Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Dans une lettre pastorale publiée après la rencontre oecuménique de Chypre, les 23 et 24 janvier (photo)

Les patriarches et chefs d’Eglises réunis à Chypre, vendredi 23 et samedi 24 janvier dernier, à l’initiative du Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO), ont manifesté leur inquiétude pour la diminution constante du nombre des chrétiens dans les pays d’Islam. Dans une «lettre pastorale» publiée samedi à Nicosie (Chypre), à l’issue de leur rencontre au siège de l’archevêché de Nicosie, ils ont lancé un appel pour la participation des chrétiens à la vie publique et la lutte pour «l’égalité civique» entre chrétiens et musulmans dans les pays de la région, tout en renouvelant leur confiance dans le dialogue islamo-chrétien. Les chefs d’Eglises ont affirmé en outre s’être livrés, au cours de leur rencontre, à «un examen de conscience» au sujet de «la mission d’église» que leur a confiée le Christ «dans la diversité de leur appartenance». Au sujet de la diminution régulière du nombre des chrétiens, dans les pays de la région, en raison du mouvement d’émigration, les chefs des différentes Eglises ont adopté une attitude faite à la fois de détachement à l’égard du pouvoir politique, et de confiance, proche de celle que professent les Eglises orthodoxes Ainsi, ont-ils convenu que «même si le nombre de leurs fidèles diminue de jour en jour, que l’espace de leur mission se rétrécit, que les moyens dont ils disposent manquent, les Eglises doivent se souvenir que l’Evangile ne s’étend pas seulement par des moyens humains, et que tout ce qui leur est demandé, c’est de pratiquer leur foi avec cohérence». Et de souligner que Dieu, qui préside aux destinées du monde «écrit parfois droit, avec des lignes courbes». «Après tout, ont-ils ajouté, les Apôtres qui ont évangélisé le monde connu n’étaient que douze. Ils ont proclamé ce que le Christ leur a enseigné de proclamer, c’est-à-dire la liberté, la justice, l’égalité des chances, le respect des droits, sans prendre véritablement parti pour un quelconque régime, pour peu que l’autorité en place soit juste et équitable». Au cours des délibérations, des exemples frappants de la diminution du nombre des chrétiens dans les pays d’Islam, et d’abord dans les pays arabes ont été avancés. Ainsi, les chrétiens ne représentent plus qu’un pour cent de la population de Jérusalem, berceau du christianisme; les deux tiers des fidèles du patriarcat d’Antioche ont émigré dans des pays d’Amérique du Sud, etc. Eviter tout alarmisme Parallèlement à cette réaffirmation de principe à l’égard du fait politique, les chefs d’Eglises ont appelé les chrétiens à s’impliquer dans la vie publique pour défendre «l’égalité des droits, les libertés et la dignité de l’homme». «Les chrétiens font face aujourd’hui à plusieurs défis qui les tiennent éloignés d’une participation effective, ce qui renforce leur sentiment de peur et d’inquiétude», note la lettre, qui ajoute: «En dépit de ces problèmes (...), nous appelons nos fils à faire face à cette situation dans un esprit d’objectivité et de sagesse, loin de toute exagération, de tout alarmisme et de toute peur». «L’éloignement des chrétiens d’une participation effective à la vie publique est un problème qui concerne toute la société», a poursuivi la lettre, qui souligne que «beaucoup de musulmans considèrent que la peur pour l’avenir ressentie par les chrétiens les concerne et souhaitent un renforcement du dialogue islamo-chrétien, pour bâtir des sociétés respectueuses de la diversité, réaliser l’égalité totale des droits conférés par la citoyenneté, préserver les libertés fondamentales et défendre la dignité de l’homme et ses droits». L’un des objectifs du dialogue islamo-chrétien devrait être l’égalité civique totale des chrétiens et des musulmans dans les pays arabes, alors que dans la plupart de ces pays, les chrétiens sont aujourd’hui écartés de la vie publique, où maintenus dans des échelons administratifs inférieurs, à quelques exceptions près. La lettre ajoute que «loin de vouloir minimiser la gravité de la situation», les chefs des Eglises présentes en Orient demandent aux chrétiens «d’y faire résolument face, de renforcer leur coopération et leur solidarité et d’exploiter les potentiels intellectuels et matériels existants dans les domaines culturel, pédagogique, social et économique, et de renforcer le rôle des chrétiens au service de tous». La mission fondamentale Au sujet de leur mission fondamentale, les patriarches et chefs d’Eglises réunis à Chypre ont reconnu que «son accomplissement est difficile, voire impossible, si nous ne donnons pas l’exemple vivant des liens étroits de coopération et d’amour entre nous». «Seul l’amour (...) peut conduire à l’unité pour laquelle le Christ a prié et pour laquelle il nous a demandé de prier», ont-ils ajouté. Selon les participants, cette allusion à l’unité répond implicitement aux interpellations de ceux qui estiment que l’unité, recherchée en ce moment par les chrétiens, ne s’est faite que sous la pression d’une situation d’urgence, alors que son moteur principal devait être la foi et l’obéissance au commandement d’amour. A la demande des représentants des diverses Eglises, des allusions à des situations politiques particulières ont été introduites. Le «statut particulier» de la «Ville sainte de Jérusalem» a été évoqué, ainsi que l’occupation israélienne en Palestine, au Liban et en Syrie, l’occupation turque d’une partie de l’île de Chypre, la «situation dramatique» du peuple irakien victime d’un «blocus inique et injustifié». Le Jubilé de l’An 2000 La réunion de Nicosie est la deuxième du genre depuis 1985. Le Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO), qui l’a organisée, rassemble depuis 1990 toutes les Eglises de la région représentant plus de 15 millions de fidèles. Parmi les participants figuraient les patriarches maronite Nasrallah Sfeir, arménien-orthodoxe Aram Kéchichian, arménien-catholique Jean-Pierre Kasparian, grec-orthodoxe Ignace Hazim (Antioche) et Petros (Alexandrie), syriaque-orthodoxe Zakka Iwass, latin de Jérusalem Michel Sabbah, copte-catholique Stéphanos Ghattas et le pape Chénouda III des coptes-orthodoxes (chrétiens d’Egypte), la plus importante par le nombre des communautés chrétiennes d’Orient. Le secrétaire général du CEMO est le Rév. Riad Jarjour. En marge de la rencontre œcuménique, les patriarches et chefs d’Eglises ont été reçus, samedi, par le président chypriote. Hier, le patriarche Hazim a inauguré à Limassol une nouvelle église dédiée à Saint-Ignace Théophore d’Antioche. Le patriarche Hazim, ainsi que le chef de l’Eglise maronite, le patriarche Nasrallah Sfeir, sont attendus au Liban aujourd’hui. Le comité exécutif du CEMO se réunira, de son côté, à partir d’aujourd’hui, à Nicosie, pour examiner un certain nombre de points à son ordre du jour, notamment l’assemblée générale du CEMO qui doit se tenir au Liban, en 1999, ainsi que les préparatifs pour une digne célébration régionale du Jubilé de l’An 2000 et la révision de certains points de son statut, de manière à favoriser une plus grande participation ecclésiale.
Les patriarches et chefs d’Eglises réunis à Chypre, vendredi 23 et samedi 24 janvier dernier, à l’initiative du Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO), ont manifesté leur inquiétude pour la diminution constante du nombre des chrétiens dans les pays d’Islam. Dans une «lettre pastorale» publiée samedi à Nicosie (Chypre), à l’issue de leur rencontre au siège de...