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Actualités - REPORTAGE

L'installation du nouveau réseau d'un million et demi de lignes sera achevée cette année Le Liban sera doté de nouveaux numéros de téléphone à huit chiffres

Où en est le projet du nouveau réseau téléphonique d’un million et demi de lignes lancé en 1995 par le CDR? Quelles étapes ont-elles été franchies et y a-t-il un retard dans l’exécution? Pourquoi les lignes du nouveau réseau sont-elles encore sujettes à des pannes, alors que les câbles sont souterrains? Autant de questions qui concernent tout un chacun et auxquelles nous avons essayé de répondre en interrogeant notamment M. Youssef el-Nakib, PDG d’OGERO, la compagnie chargée de l’exécution du projet. M. Nakib a notamment indiqué que «l’installation du nouveau réseau sera terminée cette année et le Liban sera doté de numéros de téléphone à huit chiffres (qui remplaceront les numéros actuels) d’ici au début de 1999». A la fin de la guerre, le réseau téléphonique souffrait, comme le reste de l’infrastructure du pays, de négligence et d’archaïsme. Sur les 420.000 lignes initialement en service, 300.000 seulement fonctionnaient, et de façon imparfaite. Fils téléphoniques s’enchevêtrant à l’air libre, coupures de lignes à la moindre pluie, vols fréquents de lignes téléphoniques étaient le lot quotidien des Libanais de toutes les régions. Le CDR a donc mis au point, en 1995, un plan pour la création d’un nouveau réseau téléphonique moderne comportant de nouveaux centraux, des câbles souterrains en fibre optique ainsi qu’un million de nouvelles lignes (auxquelles on a ajouté par la suite un demi-million de lignes supplémentaires). L’exécution de ce projet a été confiée à OGERO, qui est «une société autonome d’utilité publique sous la tutelle du ministère, et non une société privée», précise son PDG, M. Youssef el-Nakib. Celle-ci a signé des contrats de sous-traitance avec trois compagnies privées, Alcatel, Siemens et Ericsson, qui ont pris en charge l’installation des réseaux. C’est OGERO qui s’occupe du branchement des lignes entre les centraux et les abonnés. M. Nakib nous explique que, à l’heure actuelle, «les trois compagnies ont déjà préparé un réseau qui comporte 750.000 lignes, dont 450.000 ont été branchées par OGERO». «La mise au point des réseaux se termine en principe cette année», poursuit-il, «mais le branchement de la totalité des lignes prendra deux ou trois ans de plus. Nous prévoyons de brancher 240.000 lignes cette année, et 150.000 l’année prochaine». Précisons que l’ancien réseau comprend encore 250.000 lignes qui sont appelées à disparaître dans les mois ou les années qui viennent. «En fait», ajoute M. Nakib, «l’installation des réseaux aurait dû être achevée en 1997, mais il y a eu un léger retard par rapport au programme initial parce que celui-ci était conçu pour un million de lignes, alors que 500.000 ont été ajoutées par la suite». Par rapport aux centraux téléphoniques, M. Nakib précise que «164 nouveaux centraux sont actuellement en état de marche, et 91 sont en cours de préparation, le nombre total de centraux qui devrait être atteint à la fin de l’exécution du projet étant de 307». Quant aux régions principales concernées par l’installation de cette nouvelle infrastructure, le PDG d’Ogero souligne qu’«il s’agit surtout des grandes villes, Beyrouth, Jounieh, Tripoli... bref, toutes les régions à forte densité populaire». «Les autres régions suivront», poursuit-il. «Bientôt, il n’y aura plus personne sans téléphone au Liban, et il faut dire que la situation s’est énormément améliorée». Les coupures Malgré tous les progrès réalisés, des habitants se plaignent toujours de coupures de lignes, notamment après les dernières pluies diluviennes. M. Nakib apporte une réponse au problème: «Il y a deux genres de cas de coupures: le premier concerne des lignes individuelles. Il faut souligner deux faits à cet égard: d’une part, le nombre de ces coupures est minime par rapport à ce qu’il était, puisqu’il ne représente plus que 1,5% des lignes fonctionnant sur le marché; d’autre part, les réparations sont devenues très rapides pour peu que les habitants nous contactent tout de suite. Notre objectif est de réduire le délai des réparations à 24 heures». «Le second cas est celui des câbles coupés», poursuit-il, «ce qui cause de nombreuses coupures. Ces accidents sont dus à des excavations que d’autres