Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Sud : Beyrouth attend le coup de pouce diplomatique français...

La diplomatie française peut-elle, en symbiose avec les Etats-Unis et avec l’agrément de la Syrie, arranger quelque chose pour le Sud et tout au moins faire redémarrer les pourparlers bilatéraux libano-israéliens? Jusqu’à présent le ministre français des Affaires étrangères, M. Hubert Védrine, tout en réaffirmant l’attachement de la France à l’application de la 425, s’est contenté d’une mission exploratoire, une de plus, d’un tour de table auditif. Il a écouté les dirigeants syriens, israéliens et libanais, et c’est à la lumière de ces avis qu’il doit voir s’il est possible d’émettre de nouvelles idées, de proposer une initiative concrète. En principe le Quai d’Orsay reste favorable à des négociations directes libano-israéliennes, à la rigueur étendues à une seule tierce partie qui serait la Syrie et qui auraient pour but de mettre au point les mécanismes d’un retrait israélien tout autant que des garanties de stabilité frontalière après la libération du Sud. A ce propos même les idées qui circulent actuellement dans les cercles intéressés s’énumèrent globalement comme suit: A) Retour à la convention d’armistice de 1949. Ce texte offre en effet l’avantage d’avoir déjà tout prévu dans ses généralités. L’une de ses clauses stipule ainsi qu’il est «interdit à toute catégorie des forces terrestres, navales ou aériennes, militaires ou paramilitaires relevant de l’une ou l’autre des deux parties, unités non régulières comprises, de commettre un acte de guerre ou d’hostilité contre les forces de l’autre partie, militaires ou paramilitaires ou contre les civils dans le territoire que contrôle cette autre partie. Il lui est interdit, pour quel objectif que cela soit, de dépasser ou de franchir la ligne d’armistice, de pénétrer ou de traverser l’espace de l’autre partie ou les eaux situées à trois milles marins (4.956 mètres) du littoral dépendant de l’autre partie». Toujours dans le même jargon juridique, lourd mais précis, une autre clause de cette convention répète qu’aucun acte d’agression ne doit être perpétré de part ou d’autre. Le Liban est resté toujours attaché à cette convention de 1949, et il en a obtenu mainte consécration dans les résolutions de l’ONU. Ainsi la 426, qui est en quelque sorte le «décret d’application» de la 425, précise que «lorsque le Conseil de sécurité mettra fin au mandat de la FINUL cela n’influera pas sur la poursuite des travaux de la commission d’armistice libano-israélienne…» Bévue rattrapée Pourtant en 1967, à l’issue de la guerre de juin, le gouvernement libanais — plus exactement le ministre des A.E. — avait commis l’insigne maladresse de faire savoir au monde, par dépêche, qu’il «acceptait l’appel au cessez-le-feu» lancé par l’ONU. C’était là reconnaître la participation du Liban à cette guerre et Israël a sauté sur l’occasion pour soutenir que la convention de 49 devenait du même coup caduque. Par chance, et avec l’appui de ses amis occidentaux, Beyrouth avait pu réparer la bévue commise et faire officialiser de nouveau par l’ONU ce traité de 49. De la sorte les relations entre les deux pays voisins seraient de nouveau régies par ce texte après le retrait israélien jusqu’à l’éventuelle conclusion d’une paix régionale dont le Liban serait le dernier signataire du côté arabe. Mais Israël ne veut toujours pas reconnaître cette convention de 49. Il affirme que même si l’on ne tient pas compte de la guerre de 67, il y a bien eu entre lui et le Liban un état de belligérance provoqué au départ par les Feddayin palestiniens et entretenu ensuite par les hezbollahis, ce qui à ses yeux annule tout armistice. D’autant, ajoute-t-il, que la convention du Caire conclue en 1969 entre l’Etat libanais et l’OLP et qui autorisait cette dernière à opérer militairement à partir du territoire libanais a constitué un désaveu définitif, une violation irrémissible de cet accord de trêve. Pour sa part le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est rangé à l’avis juridique de Beyrouth, estimant que les textes de 49 tenaient toujours du moment qu’il n’y a pas eu de déclaration de guerre de la part du Liban contre Israël et du moment que la convention du Caire a été annulée sans avoir été appliquée. B) Cependant cet armistice de 49 doit être amendé pour être actualisé, en tenant compte des réalités du présent, dont l’existence d’une résistance islamique sur laquelle l’Etat libanais n’a aucune emprise, tout comme d’ailleurs d’une ALS qui obéit à Israël. Or la révision du texte impliquerait des négociations bilatérales de fond, qui ne s’arrêteraient donc pas aux questions techniques concernant le retrait, ce que le Liban veut éviter. C) Revenir à la 426 et mettre au point un dispositif frontalier que l’on pourrait confier à la FINUL. Ces arrangements se feraient donc sous la responsabilité de l’ONU, avec la participation de la commission d’armistice. D) Faire participer la Syrie à ce dispositif, étant donné qu’Israël ne fait pas confiance au Liban pour contrôler vraiment la situation et neutraliser le Hezbollah après le retrait israélien. Etant donné aussi que le Liban lui-même ne peut se permettre d’accepter aucun règlement s’il n’a pas l’aval de la Syrie… E) Remettre en marche simultanément les volets syrien et libanais au niveau des négociations avec Israël, pour que Damas se rassure et n’aille pas craindre d’être laissé pour compte côté Golan après la libération du Sud libanais. Il serait possible dans ce cas de former une délégation commune syro-libanaise et de lier toute la sauce frontalière du Golan au Sud en passant par la Békaa-Ouest. Telles sont donc en gros les idées qui ont cours actuellement dans les cercles concernés et un diplomate occidental souligne que «Beyrouth ne doit pas se contenter de répondre par un refus simple aux propositions israéliennes et à la soi-disant reconnaissance de la 425 par l’Etat hébreu. Il doit se montrer réaliste et aborder une phase de discussion sur les moyens à mettre en œuvre pour inciter Israël à lui rendre le Sud. Donc les Libanais doivent voir si l’on peut donner au vis-à-vis des assurances autres que verbales, comme la garantie syrienne par exemple ou l’acceptation d’un arbitrage américain. Il ne faut pas que le Liban paraisse tenir plus à la lettre de la 425 qu’à la récupération effective de son territoire…» E.K.
La diplomatie française peut-elle, en symbiose avec les Etats-Unis et avec l’agrément de la Syrie, arranger quelque chose pour le Sud et tout au moins faire redémarrer les pourparlers bilatéraux libano-israéliens? Jusqu’à présent le ministre français des Affaires étrangères, M. Hubert Védrine, tout en réaffirmant l’attachement de la France à l’application de la...