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Actualités - ANALYSE

Sus à Toufayli .. dans une surprenante unanimité !

Cheikh Sobhi Toufayli a certainement outrepassé les fameuses «lignes rouges» (évidemment, on ne parle pas là des limites fixées par la loi…) sans quoi il ne serait pas aujourd’hui un homme aux abois. On n’ose pas écrire «traqué», car cela va si vite qu’il est bien possible qu’au moment où ces lignes sont rédigées, il soit ou bien pris ou bien solidement à l’abri, protégé par ceux-là mêmes qui lui ont fait taper sur les doigts parce qu’il avait été trop loin et qui peut-être voudraient un jour s’en resservir… En tout cas «haro sur le baudet», sur l’homme à terre. Aujourd’hui tout le monde ou presque, opposants compris, s’empresse de démontrer combien il a eu tort. «Il a voulu, dit un parlementaire de la Békaa peu suspect de sympathie pour le gouvernement, exploiter à des fins politiques personnelles la cause bien réelle des déshérités de sa région. Naturellement son mouvement, qui s’adressait à une masse compacte en traitant de thèmes socio-économiques aigus voire vitaux, a vite gagné en popularité. Cependant la mobilisation a tout aussi rapidement visé non plus la satisfaction effective de revendications légitimes mais la consécration du phénomène Toufayli en tant qu’équation nouvelle sur la scène politique locale. Autrement dit le cheikh a voulu engager une action le menant soit à devenir un leader national de l’envergure, disons, d’un Berry; soit à régir tout seul une contrée devenue pratiquement autonome et qui ne serait plus rattachée que de nom à l’entité libanaise.» «Initialement, poursuit ce décodeur, Toufayli a fait montre d’un certain flair politique. Il a compris que l’étoile de Hariri était désormais descendante et il a axé ses attaques sur cette cible privilégiée. Il répondait ainsi aux sourds souhaits de nombreux chiites qui pensent grosso modo que leur communauté sort de la guerre presque aussi «désavantagée» politiquement que les chrétiens, par rapport aux sunnites. Et c’est en partie parce qu’il a dévié de cette ligne, en finissant par se mettre à dos le Hezbollah qui est lui-même défenseur de valeurs chères aux chiites, qu’il a fini par couler. Autre élément tout à fait essentiel dans sa défaite: Toufayli a oublié que l’armée, qu’il avait pourtant accueillie avec la prudence voulue, doit toujours être ménagée car n’étant pas politisée elle ne se prête pas aux compromissions et reste le vrai bouclier d’une autorité étatique assez discréditée par les pratiques du pouvoir politique». Troubles souhaits «Ainsi, poursuit cette personnalité bekayote, ce même pouvoir aurait évidemment souhaité que dès son entrée en scène l’armée démantelât le «Mouvement des affamés» de Toufayli; mais elle n’en a rien fait car elle sert l’Etat et non les dirigeants. Sa mission, telle qu’elle l’entendait, était donc de maintenir l’ordre, non de réprimer une quelconque opposition pour faire le jeu des gouvernants, et si Toufayli n’avait pas provoqué de troubles il serait encore en selle. La Troupe a respecté la population depuis son entrée dans la région, tout en refusant d’entrer dans le jeu des bazars politiques et d’engager des «négociations» avec les rebelles comme le voulaient certains pôles. Toufayli prenant les armes et se trouvant sur le point d’en découdre avec le Hezbollah, il a fallu trancher dans le vif, avant que la situation ne dégénère en affrontements revêtant fatalement dans cette région un aspect tribal et donnant une vendetta sans fin». «Du reste, affirme cette source, Toufayli a reçu maints avertissements préalables, mille fois les cadres présents sur le terrain l’ont mis en garde contre tout débordement. Il n’a pas voulu en tenir compte, c’est son affaire et personne ne peut dire qu’il a été pris en traître ou piégé. D’autant qu’à notre connaissance même les décideurs ont été indisposés par son extravagante décision d’interdire l’accès de Baalbeck-Hermel aux ministres et aux députés, mesure que sous leur pression il avait dû en définitive annuler. Mais après la Journée de Jérusalem, et après la rupture avec le Hezbollah qui lui a coupé les vivres, le cheikh rouge a cru habile de se lancer dans les surenchères au point de chercher à s’implanter solidement dans la banlieue sud de Beyrouth. Il a sans doute omis de consulter «qui de droit», ce qui est en soi suffisant pour une condamnation sans appel. A quoi il faut ajouter que la banlieue sud est un cas stratégique tout à fait différent, une cour où n’importe qui ne peut pas jouer car elle touche de près à la capitale et se trouve par là bien plus reliée que le Hermel au dossier régional.Autrement dit il n’est pas certain que même si les décideurs l’y avaient autorisé, Toufayli aurait pu s’y introduire sans l’aval de la République islamique dont le Hezbollah se réclame. Et tout compte fait on a sans doute sacrifié le cheikh sur l’autel de l’ indéfectible alliance entre les décideurs et cette république». Comme quoi il est rare qu’au Liban les événements échappent aux considérations extérieures.
Cheikh Sobhi Toufayli a certainement outrepassé les fameuses «lignes rouges» (évidemment, on ne parle pas là des limites fixées par la loi…) sans quoi il ne serait pas aujourd’hui un homme aux abois. On n’ose pas écrire «traqué», car cela va si vite qu’il est bien possible qu’au moment où ces lignes sont rédigées, il soit ou bien pris ou bien solidement à...