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Actualités - DISCOURS

Dressant le bilan de 1997 Hraoui reproche aux chrétiens leurs protration

Le président de la République a dressé hier, devant les journalistes accrédités à Baabda, un court bilan de l’année 1997, dans lequel il a souligné toutes les réalisations qu’il juge positives et que certains s’obstinent à nier, a-t-il fait valoir. Il a notamment reproché aux chrétiens leur «prostration» et les a appelés à «s’aider eux-mêmes».

De la visite du pape, à celle du ministre des Affaires étrangères de la Chine, le chef de l’Etat a souligné l’importance des efforts visant à sortir le Liban de l’oubli international où l’avait plongé la guerre. Et de citer, pêle-mêle, les visites du président italien, du prince héritier d’Arabie Séoudite, de l’émir du Koweit, tandis que le Liban attend les visites des présidents roumain, brésilien et argentin, ainsi qu’une nouvelle visite du président Chirac. «Toutes ses visites ne sont-elles pas plutôt un signe de santé?», s’est interrogé M. Hraoui, qui a critiqué ceux qui affirment que «le Liban agonise».
«La visite de Madeleine Albright, la levée de l’interdit frappant le voyage des Américains au Liban, la suppression du nom du Liban de la liste des pays producteurs de drogue ne sont-ils pas des progrès?», s’est encore interrogé le chef de l’Etat, qui a conclu ce volet de son dialogue avec les journalistes en déclarant de but en blanc: «Dire que le Liban agonise, c’est involontairement faire le jeu d’un Israël qui, en 1975, a manipulé tous les Palestiniens en les persuadant de prendre le Liban et d’en faire une patrie de substitut à la Palestine (...) A ceux qui ont quitté le pays parce qu’ils considèrent que le Liban a disparu, nous répondons en réinstituant la confiance dans le Liban».
Au nombre des réalisations de l’année 1997, le chef de l’Etat a cité la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous, due en partie aux bons offices de l’Administration américaine. M. Hraoui a assuré toutefois que pour obtenir cette réouverture, l ’Etat n’a engagé aucun dialogue avec l’«Armée du Liban-Sud». «Cette réouverture n’est pas non plus un début de solution du problème de l’occupation israélienne du Sud», a encore souligné M. Hraoui.

Les opposants de l’extérieur

Ce n’est pas tant l’existence d’une opposition qui gêne le chef de l’Etat, que sa volonté, selon lui, de détruire les institutions. «L’Etat, a-t-il affirmé, est là aussi bien pour le loyaliste que pour l’opposant». «J’entends dire aujourd’hui que ceux qui se trouvent à l’étranger sont la planche de salut. Mais ils ont tous tâté du pouvoir. Qui donc les a obligés à quitter le pays et, s’ils se sont exclus eux-mêmes du pays, où est notre faute?», a-t-il dit.
Et le chef de l’Etat d’inviter l’ancien président de la République Amine Gemayel à regagner son domicile à Sin el-Fil. «Il a droit à dix gardes, il peut les avoir», a-t-il lancé , avant de souligner que le leader du Bloc national, M. Raymond Eddé, a lui-même posé des conditions impossibles à sa rentrée au pays — retrait des armées israélienne et syrienne —, et montré par là «qu’il ne veut pas rentrer».
En ce qui concerne le général Michel Aoun, le chef de l’Etat a affirmé qu’il souhaitait que l’entretien qu’il devait accorder à la MTV ait lieu, tout en affirmant qu’il fallait le confronter avec deux contradicteurs «qui lui auraient posé les trois ou quatre questions pertinentes qu’il faut». «Ainsi, ces contradicteurs auraient demandé raison au général Aoun de sa décision d’envoyer un groupe des services de renseignements en Israël, et un autre en Syrie, ou l’auraient interrogé sur le sort de l’argent collecté» (lors de son passage à la présidence du Conseil).
Par ailleurs, le chef de l’Etat s’est félicité du dépôt séoudien de 600 millions de dollars, et s’est étonné que certains aient «politisé»  ce geste louable. «Pourquoi ne poussait-on pas de hauts cris quand les capitaux affluaient de Suisse, de France, de Grande-Bretagne et d’Amérique, attirés par les taux d’intérêt élevés sur la livre?» s’est-il exclamé.
«Dieu merci, ce fonds est placé à un taux d’intérêt de 5%, pour une durée de trois ans, et le Liban pourra le placer comme il l’entend. C’est une marque de confiance», a conclu à ce sujet M. Hraoui.
Le chef de l’Etat a poursuivi:«Qu’ai-je l’intention de faire au bénéfice des chrétiens à la fin de mon mandat, me demandez-vous? D’abord, il est demandé aux chrétiens de s’aider eux-mêmes. Pour quelle raison sont-ils plongés dans cet état de prostration? Je suis moi-même chrétien maronite, me voyez-vous prostré? Ais-je eu honte de me rendre au congrès islamique, en Iran, et de me dresser devant des personnalités représentant 1,250 milliard de musulmans et de leur dire que je suis un chrétien du Liban, et que le Liban se compose de musulmans et de chrétiens, et que le président de la République libanaise est censé participer à ce congrès?».

