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Actualités - ANALYSE

Plaidoyer pour l'autorisation des manifestations

Les responsables au pouvoir seraient-ils enfin disposés à revenir sur leur décision d’interdire les manifestations? C’est du moins ce que propose le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, à la suite notamment du mouvement de protestation initié par les jeunes et les étudiants lors de l’annulation de l’interview télévisée du général Michel Aoun, l’an dernier. Mais tous les ministres n’approuvent pas la suggestion de M. Murr qui convient pourtant de la nécessité de soumettre les rassemblements et les manifestations à un minimum de contrôle pour des raisons de sécurité. Les ministres opposés à la levée de l’interdiction arguënt, pour justifier leur point de vue, de la conjoncture locale et régionale et de l’éventuelle infiltration de pêcheurs en eau trouble dans les rangs des manifestants. Il suffit ainsi qu’un seul coup de feu soit tiré sur un rassemblement pour que l’incident dégénère et constitue une menace pour la paix civile dans le pays. Apparemment, cette logique ne convainc pas le ministre de l’Intérieur. Selon lui, mieux vaut pour le gouvernement autoriser les manifestations car si celles-ci ont lieu malgré la prohibition officielle, c’est tout le prestige de l’Etat qui serait alors remis en cause. Mais les mouvements de protestation seraient soumis à certaines conditions: les organisateurs devront assumer dans ce cadre la responsabilité de tout désordre et de toute agression contre des biens publics ou privés. Le ministre Murr réitérera donc sa proposition à la prochaine occasion, quitte à s’inspirer des mesures prises à l’époque où feu Kamal Joumblatt était ministre de l’Intérieur. En ce temps-là, nombreuses étaient les manifestations estudiantines, gauchistes et palestiniennes dans les rues de la capitale. Mais Kamal Joumblatt imposait à cet égard des conditions bien précises, en l’occurrence: la présentation d’une demande au ministère de l’Intérieur, trois jours avant la date du rassemblement. Après l’avoir examinée, le ministère convoquait les organisateurs pour convenir du trajet que les manifestants devaient emprunter, et parfois même des slogans qui seraient scandés à cette occasion. Après cela, les organisateurs s’engageaient à assumer la responsabilité de tout dégât infligé à des biens publics ou privés. Ils se chargeaient alors eux-mêmes de contrôler les abus ou les dérapages éventuels aux côtés des Forces de sécurité intérieure. Même si les circonstances sont différentes aujourd’hui, le gouvernement reste maître du jeu. En cas de levée de l’interdiction, il conserve en effet un pouvoir discrétionnaire à cet égard dans la mesure où le ministère de l’Intérieur peut toujours examiner la demande, interdire ou autoriser la manifestation après consultation du Conseil des ministres. On aurait pu permettre sans problème la dernière manifestation en date, les renseignements collectés par les services de sécurité ayant montré que le mouvement était pacifique et que la paix civile n’était nullement menacée. Pour plus de sûreté, les conditions susmentionnées auraient pu être imposées et engager la responsabilité des organisateurs. En conclusion, le ministre Murr trouve plus adéquat d’informer l’opinion publique des motivations de la décision afin que celle-ci ne s’offusque pas d’une éventuelle interdiction susceptible d’être interprétée comme une atteinte aux libertés et à la démocratie. E.K.
Les responsables au pouvoir seraient-ils enfin disposés à revenir sur leur décision d’interdire les manifestations? C’est du moins ce que propose le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, à la suite notamment du mouvement de protestation initié par les jeunes et les étudiants lors de l’annulation de l’interview télévisée du général Michel Aoun, l’an dernier....