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Actualités - CHRONOLOGIE

La mise en cause de Dumas devient une affaire d'Etat

enquêteurs ont entrepris hier d’éplucher les comptes bancaires de Roland Dumas, qui se retrouve dans les mailles de la justice pour un scandale de pots-de-vin devenu une affaire d’Etat sans précédent. Les perquisitions se succèdent depuis mardi, visant M. Dumas, président du Conseil constitutionnel, et à ce titre gardien suprême de la loi, dans le cadre de l’enquête à tiroirs sur le groupe pétrolier Elf. Très médiatisées, ces opérations ont eu lieu à Paris au domicile de M. Dumas, cinquième personnage de la République, à son bureau privé d’avocat, au Conseil constitutionnel ainsi que dans une résidence à Saint-Selve, dans le sud-ouest. Deux célèbres juges anticorruption Eva Joly et Laurence Vichnievsky, en charge de dossiers hyper-sensibles, comme Elf, ont ordonné ces perquisitions qui éclaboussent un homme qui fut deux fois le chef de la diplomatie française. Ami du défunt président François Mitterrand, avec lequel il a partagé une longue complicité, M. Dumas, 75 ans, fut ministre des Affaires étrangères de 1984 à 1986, et de 1988 à mars 1993. Ni mis en examen, ni même encore auditionné par ces deux magistrates, il n’a fait aucune déclaration. La presse a constaté que les policiers ont emporté plusieurs caisses de documents à l’issue des perquisitions. «Normal» La ministre de la Justice Elizabeth Guigou a estimé mercredi «normal que les juges développent leurs investigations», alors que le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement a déploré «une médiatisation excessive». C’est dans le cadre d’un des volets annexes de l’affaire Elf, concernant la vente à Taïwan en 1991 de six frégates militaires dans des circonstances diplomatico-financières controversées, que M. Dumas se retrouve inquiété. Une de ses proches amies, et ex-collaboratrice, Christine Deviers-Joncour, est incarcérée depuis deux mois pour avoir perçu une énorme commission occulte de 45 M de FF (7,6 M USD), via un réseau d’intermédiaires abrité par Elf. Trois autres personnes, dont un ex-directeur d’Elf, Alfred Sirven, en fuite, un homme d’affaires de Hong Kong, Edmond Kwan et Gilbert Miara, un «intermédiaire» sont les noms cités dans cette affaire. Après la vente par Thomson-CSF des frégates, les juges avaient soupçonné ce réseau d’avoir tenté de soutirer 150 M de FF (25 M USD) au groupe français pour jouer les intermédiaires auprès de Pékin, furieux de ce marché. En ce qui concerne M. Dumas, deux faits intriguent les enquêteurs, selon le quotidien «Le Monde», très en pointe sur cette l’affaire: son évolution sur ce contrat quand il était au Quai d’Orsay, et d’importants mouvements sur l’un de ses comptes bancaires. Au début hostile à la vente des frégates, par crainte de froisser Pékin, M. Dumas avait progressivement changé d’opinion jusqu’au feu vert du gouvernement socialiste d’alors à un contrat portant de 14,6 mds de FF (2,4 mds USD). Les enquêteurs cherchent aussi à vérifier l’origine de mouvements de fonds — en espèces, en chèques ou virements — de près de 10 M de FF (1,6 M USD) entre 1991 et 1992 sur un compte bancaire de Dumas, affirme «Le Monde». Certains de ses dépôts en liquide auraient été effectués par une femme, à l’identité non connue, qui dispose d’un compte dans la même agence bancaire et disposant de la signature sur le compte de M. Dumas. A la «une» mercredi de grands quotidiens, comme «Le Monde» et «Libération», et de l’hebdomadaire «L’Express», l’affaire Dumas est présentée comme une «affaire d’Etat». «C’est peut-être l’un des plus gros scandales de la Ve République qui est peut-être en train de naître», estime «L’Express».
enquêteurs ont entrepris hier d’éplucher les comptes bancaires de Roland Dumas, qui se retrouve dans les mailles de la justice pour un scandale de pots-de-vin devenu une affaire d’Etat sans précédent. Les perquisitions se succèdent depuis mardi, visant M. Dumas, président du Conseil constitutionnel, et à ce titre gardien suprême de la loi, dans le cadre de l’enquête à...