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Actualités - DISCOURS

Messages du catholicos d'Arménie et de Cilicie à l'occasion de la Noël et de l'Epiphanie arméniennes Aram I : impossible d'imaginer le Liban sans liberté

Dans son message adressé aux arméniens orthodoxes, le catholicos de Cilicie, Sa Sainteté Aram I, a rappelé la nécessité de respecter «les principes moraux dans nos écoles et toutes nos institutions». Pour le prélat, il est «impossible d’imaginer le Liban sans liberté! La liberté ne peut être pour nous, Libanais, un sujet de discussion ou de négociation, parce que c’est la liberté qui fait le Liban», a-t-il ajouté. Voici le texte intégral du message du catholicos: «La naissance de Dieu à Bethléhem est une invitation à un retour vers Dieu; c’est là le mystère et le message éternel de Bethléhem. Ce retour à Dieu, en d’autres termes ce retour à l’authenticité humaine fut une expérience vécue par Saint-Paul, le grand apôtre et le plus grand messager de Bethléhem. Après la Résurrection et l’Ascension du Christ, les apôtres chargés de porter Son Evangile au monde ainsi que leurs fidèles furent en butte à de terribles persécutions inspirées pour la plupart par Saul de Tarse. Et un jour, lorsque celui-ci se rendait à Damas pour y organiser de nouvelles exactions, il entendit une voix céleste: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?. Saul s’étonna: «Qui est-tu?» et la voix répondit: «Je suis Jésus que tu persécutes» et les yeux de Saul s’éteignirent à la lumière. Selon les Actes des Apôtres, Jésus apparut en rêve à Ananie, un de Ses disciples et lui enjoignit de rejoindre Saul et de le guérir de sa cécité. Ananie obéit, Saul recouvra la vue et devint Paul; le plus grand persécuteur du Christ devint le meilleur propagateur du message de l’Evangile. En suivant la voie du Christ, Paul découvrit en lui l’homme nouveau, l’homme authentique, l’homme créé à l’image de Dieu. La mission apostolique et les lettres pastorales de Paul comportent ce message fondamental: «Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s’achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l’image de son Créateur.» (Col. 3:10) Voici donc le but de l’incarnation de Dieu. Dieu vint au monde afin de chercher la brebis égarée, afin de dépouiller l’homme de l’ancien et du faux, afin de renouveler et de redresser l’homme créé à Son image, le rendant à sa vocation véritable, à son humanité authentique. Dieu avait doté l’homme de raison afin de le différencier des autres créatures et de lui permettre de reconnaître le bien et le mal. Or l’homme avait choisi le mal. Le Créateur avait fait à l’homme le don de liberté, d’une liberté responsable, conditionnée par l’obligation de Lui rendre compte de sa vie et de ses actes. Or l’homme était devenu égocentrique et avait érigé la création en monopole. L’homme avait été désigné par Dieu comme Son «associé» (ICor. 3:9), comme gardien de Sa création. Or l’homme avait utilisé le monde confié à ses soins à ses fins propres, pour sa propre gloire. Autrement dit, l’être humain avait trahi sa nature divine et sa vocation et avait abusé des grâces divines. L’homme s’était éloigné de Dieu. C’est sur ce fond qu’il faut considérer l’événement de Bethléhem; c’est dans ce cadre qu’il faut évaluer la descente sur terre de Dieu qui assuma la nature humaine. «Et le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous». (JEAN, 1: 14) Et ce pourquoi? Pour le Verbe qui existait de toute éternité l’incarnation n’était pas indispensable; mais son entrée dans l’histoire devint un impératif indispensable pour sauver l’être humain perdu sur les chemins du péché et de la mort. Dieu incarné vint apporter ce message: «Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait». (MATT., 5: 48). L’homme ne pouvait être parfait mais, créé à l’image de son Créateur, l’imparfait, comme fils adopté, pouvait entrer en relation avec le Parfait. Un défi lancé à l’homme Le Christ vint au monde pour dire à l’homme «Je suis venu pour que tu aies la vie et que tu l’aies en abondance» (JEAN 10: 10). La vie éternelle n’appartient qu’à Dieu; mais à l’homme éloigné de cette vie et vivant sous l’emprise du péché, le Fils de Dieu apportait «en abondance» la vie, cette vie authentique, marquée du sceau divin que le Seigneur avait offerte au premier homme. Par Son Fils Unique Dieu vint au monde afin de ramener l’homme à ses racines, à son identité et à sa vocation authentiques. Bethléhem est donc un défi lancé à l’homme de tous les temps pour qu’il accepte le Christ, le Fils de Dieu comme la source et le but de sa vie, comme l’unique et l’absolue vérité de sa vie, comme la véritable voie de sa vie. * ** Dans ce siècle d’immenses progrès scientifiques nous oublions trop souvent que l’être humain n’existe que par Dieu et pour Dieu qui est l’Alpha et l’Omega de sa vie. Nous avons marginalisé Dieu