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Actualités - CHRONOLOGIE

La révolte des affamés dégènère en heurts avec l'armée Réfugié dans le Jurd de Brital, Toufayli est recherché pour atteinte à l'ordre public et meurtre de militaires et de civils (photos)

En occupant vendredi, en milieu de journée, avec près de deux cents de ses partisans armés, l’école religieuse («Al Haouza al-Ilmiya») du Hezbollah, au voisinage immédiat de la caserne «Cheikh Abdallah» de l’armée, cheikh Sobhi Toufayli est-il passé de la «désobéissance civile» à l’«insurrection armée»? Toujours est-il que cette occupation a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, et conduit aux affrontements entre des unités de l’armée et des partisans de cheikh Sobhi Toufayli retranchés à l’intérieur de l’école. Ces affrontements ont fait rage, durant une partie de la nuit de vendredi à samedi. Des armes automatiques légères et lourdes, ainsi que des mortiers, ont été utilisées au cours de ces heurts, qui se sont poursuivis à la lumière des fusées éclairantes, tandis que la ville de Baalbeck et les environs étaient plongés dans le noir par des pannes de courant. A l’aube, à l’expiration d’un ultimatum lancé par l’armée, des unités de commandos disposant de blindés ont donné l’assaut à l’école et occupé les lieux, tandis que cheikh Sobhi Toufayli prenait la direction de Brital, à 12 km au sud de Baalbeck, en compagnie d’une centaine de fidèles. Un calme relatif était revenu hier dans la région, mais la situation y demeurait extrêmement tendue. L’armée a demantelé samedi la radio de cheikh Sobhi Toufayli, à Douris, qui continuait d’émettre en dépit d’une décision du gouvernement ordonnant sa fermeture. L’équipement de la radio a été confisqué par l’armée. Celle-ci a également perquisitionné au domicile de l’ancien secrétaire du Hezbollah, dont un coin a été détruit, tandis que la Défense civile de Baalbeck intervenait pour maîtriser un incendie qui y a éclaté. D’importantes quantités d’armes et de munitions ont été saisies sur les lieux, a précisé l’armée. Pour la population civile, la situation équivalait à un véritable couvre-feu. Un communiqué officiel recommandant à la population de ne se déplacer qu’en cas d’urgence, et d’emprunter uniquement la route principale de Brital «compte tenu de la poursuite des opérations» a été diffusé. Par ailleurs, tous les permis de port d’armes ont été suspendus dans le caza. Bilan Les affrontements de vendredi ont fait huit morts, trois militaires et cinq civils, dont l’ancien député Khodr Tleiss, et une cinquantaine de blessés. Les militaires tués sont le lieuntenant Jean Wehbé (30 ans, né à Aana, dans la Békaa-Ouest, célibataire), le sergent Abdo Hussein Hajje (36 ans, né à Fakha, caza de Baalbeck, marié sans enfants) et le soldat Nicolas Sélim Rizk (31 ans, né à Kaa, dans le caza de Baalbeck) célibataire. Deux des militaires ont été tués dans les affrontements près de l’école religieuse, tandis que le troisième était tué à un barrage près du village d’Al-Aïn, par des tirs dirigés contre ce poste. Deux femmes figurent parmi les tuées: Chahira Moussa, atteinte par une balle perdue, et Halimé Choumane. Arrestations Par ailleurs, l’armée a annoncé avoir procédé à quatorze arrestations, dont celle de cheikh Ali Effi, qui dirigeait l’école religieuse occupée. Ce dernier a toutefois été laissé libre. Un communiqué militaire a par ailleurs annoncé qu’une vaste opération de ratissage était en cours pour retrouver ceux que se sont «échappés» de l’école religieuse, et dont une partie a pris la direction du «jurd» de Brital. L’armée a par ailleurs sommé les partisans de cheikh Sobhi Toufayli d’évacuer toutes les permanences qui relèvent de ce dernier, notamment celles qui se trouvent dans la région de Beyrouth. Obsèques de Tleiss Grâce à un accord spécial, le convoi funèbre de l’ancien député Khodr Tleiss tué vendredi a pu pénétrer hier à l’intérieur de Brital, tandis que des centaines de partisans de cheikh Toufayli scandaient des slogans hostiles aux présidents Elias Hraoui et Rafic Hariri, ainsi qu’au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Des représentants du parti Baas et du mouvement Amal, ainsi que de cheikh Mohammed Hussein Fadlallah, ont participé aux funérailles. L’armée a autorisé l’enterrement à Brital à la suite d’une réunion entre des officiers libanais et syriens, et une délégation de notables de la localité