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Actualités - CHRONOLOGIE

Publication de l'exposé des motifs du projet de loi de finances de 1998 La réduction du déficit budgétaire, principal défi du gouvernement

«Action soutenue», «efforts constants», «sacrifices à moyen terme». Telles sont les expressions qui pourraient figurer en exergue du projet de budget 1998 et par lesquelles le ministère des Finances a conclu son exposé des motifs du projet, rendu public hier. Tout au long de ce document de 94 pages, un seul thème revient en leitmotiv: la réduction drastique du déficit budgétaire, sur laquelle compte le gouvernement du premier ministre Rafic Hariri pour résorber la dette, notamment intérieure, et favoriser la reprise économique. Ce texte vaut surtout pour les données et les chiffres qu’il fournit sur les principaux indicateurs de l’économie, chiffres qui, il est vrai, doivent être considérés avec circonspection, étant donné l’état primaire des statistiques publiques au Liban, pour ne pas parler de certaines évaluations «optimistes» du gouvernement. En introduction, le document réexpose les objectifs économiques et financiers recherchés par les gouvernements successifs de Rafic Hariri depuis la fin 1992 et souligne «l’ambivalence, et parfois l’antinomie» de ces objectifs. Ainsi, il fallait à la fois assurer la relance économique du pays tout en veillant à maintenir la stabilité financière et monétaire. En définitive, selon le texte, la croissance moyenne au cours des années Hariri s’établit actuellement à 6,5 %, l’inflation est tombée à un taux à un chiffre après avoir dépassé les 120%, les taux d’intérêt sont progressivement retombés, sauf durant les périodes de crise, et les réserves en devises de la Banque du Liban se sont accumulées. En outre, le secteur bancaire a connu un important développement, les banques ayant vu s’accroître substantiellement leurs avoirs, leurs fonds propres, les dépôts du public et les crédits accordés tant au secteur public qu’au privé. Voilà pour les aspects positifs. Côté pile, le gouvernement reconnaît que le principal défi qui s’est posé à l’Etat tout au long de ces années fut et demeure le déficit budgétaire grandissant. «Les budgets de l’Etat ont commencé à souffrir de ce problème depuis les premières années de la guerre. Les effets de ces déficits se sont alors accumulés et ont pris de l’ampleur, notamment à la suite du damarrage, après la fin de la guerre, du programme ambitieux de reconstruction, de relance économique et de réhabilitation de l’infrastructure détruite», rappelle le document, soulignant que l’absence ou l’insuffisance de l’aide arabe et internationale et «l’incapacité à accroître les revenus du Trésor» ont aggravé le déficit. La lutte contre le déficit budgétaire constitue donc la pierre angulaire de la politique du gouvernement. «Tant que toutes les catégories de la population — responsables, députés et citoyens — ne seront pas parvenues à prendre conscience de ce problème de façon responsable, la question restera sans solution et l’économie libanaise ne pourra pas générer le développement nécessaire à l’accroissement des occasions de travail et du pouvoir d’achat des Libanais et la qualité de leur vie», estime le document qui décèle toutefois une évolution «encourageante» à ce niveau au sein de la société. Opérant une synthèse des dépenses publiques pour la période 1993-1997, le texte précise que 16 % sont allés au service de la dette accumulée depuis avant 1993, 51% aux dépenses sociales, de santé, d’éducation et de sécurité, 26% aux dépenses d’investissement et 7% à la marche des affaires quotidiennes de l’administration. Le bilan de 1997 Le ministère des Finances expose ensuite ses estimations pour 1997. Il situe la croissance réelle du Produit intérieur brut (PIB) à 4 %, comme l’année précédente, un chiffre jugé cependant trop optimiste par certains économistes qui le rapprochent plutôt de 3,5%. Toujours est-il que le gouvernement admet lui-même que le taux définitif est loin de la prévision de 7% prise en compte dans le budget 1997, et attribue les causes de ce décalage à «la baisse des activités de construction et des investissements, en raison du contexte régional difficile, de la poursuite de l’occupation par Israël du Liban sud et de ses agressions répétées et enfin des tiraillements politiques intérieurs». En comparaison, et toujours selon les chiffres du gouvernement, l’économie libanaise avait crû de 6,5% en 1995, 8% en 1994, 7% en 1993 et 4,5% en 1992. Le PIB s’élèverait en 1997 à 14,957 milliards de dollars, contre 12,996 milliards en 1996 et 11,122 milliards en 1995. Sur l’évolution des dépenses publiques, le ministère des Finances indique que les dépenses réelles se sont élevées en 1997 à 9.155 milliards de LL, soit