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Actualités - ANALYSE

La détente virtuelle entre l'est politique et Damas suscite beaucoup de spéculations

On parle beaucoup en ce moment d’une détente entre Damas et l’Est politique, plus précisément avec les radicaux qui rejettent le système de fait accompli. Mais peut-il y avoir rapprochement effectif, entendre dialogue direct pour dissiper tous les «bruitages parasites» qu’engendre le fait de n’être pas sur la même longueur d’ondes et qui aggravent le clivage… Faudra-t-il plutôt procéder par touches indirectes et amis communs interposés dans le but de mettre sur pied, pour commencer, un Cabinet d’entente intégrant les proscrits, les exclus, les pestiférés… Voudra-t-on cimenter l’union nationale par une équipe bien soudée de leaders solides représentant effectivement les forces vives du pays pour faire échec aux ennemis qui tentent d’exploiter ses faiblesses à l’approche des grandes échéances régionales… Pensera-t-on enfin qu’une telle formule fédérée s’impose à l’heure où il faut choisir un nouveau chef de l’Etat qui doit nécessairement sortir d’une communauté dont l’Est constitue l’actionnaire principal… En d’autres termes les présidentielles permettront-elles de remettre les pendules de Taëf à l’heure, de ressusciter l’entente nationale et de réveiller enfin cette belle au bois dormant désenchantée qu’est le camp chrétien… Commentant ces spéculations un ministre proche de Damas affirme que «les dirigeants syriens sont favorables à l’avènement d’un président qui ait autant la confiance des pôles chrétiens que la leur propre. Il leur importe cependant beaucoup d’être très sûrs de sa loyauté car il ne faudrait pas qu’il songe à trahir les intérêts communs au cas où, à la faveur d’une éventuelle paix régionale, ils seraient amenés à rapatrier leurs unités cantonnées chez nous. Dans ce cas de figure les rapports de force pourraient être modifiés sur le plan régionalo-international et, pour tout dire en clair, il serait ennuyeux que les Américains deviennent ici trop influents…» Ce responsable rappelle que «le président Hafez el-Assad, qualité qui lui est unanimement reconnue, est fidèle à ses amitiés et à ses alliances. C’est bien pourquoi il a initié la prorogation du mandat de M. Elias Hraoui, reconnaissant ainsi les services que ce dernier a pu rendre dans l’exercice de ses fonctions. On se souvient de même combien il était resté lié au président Frangié,ami de longue date, qu’il a soutenu à travers toutes les épreuves, même quand les points de vue politiques n’étaient pas tout à fait concordants. Aussi il est tout à fait improbable que le président Assad accepte l’élection d’un chef de l’Etat libanais qu’il ne connaîtrait pas ou dont il ne saurait pas avec exactitude l’orientation politique ainsi que les dispositions à maintenir une étroite coopération entre les deux pays». Consensus Ce ministre indique que «la liste des présidentiables comprend des personnalités populaires ou admissibles à l’Est mais qui le sont beaucoup moins à Damas et inversement.Mais la Syrie tient, à l’ombre de la présente conjoncture régionalo-internationale, à s’ouvrir aux différentes instances chrétiennes pour que l’élection du prochain président de la République libanaise soit autant que possible le fruit d’un consensus et un gage de bonne entente. Elle entame dans cet esprit des contacts à divers niveaux, aussi bien localement qu’au dehors, notamment avec la France qui devient de plus en plus une amie. Il serait bon en effet que les chrétiens sortent de leur dépression parce que c’est encore le meilleur moyen de redonner l’espoir à tout le pays, les autres Libanais compris. Ceci dans un climat de coopération entre Beyrouth et Damas qui serait désormais compris, accepté et voulu par toutes les composantes de la nation. Un climat de confiance qui permettrait en définitive aux Syriens de retirer leurs forces sans craindre des ratés dans les relations bilatérales qui doivent rester naturellement privilégiées». Ce ministre, qui fait un peu écho au thème nouveau que développe Michel Aoun lui-même, affirme que «les chrétiens ne sont pas hostiles à la Syrie et nous ne cessons de le dire à nos frères syriens. Ils sont prêts à nouer avec elle des relations étroites et loyales. Si elle a l’impression qu’ils ne l’apprécient guère, c’est parce qu’à leurs yeux elle s’est montrée partiale après Taëf, favorisant une communauté déterminée à leurs dépens. Mais cela ne va pas plus loin qu’un sentiment de frustration et, répétons-le, il n’y a ni hostilité irrévocable ni surtout tendance à se laisser influencer par Israël, comme cela a pu se produire pendant les années de guerre, époque noire bien révolue maintenant sur ce plan-là. Donc les choses peuvent assez facilement s’arranger entre les deux parties, dont la bonne volonté est égale». Et de conclure sur une note qui en laisse plus d’un dubitatif: «Toutes les parties, tous les grands électeurs, Syrie en tête, sont désormais convaincus qu’il est de leur propre intérêt que le Liban ait un pouvoir uni et fort…» Il y aurait fort à faire pour y parvenir… E.K.
On parle beaucoup en ce moment d’une détente entre Damas et l’Est politique, plus précisément avec les radicaux qui rejettent le système de fait accompli. Mais peut-il y avoir rapprochement effectif, entendre dialogue direct pour dissiper tous les «bruitages parasites» qu’engendre le fait de n’être pas sur la même longueur d’ondes et qui aggravent le clivage…...