dans notre vie; le centre de la vie humaine est occupé par l’homme lui-même qui en est devenu aussi le but. Il faut chercher la cause des crises et des maux de notre monde d’aujourd’hui dans l’effort de l’homme à devenir le centre du monde et de se suffire à lui-même. Pour satisfaire ses plaisirs et assurer des gains immédiats l’homme détruit les forêts, utilise abusivement l’eau des mers et des rivières, exploite la nourriture et les richesses naturelles de la planète d’une manière telle que selon les prévisions scientifiques, d’ici seulement cinquante ans, le monde risque de se trouver en proie à la famine et à la destruction. Or les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés dans notre environnement ne sont pas seulement écologiques mais essentiellement éthiques et théologiques, dus à l’éloignement de l’homme du message divin. Et il y a plus grave; se suffisant à lui-même, l’homme s’est mis à chercher les vérités dans son intérêt immédiat. L’échelle des valeurs et des vérités a été faussée. L’agréable, l’aisé et l’immédiat sont devenus les critères de la recherche de la valeur et de la vérité. Très souvent l’intérêt personnel dépasse l’intérêt commun, le temporel surpasse le permanent, l’écorce revêt plus de valeur que le fruit et le superficiel transcende l’authentique. Intégrité morale et liberté Même spectacle ici au Liban. Nous nous trouvons dans une conjoncture décisive de notre histoire. Cette étape de notre existence est définie comme une transition, une période de reconstruction, de redressement, de réhabilitation, du rétablissement de l’intégrité et de la souveraineté nationales. Nous apprécions et encourageons tous les efforts visant le renforcement de l’unité nationale, de l’autorité de l’Etat et de la souveraineté du Liban. Mais nous avons deux soucis fondamentaux que nous souhaitons voir partager par tous les responsables et par chaque Libanais: a) L’intégrité morale: Les principes éthiques constituent la base fondamentale et essentielle de toutes les religions, particulièrement du Christianisme et de l’Islam. Notre vie doit être guidée par les principes éthiques clairement exposés dans l’Evangile et dans les enseignements de l’Eglise. La richesse d’une société n’est pas dans ses seules ressources matérielles, dans sa productivité quantitative, dans ses progrès scientifiques mais essentiellement dans la qualité de sa vie et dans sa moralité. Selon un grand historien l’Empire Romain s’est écroulé parce que les Romains eux-mêmes s’étaient moralement écroulés. Les principes moraux doivent donc sous-tendre notre vie individuelle et nationale. Nos écoles et toutes nos institutions doivent les respecter. La manière de vivre, des idées exprimées et certaines pratiques qui se manifestent dans différents domaines de notre vie publique doivent se conformer aux directives éthiques. La jeune génération surtout doit être éduquée dans un environnement social imbu de saine moralité, moralité qui n’isole pas l’homme mais qui l’engage avec un esprit d’ouverture en un dialogue constructif et enrichissant avec l’autre. b) La liberté responsable et comptable: La liberté n’est pas un principe de droit humain mais essentiellement un don divin. Mais cette liberté offerte par Dieu est une liberté responsable, une liberté qui engage l’homme à être comptable avant tout envers Dieu et puis envers l’Etat et les autres hommes. Impossible d’imaginer le Liban sans liberté! La liberté ne peut être pour nous Libanais un sujet de discussion ou de négociation, parce que c’est la liberté qui fait le Liban. L’Etat qui est la manifestation de la volonté et de la décision du peuple se doit d’être le garant et le gardien des libertés tout comme le citoyen est tenu à traiter ses propres libertés avec responsabilité en premier lieu envers lui-même, ensuite envers ses concitoyens et enfin envers le Liban. Moralité et liberté… piliers fondamentaux sur lesquels doit se reconstruire le Liban. Moralité et liberté, le deux forces qui constituent l’identité même et l’authenticité même du Liban. Si l’Occident sépare la moralité de la liberté, pour nous ces deux principes sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement. L’éthique religieuse fait partie intégrante de notre vie et les libertés sociales, économiques et politiques doivent se conformer aux valeurs spirituelles et morales. La naissance du Christ est un défi adressé à l’humanité de redécouvrir son authenticité et d’être comptable envers Dieu, la source et la cause de son existence.
Dans son message adressé aux arméniens orthodoxes, le catholicos de Cilicie, Sa Sainteté Aram I, a rappelé la nécessité de respecter «les principes moraux dans nos écoles et toutes nos institutions». Pour le prélat, il est «impossible d’imaginer le Liban sans liberté! La liberté ne peut être pour nous, Libanais, un sujet de discussion ou de négociation, parce que...