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Actualités - OPINION

Vient de paraître "Les hommes damnés de la terre sainte" de Leila Barakat (photo)

«Les hommes damnés de la Terre sainte», de Leila Barakat (223 pages — L’Harmattan, Ecritures arabes) nous rappelle en sa première partie un titre de Frantz Fanon. Mais la comparaison s’arrête là, car la romancière ne verse pas dans l’analyse sociologique pure, et mêle avec fantaisie, fiction et réalité, dans un lyrisme flamboyant sur fond de romance à rebondissements multiples, avec personnages hauts en couleurs et situations dramatiques poignantes qui n’excluent pas le mélo et certains clichés. Pour son quatrième ouvrage après «Sous les vignes du Pays druze», «Le chagrin de l’Arabie heureuse» et «Pourquoi pleure l’Euphrate» l’auteur, fidèle à une inspiration généreuse et à thème, défend une nouvelle cause. Toujours arabe. Celle du problème de l’identité palestinienne, du destin d’être palestinien. Cette fois c’est du rêve de paix qu’il s’agit. Dans cette région embrasée par la guerre et où domine la discorde, un écrivain, comme tout intellectuel concerné par ce qui se passe sur cette planète, tente de jeter la lumière sur un drame humain, social, politique, historique. Une blessure béante qui a l’allure d’un combat à travers une narration qui se voudrait peut-être à la fois témoignage d’une brûlante actualité, analyse d’une situation inextricable, et description d’un pays livré aux vents de l’injustice et de la folie des hommes. Pour cet auteur qui de toute évidence aime les mots, la littérature est prétexte ici à une vision «enflammée» d’une terre sainte où la mort et la violence sont si présentes. Ecoutons plutôt la romancière s’exprimer: «L’homme meurt mais les haines demeurent. C’est l’histoire, assez simple en fait d’une terre à mille peuples et qui n’appartient qu’à Dieu. Mille peuples dont deux, cousins de surcroît à longueur de siècle, ne cessent de revendiquer. Cela dure cent, mille, deux mille ans. Et cela continue. Et cela continuera». Et un peu plus loin Leila Barakat de faire revivre Gaza à travers quelques traits de plume: «Gaza, c’est en fait dix mètres carrés de paix sur lesquels la modernisation essaie de se frayer un timide chemin, faisant rejaillir un peu de technologie sur la tragédie palestinienne». Pour tracer la trajectoire de ceux qui «naissent insignifiants, vivent tourmentés et meurent obscurs» Leila Barakat érige une histoire à suspense, menée un peu lourdement, où dans une somptueuse villa intitulée «Le domaine des oliviers» s’affrontent deux amants terribles Eric et Inès. Arrive Sabreen, fille superbe mais jaillie de la misère et le ménage à trois passe des troubles du cœur et de la chair à ceux des révélations identitaires. C’est l’occasion là pour Leila Barakat de brosser, non sans une certaine naïveté, deux beaux portraits de femmes passionnées et combatives. Ecrit avec l’élan touchant des impénitents mordus de littérature, ce roman à l’écriture peu maîtrisée et aux fioritures appuyées, offre toutefois une vision singulière des femmes palestiniennes dans leur combat au quotidien. Combat où l’amour a toutes les ardeurs et transgresse tous les interdits. Du courage de le dire même en termes des artifices un peu maniérés d’un roman où l’on parle, entre gens du monde, de politique, de misère et de drame de cœur, sur le ton d’un militantisme élégant... Edgar DAVIDIAN
«Les hommes damnés de la Terre sainte», de Leila Barakat (223 pages — L’Harmattan, Ecritures arabes) nous rappelle en sa première partie un titre de Frantz Fanon. Mais la comparaison s’arrête là, car la romancière ne verse pas dans l’analyse sociologique pure, et mêle avec fantaisie, fiction et réalité, dans un lyrisme flamboyant sur fond de romance à ...