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Actualités - ANALYSE

La jeunesse en quête de politique et vice versa !

Toufayli a fait du bien à Beyrouth et aux libertés. A cause de ses gesticulations incontrôlées (il a fallu lui envoyer l’armée pour le calmer et encore, vu qu’il reprend aujourd’hui ses menaces), les autorités se voient contraintes, par «honte», de ne plus réprimer les sit-in devant la Place de l’Etoile…Elles n’ont donc pas tenté cette fois d’intervenir contre les syndicats pour en briser le mouvement, comme elles le faisaient régulièrement depuis 1993, leur dernier exploit se situant devant la MTV pour l’affaire de l’interdiction de l’interview de Aoun… Encore une fois, d’ailleurs, le Législatif sous la conduite de M. Nabih Berry s’est nettement démarqué de l’ Exécutif en permettant, voire en encourageant les protestations syndicales et estudiantines. Prouvant par son feu vert que le meilleur moyen de dégonfler la tension c’est encore de la laisser s’exprimer, après quoi chacun revient chez lui, s’endort et oublie… Une astuce qui permet en outre de désamorcer un péril en gestation: la politisation progressive de la jeunesse qui s’est manifestée ces derniers jours aux côtés des syndicats et qui peut avoir des effets redoutables pour la caste politique dans son ensemble. En effet, le phénomène d’attraction accentuée des jeunes pour la politique est aussi frappant que paradoxal. Le domaine les tente… parce qu’ils en sont unanimement dégoûtés! Ainsi, lors de l’affaire Aoun, ils s’étaient tous coalisés, à gauche, à droite, à l’Est et à l’Ouest au nom d’un principe primaire, mais indubitablement politique: la liberté d’expression. Maintenant ils franchissent un palier de plus en manifestant pour l’enseignement et certains d’entre eux ont, de là, tout de suite bondi sur des thèmes ultra-politiques, voire même politiciens, en s’attaquant à la gestion haririenne du pays et en réclamant le départ du président du Conseil! Pour peu que les jeunes gardent un semblant de cohésion et de solidarité, ce qui n’est pas impossible car le «ras-le-bol» est général parmi eux, ils peuvent constituer une force redoutable. Pour les formations en place, il s’agit soit d’étouffer dans l’œuf une telle éclosion, en dispersant par de souriantes promesses tout regroupement… soit de récupérer la contestation jeune pour l’utiliser comme fer de lance. Aux opposants radicaux qui semblent tentés de haranguer les étudiants pour les enflammer et les lancer à l’assaut du pouvoir, les modérés crient «au fou» en leur rappelant que toute révolte jeune finit par liquider ses parrains comme toute révolution dévore ses enfants… Ces mêmes modérés se demandent de même si les partisans de M. Berry, qui se sont beaucoup dépensés semble-t-il ces derniers temps pour empêcher le bloc compact de la revendication estudiantine de s’effriter, ont eu raison et s’il ne valait pas mieux laisser les vieux clivages Est-Ouest faire aussi leur œuvre dans cette masse explosive pour la désamorcer… Un vieux loup de la politique, loin de partager cet avis, estime pour sa part que «le chef du Législatif a très bien joué ses cartes. Il a nettement amorti le choc en favorisant le sit-in estudiantin à sa porte. Et il a de même tiré de ce mouvement, en soutenant son unité, le maximum d’avantages qu’il pouvait en tirer face à ses partenaires-rivaux de la troïka et autres concurrents sur la scène d’influence locale. Ceci étant, il n’y a pas à trop craindre les jeunes. Nous ne sommes plus en 1968, pour commencer, et pour finir, une fois embarqués sur la galère politique, ils ne pourront jamais rester unis. C’est une évidence si claire qu’il n’est nul besoin de la détailler. Le seul conseil qu’on peut donner aux jeunes, c’est de rester solidaires pour l’unique bonne cause qui soit intéressante dans leur situation, à savoir l’Université libanaise certes mais aussi des structures sociales estudiantines meilleures qu’ils prendraient eux-mêmes en gestion à travers une union, comme cela se fait en France…». Il n’empêche que la politique tente les jeunes qui à leur tour tentent les partis. Ainsi, les deux réunions clés qui ont eu lieu mercredi, et qui ont regroupé des représentants de nombre de formations politiques, se sont déroulées l’une à la Maison des Kataëb et l’autre chez le mouvement Amal. Ph.A.-A.
Toufayli a fait du bien à Beyrouth et aux libertés. A cause de ses gesticulations incontrôlées (il a fallu lui envoyer l’armée pour le calmer et encore, vu qu’il reprend aujourd’hui ses menaces), les autorités se voient contraintes, par «honte», de ne plus réprimer les sit-in devant la Place de l’Etoile…Elles n’ont donc pas tenté cette fois d’intervenir contre...