ministères effectuent aux endroits où nos câbles sont déjà placés. Les ouvriers sur le chantier ne prennent aucun soin des câbles en fibre optique, et les placent au-dessus du sol sans prendre aucune précaution, ce qui les expose à des dégâts et même au vol». Un responsable technique d’OGERO se plaint notamment de nombreux dégâts causés aux câbles dans le secteur dit de la Cola. «Les travaux se font de façon trop improvisée», souligne-t-il. «Il faut qu’il y ait plus de coordination entre les différentes instances qui exécutent actuellement des projets d’infrastructure, notamment le CDR, «Dar al-Handasa» et les différents entrepreneurs, pour éviter ce genre d’incidents fâcheux». Nouveaux numéros à huit chiffres Cependant, malgré la qualité des nouvelles lignes qui est bien supérieure à celle des anciennes, il reste un problème que nous avons soulevé avec le PDG d’OGERO: la répartition des lignes de l’ancien réseau était plus logique et rationnelle que celle du nouveau. A titre d’exemple, tous les numéros commençant par 9 appartenaient aux régions de Jounieh ou de Jbeil. Aujourd’hui, les numéros sont très mélangés, et donc moins reconnaissables. M. Nakib répond: «Dans le nouveau réseau, il nous est devenu difficile de réserver des numéros précis à des régions données, à cause du nombre grandissant de lignes. Mais ce n’est là qu’un faux problème puisque ces numéros sont provisoires. En effet, à partir de fin 1998 ou début 1999, de nouveaux numéros à huit chiffres seront donnés». «Ces numéros auraient dû être prêts à partir de février, mais le système n’a pas été mis au point à temps», ajoute-t-il. Autre question qui préoccupe certains: a-t-on le choix de ne pas être cité dans l’annuaire? «Bien sûr, quiconque désire ne pas être cité dans l’annuaire peut l’exiger», assure M. Nakib. «De plus, nous assurons actuellement, pour une petite somme versée chaque trois mois, d’autres services à la clientèle, les Services Etoile, qui comprennent la numérotation abrégée, le renvoi d’appel, l’appel en attente, la conférence à trois, la restriction d’appel, l’appel direct avec temporisation». Bref, les lignes téléphoniques normales se mettent à l’heure du cellulaire! Les prérogatives d’OGERO Mais quelles sont les caractéristiques de cette compagnie qui s’occupe de tout le nouveau réseau et quelle est la nature de sa relation avec l’Etat? «OGERO est une compagnie d’utilité publique, placée sous la tutelle de l’Etat à qui elle appartient à 100%», explique M. Nakib, «sans cesser d’être autonome à tous les niveaux». Et d’ajouter: «Notre compagnie a signé trois contrats avec l’Etat, le premier concernant la maintenance de l’ancien réseau, le second l’exécution du projet du million et demi de lignes téléphoniques, et le troisième l’informatisation des factures de téléphone et autres formalités du ministère des Postes et Télécommunications». Si OGERO a tellement de prérogatives, quel serait encore le rôle du ministère? «Le ministère s’occupe de définir les grandes lignes de la politique à suivre, et joue le rôle de régulateur», souligne le PDG d’OGERO. «C’est aussi le ministère qui assure la coordination avec les sociétés privées, notamment celles des téléphones cellulaires avec lesquelles OGERO n’a rien à voir». Sans compter que les factures de téléphone sont payées directement au ministère, OGERO ne s’occupant pas des affaires d’argent. OGERO possède en outre des effectifs non négligeables. «Nous avons 2500 employés, dont 2000 au moins sont des techniciens», indique M. Nakib. «Les employés sont répartis en trois catégories selon les occupations qu’ils assurent: quelque cent personnes s’occupent de l’informatisation, 300 à 400 autres assurent le service à la clientèle, et les autres sont rattachés au service de maintenance». Quels sont les objectifs d’OGERO et comment les conçoit son PDG? «Le monde de la télécommunication est en plein développement», dit-il, «et notre objectif est de suivre cette évolution rapide en maîtrisant vraiment toutes les questions relatives à ce domaine». Suzanne BAAKLINI
Où en est le projet du nouveau réseau téléphonique d’un million et demi de lignes lancé en 1995 par le CDR? Quelles étapes ont-elles été franchies et y a-t-il un retard dans l’exécution? Pourquoi les lignes du nouveau réseau sont-elles encore sujettes à des pannes, alors que les câbles sont souterrains? Autant de questions qui concernent tout un chacun et auxquelles...