires, il serait hautement improbable que M. Addoum n’entérine pas les conclusions de M. Lahoud, vu qu’il est déjà au courant d’une grande partie de l’enquête. Le dossier, avec les notes du procureur Addoum, sera ensuite remis au juge d’instruction, qui, à son tour, émettra, si nécessaire, des mandats d’arrêt. Officiellement, il s’agira pour lui d’enquêter sur ce qui s’est passé le vendredi 30 janvier à l’école religieuse du Hezbollah à Baalbeck et sur la mobilisation des partisans du cheikh qui s’en est suivie. On se souvient, en effet, que vers 17 heures, ce fameux vendredi, cheikh Toufayli, accompagné d’une cinquantaine d’hommes armés, a investi les locaux de l’école religieuse et en a chassé les partisans du Hezbollah. Il a été aussitôt encerclé par les soldats de l’armée, en charge de la sécurité dans la région. En dépit des injonctions de la troupe, le cheikh et ses hommes ont refusé de vider les lieux et des combats ont éclaté faisant huit victimes: un officier, un sergent et un soldat du côté de l’armée, quatre hommes du côté du cheikh, et une femme qui se trouvait dans les parages. Le cheikh a pu s’enfuir dans le jurd avec un grand nombre de ses partisans. Et bien qu’errant dans les collines entourant Brital, il a publié un communiqué dans lequel il a rendu un vibrant hommage à l’armée et il a précisé qu’il n’avait pas voulu investir l’école, mais simplement l’inspecter... Avec 50 hommes armés, c’est une drôle d’inspection. De toute façon, le cheikh et ses hommes (dont plus d’une vingtaine sont actuellement arrêtés) devront désormais raconter leur version des faits au juge d’instruction. Ce dernier décidera, à la fin de son enquête, si oui ou non, ils formaient réellement une bande armée, menaçant l’ordre public. Il publiera alors son acte d’accusation, sur base duquel les inculpés comparaîtront devant la cour de justice. cheikh Toufayli et ses partisans ont beau laissé entendre que, ce fameux vendredi, une tierce partie a tiré sur la troupe afin de provoquer des affrontements entre les deux parties, cela ne sera apparemment pas suffisant pour convaincre les autorités judiciaires, qui savent pourtant que cette affaire sera loin d’être facile, en raison notamment de ses implications politiques et religieuses. Selon ceux qui le connaissent, cheikh Toufayli ne se laissera pas capturer facilement. Il espère encore pouvoir rester en liberté dans ses montagnes, quitte à faire l’objet d’une condamnation par contumace, comme le Palestinien Abou Mahjane, dans un passé récent. Toutefois, la situation pour lui est d’autant plus difficile qu’aucun Etat ayant de bonnes relations avec le Liban ne peut lui donner asile, puisqu’il est recherché par la Justice libanaise et qu’il doit être jugé. Lui qui espérait devenir le grand leader de la Békaa et relancer à partir de cette région une sorte de «néo-Hezbollah» belliqueux, comme au temps où il en était le secrétaire général, n’est plus qu’un homme en fuite. Et si, aujourd’hui, dans la région de Baalbeck, ses hommes sont encore sous le choc et continuent à l’entourer, beaucoup de parties se préparent déjà à récupérer «son héritage» social et humain. Scarlett HADDAD S.H.
La dernière illusion de cheikh Sobhi Toufayli est tombée hier. S’il conservait encore un espoir sur une issue «honorable»  à son cas, il l’a perdu en entendant les propos du président du Parlement iranien, en visite au Liban. M. Ali Akbar Nategh-Nouri a en effet, clairement déclaré que «l’affaire Toufayli» est purement interne et la République islamique d’Iran ne...