Rechercher
Rechercher

Actualités - DISCOURS

Dans son discours traditionnel devant les membres du corps diplomatique Hraoui dénonce l'obstination d'Israël à ne pas appliquer la résolution 425 "Il faut cultiver chez les jeunes le refus d'abdiquer", souligne le nonce apostolique (photo)

Comme chaque année au lendemain du Nouvel An, le président Elias Hraoui a reçu hier au palais de Baabda les membres du corps diplomatique accrédité au Liban, en présence du chef de la diplomatie Farès Boueiz, du secrétaire général des Affaires étrangères Zafer Hassan, et du doyen du corps diplomatique, le nonce apostolique, Mgr Antonio Maria Veglio. Dans son discours traditionnel prononcé à cette occasion, le chef de l’Etat a dénoncé une nouvelle fois «l’obstination d’Israël à refuser l’application de la résolution 425» du Conseil de Sécurité, soulignant qu’une telle obstination signifie que l’Organisation des Nations Unies risque de «perdre son rôle» du fait qu’elle paraît «impuissante» à obtenir l’application des résolutions en rapport avec le Liban. De son côté, le nonce apostolique a souligné, dans son allocution, que le «refus d’abdiquer» manifesté par les Libanais durant les seize années de guerre devrait être «cultivé chez les jeunes pour qu’ils contribuent à consolider l’unité de la nation et pour qu’ils ne se considèrent pas comme des exclus». «On ne saurait trop insister sur ces forces vives qui se présentent, naturellement, comme la caution de l’avenir du pays», a ajouté le Nonce Apostolique qui a précisé, sur un autre plan, que «la crédibilité internationale n’est pour aucun pays un privilège acquis une fois pour toute». «Elle est le fruit d’efforts permanents dont la source se trouve dans les aspirations profondes d’un peuple», a poursuivi le Nonce Apostolique. Voici le texte intégral du discours du président Hraoui (les intertitres sont de la rédaction): «Monsieur le doyen du corps diplomatique, «Nous sommes heureux de vous accueillir pour la première fois parmi nous; et nous vous remercions des sentiments nobles que vous venez d’exprimer à notre égard et envers notre patrie, le Liban, en votre nom et au nom de tout le corps diplomatique. «Messieurs les ambassadeurs, «Les réalisations concrètes, enregistrées dans notre pays, font que nous sommes fiers d’être des Libanais, et que vous êtes fiers d’avoir été accrédités par vos gouvernements auprès d’un pays qui a prouvé qu’il était plus fort que la mort. «Car le Liban, qui est grand de par son histoire, demeurera grand de par son ouverture sur le futur. «Une attention internationale remarquable lui a été réservée durant l’année 1997; en témoignent la visite du souverain pontife, Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, dont a bénéficié cette année notre pays, ainsi que celles des chefs d’Etat et de grands responsables des pays voisins, d’Europe, des Etats-Unis, d’Asie, d’Afrique, et des organisations panarabes et internationales. «Beyrouth a resplendi de mille lumières. Ville-hôte de nombreux congrès mondiaux et arabes dans le domaine de la médecine, des sciences, de l’économie, des finances et de la culture, elle a également accueilli des expositions artistiques et des championnats sportifs. Ainsi la VIIIe session des Jeux panarabes s’est déroulée sur notre sol, et nous nous préparons à accueillir le championnat de la Coupe d’Asie de football de l’an 2000. «Par ailleurs, le Liban a aussi réussi à consolider cette année son rôle actif dans le monde; nous mentionnons à titre indicatif sa participation au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement francophones à Hanoï, ainsi qu’à la VIIIe Conférence des Etats islamiques à Téhéran, et aux différentes tribunes arabes, régionales et internationales. «Messieurs les ambassadeurs, «La reconnaissance générale des progrès réalisés au Liban, au niveau de la sécurité et de la stabilité intérieures, a encouragé les Etats-Unis à lever l’interdit sur le voyage de ses ressortissants dans notre pays, et à rayer le nom du Liban de la liste des pays producteurs de drogue. «Dans ce contexte, permettez-nous de revendiquer à haute voix le respect des promesses faites à notre pays quant au soutien des cultures de substitution. «Ceci est notre droit. «Non que nous ayons arrêté la culture des interdits pour obtenir ce soutien. Si l’Etat a réussi à éradiquer la culture des narcotiques de notre sol, c’est que nous sommes contre la drogue et ses ravages, plus terribles que le crime même. Edifier l’Etat civil «Messieurs les ambassadeurs, «Nous œuvrons à l’intérieur en vue d’édifier l’Etat civil, fondé sur les principes de la démocratie et le respect des libertés publiques et des droits de l’homme. «Notre pays a pratiqué les mœurs démocratiques au Moyen-Orient, avant même la naissance de