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Actualités - CHRONOLOGIE

Audiovisuel : consensus difficile en conseil des ministres aujourd'hui

Le Conseil des ministres ordinaire qui se réunira aujourd’hui au palais gouvernemental de Sanayeh est appelé à plancher sur un dossier particulièrement épineux: celui des programmes politiques diffusés par satellite en direction de l’étranger et qui provoque de gros remous (VOIR PAGE 2). Le gouvernement se trouvera à ce sujet face à l’alternative suivante: soit interdire purement et simplement toute émission à caractère politique retransmise en direct par satellite (sans censure préalable), soit autoriser de telles émissions, les chaînes privées devant alors assumer la responsabilité de toute violation des dispositions de la loi sur l’audiovisuel. Le chef du gouvernement Rafic Hariri serait favorable à la première option alors que plusieurs ministres semblent être farouchement opposés à l’adoption d’une stratégie «préventive» en matière de programmes politiques diffusés par satellite. Au cours d’un iftar qu’il a donné hier soir en sa résidence de Koraytem, le premier ministre a précisé sa position à ce sujet en soulignant qu’il existe «une grande différence entre la liberté à l’intérieur du territoire libanais et la liberté à l’extérieur du territoire libanais». Le chef du gouvernement a ajouté, pour expliciter son point de vue, que «nous sommes entourés de pays qui ont des coutumes et des traditions qui sont différentes des nôtres et qui différent fondamentalement de nos traditions politiques et de notre système parlementaire démocratique». En d’autres termes, le Liban devrait adapter une partie de sa politique médiatique en fonction, non pas de la législation et des traditions libanaises, mais plutôt du système en vigueur dans les pays arabes (notamment du Golfe) susceptibles de capter les programmes libanais. La décision que le Conseil des ministres serait appelé à prendre aujourd’hui au sujet des émissions par satellite tournera autour de ce point fondamental. Le débat risque d’être houleux lors de cette séance du Cabinet qui se tiendra sous la présidence de M. Hariri et un consensus sera difficile à trouver. Le ministre de l’Information Bassem el-Sabeh présentera à cette occasion un long exposé sur l’expérience passée au niveau des émissions satellitaires. A l’issue d’un entretien qu’il a eu hier à ce propos avec le premier ministre, M. Sabeh devait lancer une virulente attaque contre certains médias qu’il a accusés «d’exploiter le problème de l’information pour atteindre d’autres objectifs». «Celui qui possède un média, a souligné le ministre de l’Information, n’a pas le droit de l’exploiter pour porter préjudice à la dignité des gens et défier l’Etat. Nul, quel qu’il soit, n’est en mesure de prendre des initiatives contre la volonté de l’Etat». Le problème des programmes politiques retransmis par satellite a été remis sur le tapis, rappelle-t-on, à la suite de l’affaire du talk-show télévisé de dimanche dernier avec le député Najah Wakim, sur les ondes de la LBC. Compte tenu des positions en flèche adoptées par M. Wakim à l’égard du Cabinet Hariri, le gouvernement a tenté d’interdire la diffusion de cette émission en direct à destination de l’étranger. L’Exécutif a dû cependant faire marche arrière à ce sujet à la suite du tollé général provoqué par cette velléité d’interdire la retransmission du talk-show par satellite. Diverses sources d’information ont affirmé au cours des dernières quarante-huit heures que l’assouplissement manifesté par le Cabinet Hariri sur ce plan n’était qu’apparent et que l’Exécutif pourrait décider au cours du Conseil des ministres (aujourd’hui) de suspendre les licences relatives à la diffusion d’émissions politiques par satellite. Seules la LBC et la Future Television (appartenant à M. Hariri) sont en mesure et sont autorisées officiellement à émettre régulièrement par voie satellitaire. Selon les milieux de l’opposition, M. Hariri chercherait par divers moyens à priver la LBC de ce droit. L’ensemble de ce dossier a été au centre de l’entretien que M. Hariri a eu hier soir avec le chef du Législatif, Nabih Berry, à la résidence de ce dernier, à Aïn el-Tiné. A l’issue de la rencontre, le premier ministre s’est refusé à toute déclaration, se contentant de souligner qu’il avait évoqué avec M. Berry le problème du projet de loi sur le Budget 98. Mais de source digne de foi, on affirme que l’affaire de l’audiovisuel a bel et bien été évoquée au cours de cette entrevue. Les milieux proches du chef du Législatif ont refusé de fournir le moindre détail sur la teneur de la rencontre avec M. Hariri, se contentant de souligner que M. Berry est favorable «au respect des