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Actualités - OPINION

Carnet de route Mais que vient faire Chirac là-dedans?

Pourquoi bous-je? C’est vrai, souvent, à la fin des fins, je bous, littéralement. Pas tant à cause des bouses municipales où s’enfoncent mes mocassins, ni des bouseux en tous genres qui infestent le milieu ambiant — bouseux pédants, bouseux du tout venant, bouseux à prétention artistique et en voulez-vous, en voilà —, pas tant non plus à cause des bousiers que les écolos libanais n’ont pas encore inscrits au chapitre excrémentiel de la nocivité, pas non plus des bourdes que la francophonie met en travers de ma route (on en avait à peine fini avec l’obligation de parler «télécopieur» pour parler «fax», qu’on nous intime de remplacer l’«E-mail» par le «mél», au grand scandale des Français de France, ceux qui en sont pourvus du moins, et qui prononcent à l’américaine, comme tout le monde, bref), pourquoi donc bous-je quand je bous? Peut-être d’avoir remisé un nomadisme constituant pour me planter dans un sol sans puits? Je suis de mauvaise foi sans doute, mais de savoir que le nom lui-même du pays où l’on s’est posé est contesté («Mont Liban», «Grand Liban» et toujours pour d’autres «Grande Syrie») sauf à l’ONU, on peut se permettre de flirter avec le vertige. Exit le bouilli. * * * Comme j’ai failli verser dans le politique, je me sauve vers la culture. Un Libanais (1), dont nous reparlerons, après s’être épuisé à établir l’édition des «Mémoires de Casanova» dans l’indispensable et, physiquement, si fragile collection de la «Pléiade» (Gallimard), avait éprouvé le besoin d’écrire, ensuite, un attachant essai, «Casanova ou la dissipation». Il y disait, entre autres, de son homme, que «pour lui, la culture était une forme supérieure du tourisme». Quelle plus agréable, sinon plus orthodoxe définition de la culture pourraient élire ceux qui ont suivi le chemin de leur plaisir pour constituer leur panthéon intime? * * * Quand donc sera-t-il mis fin à l’exclusion cléricale dont est frappé — tout ça dans le non-dit — le père Paul Khoury, privé d’enseignement (son gagne-pain de séculier melkite) par les desseins impénétrables de la hiérarchie catholique du Liban? Pour avoir été, au début des années soixante-dix, l’inspirateur, l’âme damnée ou le «père Joseph», comme on voudra, du père Grégoire Haddad, ce très brillant philosophe dont on ne compte pas les ouvrages sur la pensée arabe contemporaine, les rapports entre islam et christianisme et les œuvres proprement philosophiques subit, depuis, un boycott corporatiste des curés du Liban où il vit, égal aux honneurs qu’on lui accorde en Europe. Paul Khoury n’est pas à plaindre, il travaille, dans le calme, et ses travaux, comme ceux de tous les chercheurs, sont aussi exhaustifs que non rémunérateurs. Et il pousse son engagement intellectuel jusqu’au bout, comme il l’a toujours fait. Il n’était «révolutionnaire» que par rapport à l’archaïsme d’une hiérarchie locale qui avait même du mal à assimiler Jean XXIII. C’était pour donner un exemple, entre autres, du degré de sottise ou de la vengeance auquel atteint le clergé catholique libanais. Il ne sera pas mis fin à l’exclusion dont est frappé Paul Khoury. Et qu’importe, puisque le monde arabe et les universités européennes bénéficient mieux de ses travaux maintenant que, privé d’activités rémunératrices, il les fait bénéficier, en difficile gratuité, des développements de sa pensée et de sa recherche. Il faudrait peut-être réserver sa compassion à Grégoire Haddad, dont une interview récente exprimait une perte singulière de repères. Ce que personne n’est en droit de lui reprocher. Sauf que le désarroi ne se confie pas n’importe comment, n’importe où, quand on a, comme il disait l’avoir autrefois, le souci et le sens de la pastorale. Il est vrai qu’il n’a plus de brebis, puisqu’il a quitté le siècle. Pour lequel il s’est toujours révélé si doué. * * * Du coq-à-l’âne. Séguin n’a pas pu rééditer l’exploit de ce dimanche lointain de 1976 qui vit la fondation du RPR par un Chirac plébiscité. On aime beaucoup Séguin. Mais la création du RPR par Chirac, s’il fut une tout petite trahison, est désormais un mythe (dans le sens «positif» du mot) dont le dieu bien incarné est l’actuel président de la République française. Qui l’eût dit? Tous ceux qui ont suivi attentivement le parcours impétueux du Corrézien depuis la mort de Pompidou, au-delà de la couveuse Garraud-Juillet et du pauvre Juppé-la gaffe. Amal NACCACHE (1) Robert Abirached, normalien, professeur, ancien critique de théâtre dans un des meilleurs hebdomadaires français, directeur des théâtres de France du temps où Jack Lang présidait à la culture mitterrandienne, actuellement professeur d’université, sollicité aujourd’hui pour une pièce de théâtre sur Casanova. Je n’ai fait que le croiser au cours des années, je le précise pour éviter les accusations de copinage si je me demande pourquoi on ne l’invite jamais au Liban où le théâtre vit tant de problèmes. Et où, peut-être, il aimerait venir si on le lui demandait. Non?
Pourquoi bous-je? C’est vrai, souvent, à la fin des fins, je bous, littéralement. Pas tant à cause des bouses municipales où s’enfoncent mes mocassins, ni des bouseux en tous genres qui infestent le milieu ambiant — bouseux pédants, bouseux du tout venant, bouseux à prétention artistique et en voulez-vous, en voilà —, pas tant non plus à cause des bousiers que les...