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Actualités - ANALYSE

Le gouvernement sauvé par le Gong ? Oui, mais aussi par l'arbitre ...

Encore une fois le gouvernement, fortement égratigné, voire écharpé à la Chambre, s’en sort in extremis. Sauvé dira-t-on par le gong, c’est-à-dire par cette disposition de la Constitution qui oblige la Chambre à voter le budget de l’Etat sous peine de dissolution. Mais aussi, mais surtout, par la décision de l’arbitre suprême qui avant même le combat avait intimé aux députés un sévère «ne-touche-pas-à-mon-pote», comme disent les antiracistes français… Autrement, il n’est pas impossible que les parlementaires, entraînés par quelques casse-cou, eussent été tentés par une épreuve de force «jusqu’au bout et quoi qu’il arrive» avec un Exécutif affaibli et qui se trouve de surcroît en bout de course, devant expirer avec le régime dans quelques mois… Les décideurs, réalisant ce risque, ont donc pris les devants et imposé le scénario prévisible, de la tragi-comédie classique que l’on sait et que l’on a vu se dérouler encore une fois sur le petit écran (de fumée): des débats tendus à travers lesquels la majorité écrasante des députés démolit à tour de bras le gouvernement, pour voter en fin de compte son projet avec la même ferveur… Ainsi protégé, le Cabinet s’est contenté de répondre, avec une moue de gosse, aux accusations très précises portées contre lui par un vague «tout-cela-n’est-pas-vrai», sans présenter de contre-chiffres convaincants. L’opinion a pu le constater de visu et «de audio» si l’on peut dire: le chef du gouvernement et les ministres ont éludé la plupart des questions pointues que les parlementaires leur ont posées, limitant leurs réponses à des généralités sans grande signification et parfois sans prise aucune avec les réalités du pays. L’opinion a largement suivi le spectacle télévisé, a été déroutée par le laconisme gouvernemental et l’on entend souvent des commentaires de braves gens qui n’ont pas bien compris les questions parlementaires, techniques par définition puisqu’il s’agit de budget, du moment que les réponses ministérielles n’avaient rien d’éclairant et qui, en gros, ne voient pas «où est la vérité dans tout cela». Ainsi on est pour ou contre l’emprunt des deux milliards de dollars au pif comme on dit familièrement, au jugé, en se fiant à la bonne mine des uns ou des autres. La promesse d’un argent aussi facile séduit, mais les avertissements des opposants font également beaucoup d’effet car le bon peuple, échaudé par tant de fausses promesses comme par les scandales, a appris à se méfier… L’opposition pour sa part, bien que majoritairement résignée devant le diktat, s’insurge contre «l’exploitation abusive que le gouvernement fait de ce bouclier inespéré, en posant à celui qui a absolument raison et refuse de prendre en compte les moindres remarques pour évidentes qu’elles soient. C’est vrai que le pouvoir est intouchable, inamovible mais il devrait s’en montrer humble comme doit l’être tout bénéficiaire d’une grâce, non parader la tête haute comme il le fait». Ce sont là toutefois des considérations psycho-littéraires qui reflètent une amertume, une frustration déterminées elles-mêmes sans rapport avec les réalités pratiques du moment, surtout sur le plan économique. On voit dès lors que tout le monde sans exception, ou presque, s’égare dans la bataille, une fois que les dés sont pipés et le jeu dénaturé. Il en découle un débat non seulement faussé mais complètement stérile, débouchant sur une sorte de consensus quasi honteux qui n’avoue même pas son nom: le budget est voté sur la base de priorités que les députés rejettent mais auxquelles ils n’apportent que quelques retouches de pure forme… Quand le but pour chacun est simplement de s’en sortir avec la face sauve, le match est nul. Si nul qu’on se demande si cela valait la peine d’organiser un tel simulacre. Ph. A-A.
Encore une fois le gouvernement, fortement égratigné, voire écharpé à la Chambre, s’en sort in extremis. Sauvé dira-t-on par le gong, c’est-à-dire par cette disposition de la Constitution qui oblige la Chambre à voter le budget de l’Etat sous peine de dissolution. Mais aussi, mais surtout, par la décision de l’arbitre suprême qui avant même le combat avait intimé...