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Actualités - ANALYSE

Une trêve des confiseurs tout à fait opportune..

La plupart des observateurs estiment que la présente période est dévolue sur le plan politique intérieur à une trêve de bon aloi, pour les fêtes et pour se reposer de la sueur versée lors du long débat parlementaire sur le budget étalé sur deux semaines… Un débat dont l’issue n’a pas dû beaucoup plaire au chef du gouvernement qui comptait sur 90 voix et en a eu bien moins. Le pire c’est qu’il y a eu des ministres, et leurs hommes, qui ont voté contre ou se sont abstenus, ce qui revient à peu près au même. M. Hariri misait sur un plébiscite qu’il aurait pu présenter comme un vote de confiance et c’est l’opposition qui remporte la victoire morale, même si son score ( 21 «non») reste apparemment modeste. On ne doit pas oublier en effet deux éléments essentiels: la Chambre est tenue d’approuver la loi des finances sous peine de dissolution, et les décideurs ont ordonné de ne pas faire de vagues, de ne pas provoquer de crise ouverte... Mais la différence avec l’exercice 97 est sensible: il y a un an, c’est par 103 suffrages que le gouvernement emportait le morceau. Les loyalistes ont eu beau plaider auprès des ministres réfractaires la nécessité de préserver la cohésion gouvernementale, ils n’ont pas réussi à les faire renoncer à leur bouderie. Et le comportement négatif de M. Sleiman Frangié ou de M. Walid Joumblatt, leader d’envergure qui a fait acte d’absence en même temps que les députés de son groupe, a certainement beaucoup compté dans cette demi-déroute haririenne. Il faut sans doute voir également dans ces incidences un effet de la sourde lutte d’influence engagée par tous les pôles à l’occasion des prochaines présidentielles, chacun cherchant à améliorer ses positions tout en affaiblissant le vis-à-vis. Mais il reste certain que le facteur qui a le plus joué, du moment que l’on parlait budget, a été la flagrante mauvaise gestion financière qui conduit ce pays sinon à la ruine du moins à accroître considérablement son endettement en tentant de se procurer deux milliards de dollars au dehors. Paradoxalement ou par une sorte de retour de boomerang, cet afflux d’argent frais potentiel, ajouté aux 600 millions de dollars prodigués par le bon ami séoudien pour soutenir la livre, risque de coûter à M. Rafic Hariri sa prééminence. Et de l’empêcher peut-être de se succéder encore une fois à lui-même, après la mise en place d’un nouveau régime à la fin de l’année en cours, pour la bonne raison qu’il n’apparaîtrait plus comme une pièce tout à fait indispensable pour la défense de la monnaie nationale, son point fort jusqu’à présent. Mais il est aussi prématuré d’évoquer cette éventualité que de faire des pronostics sur les présidentielles, bien qu’à ce niveau les passes d’armes mouchetées se multiplient en coulisses, malgré le mot d’ordre de retenue lancé là aussi par les décideurs qui ne veulent pas d’une campagne électorale anticipée. Toujours est-il qu’un ministre récalcitrant confie en privé que s’il a enfreint la discipline ministérielle en s’abstenant lors du vote sur le budget «c’est parce que dans les moments où M. Hariri a besoin de nous, il nous fait des promesses qu’il oublie quand il est tiré d’affaire, écartant nos projets pour favoriser ceux de nos collègues qui appartiennent à son entourage». Une excuse qui ravit l’opposition qui en profite pour mettre dans le même sac, comme persifle l’un de ses chefs de file, «un président du Conseil qui ne sait même pas tenir ses troupes et des ministres indisciplinés qui ruent dans les brancards sans avoir le vrai courage de leurs opinions, c’est-à-dire de démissionner...» Ce à quoi les intéressés répondent par l’argument classique: dans un gouvernement édifié en base d’un consensus politique, autrement dit de bric et de broc, il est normal que les membres ne soient pas d’accord entre eux et il est légitime qu’ils prennent le droit de s’exprimer, tout en restant au pouvoir pour tenter d’en corriger la trajectoire... Ph.A.-A.
La plupart des observateurs estiment que la présente période est dévolue sur le plan politique intérieur à une trêve de bon aloi, pour les fêtes et pour se reposer de la sueur versée lors du long débat parlementaire sur le budget étalé sur deux semaines… Un débat dont l’issue n’a pas dû beaucoup plaire au chef du gouvernement qui comptait sur 90 voix et en a eu bien...