Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Un voeu pieux des dirigeants : la mise en place du système des partis

Comme on est encore en début d’année, les vœux pieux restent de mise. Ainsi, se retrouvant pour une fois sur une même longueur d’ondes, les présidents Elias Hraoui et Rafic Hariri affirment souhaiter l’émergence d’un système des partis pour équilibrer le jeu démocratique. Dans ses récentes confidences au président du syndicat des rédacteurs, Melhem Karam, le chef de l’Etat remarque, qu’en l’absence d’un tel système des partis, «les Cabinets se forment par consensus et l’équipe ainsi produite peut fort bien n’avoir aucune homogénéité intellectuelle ou politique. Si nous avions deux ou trois partis, comme cela se voit ailleurs, celui d’entre eux qui remporterait les élections détiendrait le pouvoir, en s’entendant au besoin avec une autre formation». Le président du Conseil devait de son côté souligner lors d’un iftar à Koraytem que «l’un des problèmes majeurs auxquels notre jeunesse se trouve aujourd’hui confrontée est l’inexistence de partis. Ces derniers ont été effacés par la guerre. Or ils sont indispensables pour toute vie démocratique véritable. Il n’existe pas d’Etat démocratique parlementaire dans le monde sans partis. C’est sur cette base que se font les élections, sauf au Liban. C’est le seul pays où la vie politique se fonde non pas sur des partis et des programmes mais sur des personnalités, des familles et des relations personnelles. Les jeunes qui veulent s’exprimer ne trouvent donc pas le cadre qui leur permettrait de le faire car il n’existe que très peu de formations libanaises regroupant toutes les communautés». Cette théorie du bipartisme ou du tripartisme, les dirigeants ont-ils les moyens de lui donner une chance de prendre corps… Et en ont-ils vraiment envie? Peut-être pas vraiment car c’est sur une tout autre base qu’ils fondent leurs déclarations à portée pratique. On a pu de la sorte entendre le chef du gouvernement déclarer au sujet de la loi électorale qu’elle doit «être approuvée par tous les Libanais. Il ne faut pas qu’il y ait une partie satisfaite et l’autre mécontente. Nous devons donc commencer à réfléchir sur le sujet dès maintenant. Car l’un des moyens de réaliser l’union nationale et d’exprimer une saine coexistence consiste à faire en sorte que les gens sentent qu’ils sont traités de façon égale». Virus Il est évident que de tels propos contiennent une bonne dose de critique indirecte des deux dernières éditions électorales de 1992 et de 1996 qui, en effet, n’ont pas du tout été «approuvées par tous les Libanais», dont une partie était «satisfaite» mais «l’autre mécontente»… On sait que ces législatives tronquées, persistant dans l’irrégularité au mépris — en 96 — des condamnations du Conseil constitutionnel, ont littéralement scié en deux le pays politique, en portant l’Est discriminé, isolé, marginalisé, à un désespoir élégamment camouflé sous un vocable de boudoir baudelairien devenu courant: le fameux, le précieux «désenchantement». L’entente et a fortiori l’union nationale ne sont plus dès lors que slogans creux et si coexistence il y a elle n’a rien de politique ni d’interactif. Aussi, un vétéran de l’Est, saisissant la balle au bond, conseille au pouvoir «de s’atteler sans tarder à mettre ses propres préceptes en pratique pour réorganiser la vie politique et le système électoral en base de partis nationaux, ce qui permettrait de dépasser le confessionnalisme. Certes, cette métamorphose ne peut se faire d’un coup de baguette magique. Mais les dirigeants ne manquent quand même pas de moyens d’instrumentation. Ils ont à leur disposition un code des partis qu’ils peuvent réformer en vue de la cristallisation de formations à caractère national, aconfessionnel. Ils ont aussi la possibilité de retoucher dans le même sens la loi électorale. Ainsi dans un premier temps, en attendant que se regroupent une droite, une gauche et un centre, on peut exiger que les candidatures aux législatives, individuelles ou de listes, s’accompagnent obligatoirement d’un programme détaillé». En réalité, ces conditions sont une pratique constante car nul ne se présente sans un programme, ne serait-ce que pour la forme. Quant à juger sur le fond, c’est affaire de mentalité. On se retrouve donc devant le même constat élémentaire concernant l’abolition du confessionnalisme: pour y parvenir, il faut d’abord agir sur l’esprit, sur la formation civique des gens et cela peut prendre des générations entières. Il en va de même pour cette variante qu’est le système des partis: dans un pays aussi petit et aussi composite, il faudrait un Kemal Atatürk pour imposer un tel changement par les textes. Comme des Ghazi on n’en voit pas beaucoup à l’horizon, il faut attendre que le temps fasse son œuvre. Et il n’est d’ailleurs pas du tout sûr qu’elle aille dans le sens d’un système enfin laïcisé. Pour le moment, même le mariage civil ne passe pas, alors les partis… E.K.
Comme on est encore en début d’année, les vœux pieux restent de mise. Ainsi, se retrouvant pour une fois sur une même longueur d’ondes, les présidents Elias Hraoui et Rafic Hariri affirment souhaiter l’émergence d’un système des partis pour équilibrer le jeu démocratique. Dans ses récentes confidences au président du syndicat des rédacteurs, Melhem Karam, le chef de...