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Actualités - ANALYSE

Le sort du cabinet objet de mille rumeurs et de manoeuvres tortueuses

On ne prête qu’aux riches: comme il est souvent arrivé que M. Elias Hraoui se rendît à Damas pour se plaindre, chaque fois qu’il y va les cercles politiques se lancent dans des spéculations à tout va sur un changement de Cabinet ou un remaniement ministériel. Et Baabda ou Koraytem de démentir, comme on l’a vu ces derniers jours… Mais l’effervescence se maintient un peu pour quelque temps, en prenant la forme d’un échange triangulaire de soupçons sur la propagation des rumeurs: les hraouistes en accusent les haririens qui pointent le doigt en direction des berriyistes, et ainsi de suite… Comme quoi la troïka reste une grande et heureuse famille… Dont le climat suavement empoisonné déteint sur certains ministres tout à fait «amovibles» qui ont des sueurs froides dans le dos à chaque voyage du président de la République en Syrie, en s’inquiétant pour leurs portefeuilles. D’où une sourde animosité contre un Hariri qui sûrement ne les reprendrait pas dans son équipe en cas de changement de Cabinet ou n’hésiterait pas à les sacrifier en cas de remaniement… Des impressions qui, on s’en doute, ne contribuent pas à renforcer la cohésion d’un gouvernement politiquement désarticulé au moment où, affrontant la Chambre, il a plus que jamais besoin de faire front uni. Un malaise d’autant plus inopportun que les trois présidents ne s’autorisent plus de querelle ouverte — même s’ils ne cachent pas des divergences de vues sur nombre de questions — depuis les accords de Baabda conclus sur la ferme injonction des décideurs. Lesquels ont justement décidé que le statu quo politique intérieur, pour fragile qu’il soit, sera maintenu coûte que coûte jusqu’aux présidentielles car, accaparés par la crise régionale, ils n’ont guère le temps de s’occuper d’un dossier aussi secondaire. Une source gouvernementale confirme ainsi qu’à différents niveaux «les Syriens sont intervenus pour demander aux Libanais, loyalistes et opposants confondus, de ne pas faire de vagues, de ne pas attiser la tension interne par leurs déclarations, de ne pas susciter un climat de crise politique aux retombées économiques néfastes, de se montrer sages en somme car la délicate situation régionale requiert une forte solidarité nationale». Pour en revenir à la petite histoire locale, la question qui se pose est de savoir si les dernières rumeurs de changement de Cabinet sont spontanées. La même personnalité officielle pense que non, estime qu’elles ont été «délibérément orchestrées par une partie qui vise les objectifs suivants: a) - Trouver n’importe quel prétexte pour faire reporter les municipales dont les résultats ne lui seraient pas favorables. S’il devait y avoir crise ministérielle, on mettrait sur pied un Cabinet provisoire probablement formé d’extraparlementaires dont la mission essentielle serait de superviser les présidentielles. La mise sur pied d’une telle équipe prendrait sans doute beaucoup de temps et on laisserait alors tomber les municipales qui doivent avoir lieu en mai parce que le nouveau gouvernement ne serait pas prêt pour les organiser. b) - Ebranler le marché financier et la stabilité économique du fait de la crise ministérielle et forcer la Banque centrale à se dessaisir de son stock de devises fortes pour protéger la livre contre les spéculateurs. Partant de là le climat deviendrait propice à des présidentielles avancées qui apparaîtraient comme la seule possibilité d’inverser la vapeur et de juguler la crise de confiance aux lourdes conséquences économiques». Ce pôle pense par ailleurs que nonobstant la volonté manifeste du président Hraoui de se délester du fardeau, «certains manœuvrent encore en vue d’une deuxième prorogation et ils pensent que finalement une crise ministérielle si près de la fin du mandat faciliterait le recours à une telle solution…» En tout cas ces propos de responsable sont, comme on voit, des spéculations sur les spéculations attribuées par les loyalistes à des parties qui ont tout l’air cependant d’appartenir à leur propre camp… E.K.
On ne prête qu’aux riches: comme il est souvent arrivé que M. Elias Hraoui se rendît à Damas pour se plaindre, chaque fois qu’il y va les cercles politiques se lancent dans des spéculations à tout va sur un changement de Cabinet ou un remaniement ministériel. Et Baabda ou Koraytem de démentir, comme on l’a vu ces derniers jours… Mais l’effervescence se maintient un...