plusieurs Etats dans la région. Et nous sommes parfaitement conscients que, sans la démocratie, notre unité nationale et nos liens sociaux risquent d’être ébranlés. «Cependant, permettez-nous ici d’attirer votre attention sur le fait que la démocratie est en crise dans le monde entier, et que nous sommes tous appelés à moderniser notre pratique de la démocratie. «Messieurs les ambassadeurs, «Vous vivez avec nous et constatez certes les efforts que nous déployons en vue de stimuler la croissance économique. «Nul besoin de vous répéter que nous tenons à ce niveau à certaines constantes: l’attachement à l’économie libérale, au secret bancaire, à la garantie et à l’immunité accordées aux investissements et aux capitaux, et à leur facilité de circulation. Et nul besoin de vous redire ici notre souci de veiller à ce que notre pays ne serve point de lieu de blanchiment de l’argent. «Nous appelons les frères et les amis à placer et à investir davantage des fonds dans notre pays. «Car en dépit de la lourdeur des charges, vous considérez certes avec nous l’importance des actions entreprise dans le domaine du développement social; et nous sommes fiers de souligner ici les progrès enregistrés au niveau des droits de la femme, de la sauvegarde de la famille et des valeurs qu’elle représente, de la protection de l’enfance, ainsi que dans le secteur de la santé publique. «Messieurs les ambassadeurs, «Pourquoi faut-il adopter deux poids, deux mesures? «Nous respectons, de par nos convictions mêmes, la légitimité internationale et ses résolutions, mais nous constatons par contre une indifférence quant aux atteintes portées à la souveraineté du Liban et à sa sécurité. «Tout le monde se prévaut de la Démocratie. «L’attitude d’Israël, qui, sous prétexte d’un changement de gouvernement récuse ses engagements et agit à l’encontre des traités et des conventions internationaux, relève-t-elle de la démocratie; sachant que le gouvernement israélien qui a participé à la Conférence de Madrid appartient au parti du Likoud, et que le gouvernement actuel est sous l’égide du même parti? «Comment Israël peut être un Etat démocratique qui croit à la paix, et refuser de signer la convention de l’interdiction de prolifération des armes de destruction massive? Nous sommes contre la prolifération des armes de destruction massive; ce qui veut dire que nous sommes contre cette prolifération dans toute notre région et dans le monde entier. Les sacrifices de la FINUL «L’obstination d’Israël à refuser l’application de la résolution 425 et les autres résolutions des Nations Unies, ne signifie pas seulement qu’Israël viole les résolutions de l’Organisation Internationale mais signifie aussi que cette Organisation risque de perdre son rôle, du fait même qu’elle sert de couverture à l’application des décisions internationales là-bas, et paraît impuissante ici. «Nous apprécions certes les nombreux sacrifices des forces internationales au Liban-Sud, et remercions les Etats auxquels appartiennent leurs contingents; néanmoins, nous nous interrogeons sur le fait de savoir pourquoi ces forces ne bénéficient-elles pas de l’immunité nécessaire à leur protection et à l’accomplissement de leur mission, conformément au texte même de la résolution 425? «Israël persiste dans ses arrestations et ses agressions quotidiennes contre nos concitoyens, et va jusqu’à perpétrer les massacres des enfants et des femmes, dans la zone même de déploiement des Forces internationales; d’ailleurs le sang vivant des innocents du Cana continue à en témoigner. «Où est la conscience internationale? «Où est la légitimité internationale? «Où sont les partisans de la paix? «Nous sommes pour une paix juste et globale. «Nous vous disons sincèrement, Messieurs les Ambassadeurs, qu’Israël a bloqué le processus de paix dans notre région, parce qu’Israël recherche une paix qui ménage ses propres intérêts et non la paix juste. «Transmettez à vos pays que nous ne sommes point de ceux qui se laissent décourager et céder, et que nous sommes les partenaires du droit, de la dignité et de la légitimité internationale. «Messieurs les Ambassadeurs, «Au seuil du troisième millénaire, il est grand temps de passer de la parole juste à l’action juste. «Le siècle nouveau a besoin d’un éveil des valeurs; des valeurs de droit, de justice et de paix. «Et le Liban restera un promoteur de ces valeurs. Vive la Paix. Vive le Liban». Le discours du Nonce Apostolique Voici par ailleurs le texte du discours prononcé par le nouveau Nonce Apostolique (qui a récemment pris en charge ses fonctions à Beyrouth): «Au nom des chefs de mission diplomatique, j’ai l’honneur de présenter à Votre Excellence et, en votre personne, à tous les Libanais, nos vœux les meilleurs pour l’année 1998. Vœux de réussite dans