Les municipales

Enchaînant sur la question des municipales, le chef de l’Etat a ajouté: «Vous vous demandez ce que vont être les municipales, et quelles garanties offrent-elles que l’équilibre communautaire sera respecté. Je rappelle que lorsque j’ai proposé que des édiles municipaux soient nommés, dans certaines villes, je voyais plus loin que le bout de mon nez, et que j’ai été le premier à m’en ouvrir aux chrétiens, et je n’ai pas besoin de dire lesquels. Mon intention était de préserver l’entente nationale dans certaines villes, et dans Zahlé pour commencer, ce n’était pas pour qu’Elias Hraoui ait des hommes dans la place, mais pour sauvegarder l’unité nationale (...) Mais maintenant que le Parlement a décidé qu’il ne voulait pas de nominations, je souhaite que tous les villes et villages du Liban prennent conscience que le Liban ne peut vivre qu’avec ses deux composantes, en attendant que le système tout entier change (...) Mais lorsque j’entends aujourd’hui certains réclamer des garanties, force est de leur répondre que lorsque j’ai proposé des garanties, elles ont été rejetées. Le Parlement  étant souverain, je me devais de me plier au principe de la séparation des pouvoirs».

Amender la Constitution

Le chef de l’Etat a ajouté: «Avant la fin de mon mandat, j’espérais pouvoir aboutir à deux ou trois amendements de la Constitution. Mais en raison des circonstances, il ne me paraît pas souhaitable d’ouvrir une bataille à neuf mois de la fin de mon mandat. Je dis quand même qu’il existe quatre ou cinq dispositions constitutionnelles à revoir sérieusement, de manière à soumettre les ministres aux délais légaux auxquels est soumis le chef de l’Etat. Ainsi, les décrets que je ne contresigne pas sont promulgués dans un délai de 15 jours, et les projets de lois que je ne rends pas dans un délai de 30 jours prennent force exécutoire. En contrepartie, à quels délais sont soumis les ministres? Et le président du Conseil?»
Le président Hraoui est revenu par ailleurs à la charge, au sujet de l’instauration d’un état civil non confessionnel au Liban, qui permettrait aux Libanais de contracter des mariages civils. Existe-t-il des tribunaux chériés en Egypte, à Tunis, en Algérie, au Maroc? s’est demandé le chef de l’Etat, qui a assuré de son respect toutes les hiérarchies religieuses au Liban, soulignant que son intention est uniquement de régulariser une situation existant déjà, puisque les mariages civils contractés à Chypre ou ailleurs sont reconnus au Liban, et que dans les procédures de divorces, ce sont les législations des pays où les mariages ont été contractés qui sont appliquées.
Le président de la République a dressé hier, devant les journalistes accrédités à Baabda, un court bilan de l’année 1997, dans lequel il a souligné toutes les réalisations qu’il juge positives et que certains s’obstinent à nier, a-t-il fait valoir. Il a notamment reproché aux chrétiens leur «prostration» et les a appelés à «s’aider eux-mêmes».De la visite du...