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Actualités - ANALYSE

Les haririens veulent exploiter le vote favorable..

Fini, le marteau qui tapait en rafale comme du temps de Sabri Hamadé, tous les articles du budget «approuvés à l’unanimité» en moins de cinq minutes, «enlevez, c’est pesé»… Non, sous la férule de Nabih Berry, et sur l’insistance de l’opposition, c’est pied à pied que le gouvernement a dû livrer bataille Place de l’Etoile pour défendre son projet. Chaque article a été en effet longuement discuté (avec même des fois des digressions extravagantes que le speaker a dû juguler) avant d’être voté. Mais les haririens n’en sont pas mécontents: plus la Chambre se dépense, se défoule, se répand en critiques acerbes et plus leur propre victoire finale doit en paraître éclatante. Misant hier en fin de matinée sur un vote favorable de quelque 90 suffrages sur 128 ils parlaient de le présenter comme un large quitus de leur incertaine gestion et comme un chèque de confiance sur l’avenir. Les haririens, pour tout dire, pensent que sur le plan politique, le président Rafic Hariri peut sortir de cette épreuve budgétaire raffermi face à ses détracteurs, ou aux ministres frondeurs qui reviendraient dans le rang…Ou face à ses deux partenaires-rivaux de la troïka. Dès lors ses partisans avaient été mobilisés ces derniers jours pour assurer au budget 98 le plus large panel possible de «oui», Place de l’Etoile. Un objectif qui n’était pas trop difficile à atteindre en fait: la Chambre, sauf à prendre le risque d’une dissolution, ne peut tout simplement pas ne pas voter la loi de finances. Et d’une. Et de deux: le texte a été retouché par les soins mêmes des députés, en commissions comme en assemblée générale et ils ont, entre autres, gommé cent milliards de L.L initialement prévus pour l’EDL… Il n’y a donc aucune raison que les parlementaires ne votent pas massivement un budget dont ils sont en quelque sorte les coauteurs. Cependant un opposant estime que «M. Hariri ne peut plus vraiment se faire d’illusions: la grogne populaire, reflétée par les sit-in devant la Chambre, ne cesse de s’amplifier et le vote d’un budget qui gonfle les impôts indirects ne va certainement pas l’apaiser. Sur le plan politique, cela ne s’annonce guère mieux pour lui: les municipales de mai-juin risquent d’être gâchées par des manifestations de salariés réclamant une augmentation. Comme ces mouvements de rue pourraient avoir lieu dans la capitale, le parachutage d’un conseil municipal acquis à l’homme d’affaires libano-séoudien s’en trouverait compromis et il ne pourrait pas parachever cette mainmise sur Beyrouth qui en fait un leader traditionnel incontournable à l’échelon national. De ce fait, même les présidentielles de septembre-octobre, qui sont déjà au cœur de la sourde mais âpre lutte d’influence qui oppose le chef du gouvernement à M. Berry, pourraient consacrer l’éclipse d’une étoile haririenne qui a brillé pendant six ans. En outre, relève avec jubilation cette personnalité opposante, M. Hariri doit compter avec un nouveau souci de taille, à savoir que le puissant ministre des Déplacés M. Walid Joumblatt se joint au chœur de ses contempteurs au sein même du Cabinet». Et d’insinuer ensuite que «si le leader du Chouf y mettait vraiment du sien et faisait à son tour jouer ses contacts en faveur d’un vote négatif, il est possible que M. Hariri n’obtienne pas le plébiscite parlementaire qu’il souhaite». «Sur cette longueur d’ondes comme sur les autres, tout va évidemment dépendre des orientations que les décideurs vont imprimer dans les prochains jours à la vie politique locale, indépendamment des résultats arithmétiques du vote à la Chambre qui en réalité n’a aucune importance. S’ils optent pour M. Hariri, il pourra jouer le rôle dont il rêve selon ses détracteurs, celui d’une personnalité locale assez forte pour avoir son mot à dire dans les présidentielles. Et s’ils encouragent M. Joumblatt dans sa nouvelle ligne opposante, il y a fort à parier que ce droit de regard pré-électoral, pour relatif qu’il reste, irait plutôt à une nouvelle alliance entre ce ministre et le chef du Législatif»… Mais il est vraiment trop tôt encore pour faire des pronostics sur ce plan. Ce qu’il y a de certain aujourd’hui c’est qu’égratigné comme il l’a été à la Chambre lors du débat sur le budget le gouvernement aura du mal à se rattraper politiquement… Ph.A.-A.
Fini, le marteau qui tapait en rafale comme du temps de Sabri Hamadé, tous les articles du budget «approuvés à l’unanimité» en moins de cinq minutes, «enlevez, c’est pesé»… Non, sous la férule de Nabih Berry, et sur l’insistance de l’opposition, c’est pied à pied que le gouvernement a dû livrer bataille Place de l’Etoile pour défendre son projet. Chaque...