de Brital, après des contacts entre le président de l’Assemblée Nabih Berry avec le ministre syrien de la Défense, le général Moustapha Tlass, a précisé l’agence nationale d’information (ANI-officielle). Poursuites judiciaires contre Toufayli Sur un autre plan, Cheikh Sobhi Toufayli fait l’objet, depuis samedi, de poursuites judiciaires. Le parquet militaire a publié un communiqué annonçant qu’«à la suite de l’agression dirigée contre la paix civile et les forces de sécurité dans la région de Aïn Bourday, Baalbeck et ces environs, le parquet militaire a chargé les services de sécurité concernés de la mission de retrouver cheikh Sobhi Toufayli et les autres instigateurs et exécutants qui, le vendredi 30 janvier, et en différents lieux, ont formé des groupes armés dans l’intention de s’en prendre aux autorités civiles et militaires, ont coupé les routes et tiré à l’aide d’armes légères et lourdes sur les forces chargées de consolider la sécurité et de rétablir la paix civile et le calme dans la région, faisant des mort et des blessés civils et militaires. Ces agissements tombent sous le coup des articles 335,549 et 549/301 du Code pénal, et 72 de la loi sur les armes à feu amendée. Le parquet a demandé que les personnes recherchées lui soient livrées dès qu’elles auront été retrouvées. Le commissaire du gouvernement adjoint près le tribunal militaire, M. Maged Mouzaïhem, a été délégué sur place pour une enquête préliminaire au sujet des incidents mentionnés». Dans des communiqués ultérieurs, les charges pesant sur cheikh Toufayli ont été résumées à trois: formation de groupe armé, atteinte à l’ordre public et meurtre de militaires et de civils. Dégâts Les dégâts provoqués par les affrontements de vendredi sont particulièrement lourds. Outre l’école religieuse, dont une partie de la façade a été éventrée, des dizaines de voitures à l’arrêt situées au voisinage des lieux, ont été partiellement ou totalement détruites. On compte aussi un domicile complètement incendié, et des dégâts dans le bâtiment de l’International College. Les vitres de dizaines de domiciles situés dans les environs ont volé en éclats, tandis qu’un obus s’abattait dans la chambre à coucher du directeur de l’usine de production électrique de Baalbeck Faouzi Toufayli, dont la famille a échappé par miracle à la mort. Communiqués Les affrontements de vendredi ont donné lieu à une série de communiqués et de mises au point. Ainsi, un communiqué signé par «les habitants de Brital et les tribus de Baalbeck-Hermel» a remercié ceux qui ont participé aux obsèques de l’ancien député Khodr Tleiss, et affirmé que «la balle qui a tué cheikh Tleiss est la même qui a tué l’officier Wehbé», une façon d’accuser une tierce partie d’avoir provoqué les affrontements en tirant sur les protagonistes des combats. La famille de l’une des victimes des affrontements de vendredi, Ali Hassan Hamiyé (55 ans), présenté comme l’un des membres du conseil des notables de cheikh Toufayli, a fait paraître une mise au point affirmant que la victime «est un simple agriculteur, père de sept enfants, sans liens avec cheikh Toufayli, et qu’il se trouvait à la porte de l’école religieuse, essayant de convaincre certains jeunes de renoncer à provoquer une discorde, quand il a été atteint». Cités par l’ANI (officielle), tout en se solidarisant avec les revendications exprimées par la «révolte des affamés» de cheikh Sobhi Toufayli, trois membres du conseil des notables, Eid Matar, Akram Mehanna et Diab Chahine (Hermel), se sont déclaré «hostiles à ses méthodes, qui ont conduit à troubler l’ordre public et à menacer la paix civile». Enfin, dans les milieux proches de Yarzé, on affirmait que l’opération de vendredi a été rendue nécessaire, par crainte d’éventuels affrontements entre le Hezbollah et les partisans de cheikh Touyfayli. Ces mêmes milieux assuraient que le plus important, c’est-à-dire la neutralisation du chef de la «révolte des affamés», cantonné désormais dans le «jurd» de Brital, est fait. Un assaut de Brital par les unités de l’armée est exclu, ajoutait-on.
En occupant vendredi, en milieu de journée, avec près de deux cents de ses partisans armés, l’école religieuse («Al Haouza al-Ilmiya») du Hezbollah, au voisinage immédiat de la caserne «Cheikh Abdallah» de l’armée, cheikh Sobhi Toufayli est-il passé de la «désobéissance civile» à l’«insurrection armée»? Toujours est-il que cette occupation a été...