libertés et à l’application de la loi». Publiquement, les sources du chef du gouvernement affirment que M. Hariri ne présentera pas aujourd’hui en Conseil des ministres une proposition visant à suspendre les programmes politiques diffusés par satellite. En réalité, tout en étant favorable à une telle mesure, M. Hariri désirerait que la décision à ce sujet soit prise par le Conseil des ministres afin que ce ne soit pas lui, mais le gouvernement, qui assume la responsabilité de cette option. Dans un tel contexte, quelle sera la position qu’adopteront aujourd’hui les ministres proches de M. Berry ? Jusque tard en soirée, il n’a pas été possible d’apporter des éléments de réponse à cette question. La position du chef du Législatif pourrait être déterminante pour l’issue du débat qui ne manquera pas d’être engagé au cours de la séance du cabinet, cet après-midi. En tout état de cause, trois ministres au moins, MM. Boueiz, Frangié et Talal Arslane ne cachent pas leur opposition aux mesures préconisées par le chef du gouvernement. La position publique de Hariri En tout état de cause, le chef du gouvernement a exposé une nouvelle fois sa position publique concernant ce dossier au cours de l’iftar qu’il a donné hier soir à sa résidence de Koraytem. M. Hariri a repris ses traditionnels arguments sur ce plan, affirmant que la polémique dont le pays est le théâtre depuis quelque temps au sujet de l’information, notamment audiovisuelle, revêt «un caractère politique et n’est nullement liée au problème des libertés». «Nul n’ignore que les libertés au Liban sont garanties par la Constitution». «Aucun gouvernement, aucune fraction, aucun ministre ou aucun député ne sont en mesure de mettre un terme à la liberté d’expression» au Liban, a affirmé le premier ministre. Après avoir rappelé que son précédent gouvernement avait présenté à la Chambre un projet de loi portant amendement du décret législatif 104 sur la presse écrite, M. Hariri a affirmé que «certaines parties ne veulent pas respecter la loi». «Les libertés publiques sont garanties par la Constitution et tous les médias en bénéficient dans le cadre du territoire libanais, a précisé M. Hariri. Mais le problème qui se pose aujourd’hui est tout autre, a-t-il indiqué. Il sera soumis demain (aujourd’hui) au Conseil des ministres». Le chef du gouvernement a défini sur ce plan la logique sur laquelle il se base pour tenter d’interdire les programmes politiques diffusés en direct par satellite. «Le Liban est-il en mesure de s’octroyer le droit de pénétrer dans les foyers d’autrui par le biais des médias audiovisuels, a déclaré le premier ministre. Nous sommes des Arabes, nous parlons la langue arabe, nos institutions médiatiques utilisent la langue arabe. Nous sommes entourés de pays qui ont leur propre système, leurs traditions, et leurs coutumes qui sont différentes des nôtres et qui différent de nos traditions politiques et de notre système parlementaire démocratique». «Compte tenu de ces données, le Conseil des ministres devra assumer ses responsabilités demain (aujourd’hui), a poursuivi M. Hariri. Il devra préciser s’il assume la responsabilité que les médias audiovisuels puissent s’ingérer dans les affaires des pays arabes. Nous ne voulons nullement porter atteinte aux libertés. Mais il existe une grande différence entre la liberté à l’intérieur du territoire libanais et la liberté à l’extérieur du territoire libanais. Il n’est pas concevable que les intérêts supérieurs du pays soient placés entre les mains de certaines fractions dont le passé et les liens n’échappent à personne. La souveraineté de l’Etat et ses relations arabes sont primordiales». Le premier ministre a par ailleurs reconnu implicitement que des considérations politiques d’ordre interne sont à la base de sa volonté d’interdire les programmes politiques par satellite. «Le drame de ce pays, a-t-il déclaré, est que, sous le couvert de la liberté, certaines fractions n’ont pas foi dans ce système et ne désirent pas que le pays poursuive sur la même voie. Certaines fractions ont des liens avec l’extérieur et elles sont opposées à l’orientation politique actuelle dans le pays. Elles sont opposées aux relations avec la Syrie, à l’accord de Taëf et aux pratiques du pouvoir». Et pour conclure, M. Hariri a dénoncé ceux qui tentent de donner l’impression que «rien ne va dans le pays»...
Le Conseil des ministres ordinaire qui se réunira aujourd’hui au palais gouvernemental de Sanayeh est appelé à plancher sur un dossier particulièrement épineux: celui des programmes politiques diffusés par satellite en direction de l’étranger et qui provoque de gros remous (VOIR PAGE 2). Le gouvernement se trouvera à ce sujet face à l’alternative suivante: soit interdire...