un dépassement de 2.722 milliards par rapport aux prévisions budgétaires, dont le total était fixé à 6.344 milliards. En conséquence, les dépenses ont atteint 40% du PIB. Dans le même temps, les recettes de l’Etat se sont fixées à 3.753 milliards de LL, soit 92% seulement du montant inscrit dans les prévisions, cette diminution étant due notamment à la baisse de la croissance. Il ressort de ces chiffres que le déficit budgétaire réel s’est élevé en 1997 à 5.402 milliards de LL, soit un taux — désastreux — de 23,45% du PIB, un record. En 1993, la proportion était de 8,86%. Elle a grimpé à 19,36% en 1994, avant de baisser à 15,66 % l’année suivante puis de remonter à 18,08% en 1996. La progression de la dette Conséquence prévisible de ces chiffres, la dette a gonflé en 1997. Fin 1996, la dette intérieure nette de l’Etat s’établissait à 13.385 milliards de LL. Elle a atteint 18.336 milliards un an après, soit une augmentation de 37%. Le total de la dette publique est passé dans le même temps de 16.266 milliards de LL à 21.926 milliards, en hausse de 35%. Le gouvernement souligne toutefois que la proportion d’augmentation de la dette publique entre 1995 et 1996 était de 43%. Le document note en outre que les taux d’intérêt effectifs sur les bons du Trésor ont continué à baisser en 1997. Au dernier trimestre de l’année dernière, le taux moyen sur trois mois était de 13,09% contre 14,29% un an plus tôt, alors que le taux sur un an s’établissait en 1997 à 15,20% contre 17,02% en 1996. Le tableau comparatif avec les années précédentes montre une réelle tendance à la baisse au cours de la dernière période, le taux annuel ayant atteint 38,85% en 1995. De janvier à septembre 1997, la balance des paiements a généré un excédent de 842 millions de dollars, toujours selon les chiffres officiels. Ce compte est traditionnellement positif au Liban, mais le ministère des Finances souligne qu’il l’est resté en 1997 en dépit de l’aggravation de la balance commerciale pour laquelle les chiffres ne sont pas encore disponibles. En 1996, l’excédent de la balance des paiements était de 786 millions de dollars. L’inflation est estimée par le gouvernement en 1997 à 8%, contre 8,9% en 1996 et 10,6% en 1995. Le ministère des Finances reconnaît cependant lui-même «l’absence jusqu’à nos jours de statistiques et de chiffres officiels sur l’inflation au Liban» et se base sur des données et des indices parallèles. S’agissant des avoirs en devises de la Banque centrale, le gouvernement s’enorgueillit de l’évolution enregistrée depuis 1992, année à la fin de laquelle les réserves étaient évaluées à 1,448 milliard de dollars, alors qu’elles sont passées à 5,959 milliards fin 1997. Cette comparaison euphorique cache néanmoins une réelle stagnation par rapport à 1996, les réserves ayant atteint cette année-là 5,886 milliards de dollars. Enfin la masse monétaire M3 (Livres libanaises + devises) a atteint 32.972 milliards de LL à la fin du mois de septembre 1997, contre 29.241 milliards fin 1996, soit une augmentation de 13%. La dollarisation de l’économie (terme qui signifie la part des dépôts en devises dans les banques) a crû de 4,1% à 60,6% (septembre 1997). Le budget 1998 Le document du ministère des Finances analyse par la suite le projet de budget 1998 qui se répartit comme suit: — Recettes: 4.956 milliards de LL, soit une augmentation de 21% sur le total des recettes prévues dans la loi de finances de 1996 et + 32% si l’on tient compte des recettes réelles. — Dépenses: 7.925 milliards de LL, comprenant 550 milliards de dépenses hors budget, introduits pour la première fois dans la loi de finances. Par le biais de la baisse substantielle des dépenses, le projet prévoit une réduction du déficit de 59% (par rapport aux dépenses) en 1997 à 37,46% en 1998 et de 23,45% à 12% du PIB. Le document conclut en soulignant l’existence d’un début de consensus sur la nécessité de trouver «une solution radicale» au problème du déficit. «Il est évident que la réalisation de cet objectif doit passer par une coopération confiante et un dialogue intensif et réaliste entre les pouvoirs exécutif et législatif», note le texte. Il faut signaler, pour finir, que les prévisions budgétaires figurant dans l’exposé des motifs ne tiennent évidemment pas compte des modifications décidées par la commission parlementaire des Finances qui a opéré des coupes supplémentaires dans les dépenses prévues.
«Action soutenue», «efforts constants», «sacrifices à moyen terme». Telles sont les expressions qui pourraient figurer en exergue du projet de budget 1998 et par lesquelles le ministère des Finances a conclu son exposé des motifs du projet, rendu public hier. Tout au long de ce document de 94 pages, un seul thème revient en leitmotiv: la réduction drastique du déficit...