tout ce que vous-même, en union avec le peuple libanais, entreprenez chaque jour avec courage pour la sécurité et la paix ainsi que pour assurer à tous une vie juste et digne. «Ce sont-là des souhaits d’amitié sincère que le corps diplomatique vous exprime, conscient de la place et du rôle particuliers que votre pays tient dans cette région et dans le monde. «Je ressens tout l’honneur qui m’échoit en m’adressant pour la première fois à Votre Excellence dans mes fonctions de doyen du corps diplomatique. Mais bien qu’arrivé il y a peu de temps, je ne me sens pas du tout étranger à ce cher pays. «Tous, nous avons, hélas, connu les malheurs qui l’ont frappé, nous en avons suivi l’évolution dramatique et il nous a été donné d’admirer, malgré tout, les vertus de son peuple. «Notre tâche, aujourd’hui, est de partager, de près et avec vous, votre vie, avec ses espoirs et ses difficultés, et dans la mesure de nos possibilités et de vos souhaits, de vous aider à construire l’avenir. «Vous avez subi et vécu une tourmente dont les lourdes conséquences se font encore sentir, mais votre recherche de la sérénité et de la paix, vos efforts pour rebâtir les assises de votre convivialité pluriséculaire, confirment, jour après jour, la crédibilité internationale du Liban. «L’inoubliable visite du saint-père ainsi que celle d’éminents chefs d’Etat et de gouvernement, ou de leurs représentants, le soutien et l’appui qu’ils vous apportent montrent, finalement, que le Liban reprend la place qui lui revient dans le concert des nations. «Or cette crédibilité internationale n’est, pour aucun pays, un privilège acquis une fois pour toutes. Elle est le fruit d’efforts permanents dont la source se trouve dans les aspirations profondes d’un peuple. La participation des jeunes au destin politique «Dans le processus de mondialisation que tout pays affronte aujourd’hui, la confiance dans l’avenir semble reposer sur deux données majeures: une économie équilibrée d’une part, une forte cohésion et solidarité intérieure d’autre part. Nous sommes tous témoins des efforts consistants déployés pour reconstruire et rénover l’infrastructure de votre pays et nous espérons vivement que ces grands travaux de modernisation auront, dans un futur proche, un impact bénéfique sur l’économie, dont tous les fils de ce pays pourront profiter. «Les épreuves vécues seize années durant et les sacrifices consentis, témoignent de la capacité de dépassement ancrée au cœur des Libanais. Ce vouloir-vivre, si caractéristique, ce refus d’abdiquer, nous souhaitons les voir toujours cultivés chez les jeunes pour qu’ils contribuent à consolider l’unité de la nation et pour qu’ils ne se considèrent pas comme des exclus. «On ne saurait en effet trop insister sur ces forces vives qui se présentent, naturellement, comme la caution de l’avenir du pays. Leur éducation, leur formation civique et professionnelle, leur intégration sociale et leur participation au destin politique national reposent sur les orientations fondamentales des dirigeants, sur leur souci de construire une solidarité éthique, seule garante du statut à la fois national et international du Liban. «Monsieur le président, «Qu’il me soit permis de citer quelques mots de Sa Sainteté Jean-Paul II, que tous les Libanais ont si chaleureusement accueilli au mois de mai dernier. «Dans son message pour la XXXIe Journée Mondiale de la Paix, célébrée le 1er janvier, le saint-père déclare que «c’est de la justice de chacun que naît la paix pour tous». S’adressant aux Chefs d’Etat et aux Responsables des Nations, il rappelle que c’est à eux qu’est confiée la tâche suprême de veiller sur l’état de droit dans leur pays et formule le vœu que «les réglementations (...) constituent pour les populations une garantie de justice et un stimulant pour un développement constant de la conscience civique». «Dans l’entreprise de reconstruction nationale, vous demeurez, Monsieur le président, le garant de l’équilibre convivial, qui nécessite en permanence votre bon vouloir et votre abnégation, ainsi que le maître d’œuvre d’un Liban dont la grandeur se mesure aux vertus et à la créativité de son peuple pacifié. «Qu’au seuil de cette nouvelle année, Dieu vous accorde, ainsi qu’à votre famille et à votre Pays, la réalisation des souhaits déférents de bonheur et de succès que le corps diplomatique vous exprime par ma voix. Merci, Monsieur le président».
Comme chaque année au lendemain du Nouvel An, le président Elias Hraoui a reçu hier au palais de Baabda les membres du corps diplomatique accrédité au Liban, en présence du chef de la diplomatie Farès Boueiz, du secrétaire général des Affaires étrangères Zafer Hassan, et du doyen du corps diplomatique, le nonce apostolique, Mgr Antonio Maria Veglio. Dans son discours...