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Actualités - ANALYSE

Exilés : pas de retour prochain ...

C’est une certitude tellement ancrée dans les esprits qu’elle en prend l’allure d’une lapalissade: ce n’est pas de sitôt que les exilés politiques pourront retrouver le pays… Car les conditions requises impliquent un bouleversement total des données régionales, ce qui n’est de toute évidence pas pour demain.
On sait en effet que le thème autour duquel se retrouvent MM. Raymond Eddé, Amine Gemayel et Michel Aoun reste le dégagement du pays. Le premier insiste plus particulièrement sur la libération prioritaire de l’occupation israélienne suivie d’un départ des forces syriennes, les deux autres tout en partageant ce souci mettent l’accent sur une indépendance politique du Liban vis-à-vis de Damas. Or, toutes les sauces étant désormais liées, de par la volonté de la nouvelle République, il devient évident que le cas libanais ne pourra être tranché pour de bon qu’une fois la paix globale sérieusement en marche au Proche-Orient. En d’autres termes, même si le retrait israélien du Sud devait se concrétiser dans les prochains mois, voire les prochaines semaines, le statut de l’entité libanaise n’en serait pas redéfini pour autant en ce qui concerne la souveraineté telle que l’entendent les expatriés, ainsi d’ailleurs que Bkerké ou M. Dory Chamoun. Pour le moment, le gouvernement radical de Netanyahu continue à faire obstruction à toute normalisation régionale et à multiplier les provocations ouvrant la voie à de périlleuses éventualités, guerre généralisée ou pourrissement compris.
Dans ce contexte tendu, l’un ou l’autre des leaders cantonnés à Paris ne peut retourner que s’il renonçait à ses positions et se soumettait au fait accompli. Ce qui paraît d’autant plus improbable que même alors les assurances physiques et autres ne pourraient pas être suffisantes: indépendamment des parties extérieures, les adversaires intérieurs des intéressés représenteraient pour eux ou pour leur nouvelle carrière une menace difficile à parer. Adversaires dont le nombre augmenterait du reste pour englober tous ceux que le revirement aurait blessés et qui se sentiraient trahis. En tout cas, cette hypothèse de ralliement, tout à fait théorique, est totalement exclue car aucun des exilés ne donne l’impression de vouloir modifier ses principes. Aucun d’eux ne semble songer à s’exposer à cette humiliation: accepter de jouer le jeu, en tant que loyalistes ou qu’opposants «intégrés», selon des règles décrétées par l’étranger et en respectant les lignes rouges qu’il trace.

Risques

Sur place même, une source «politiquement correcte» précise sans ambages que «si M. Gemayel ou le général Aoun s’aventuraient à revenir sans avoir pris les engagements nécessaires, ils s’exposeraient à la réouverture des dossiers établis contre eux qu’on garde sous le coude depuis des années et dès lors risqueraient de subir le même sort que M. Samir Geagea qui s’est retrouvé en prison par suite de son refus répété d’entrer au gouvernement…». Cette même personnalité, qui joue sans doute un peu l’intox «diviseuse», affirme que «seul M. Raymond Eddé, contre lequel il n’y a pourtant pas de dossier, refuse absolument de retourner au pays tant que les conditions générales qu’il pose, à savoir le départ des forces non libanaises, n’auront pas été réalisées. Les deux autres sont prêts à discuter le bout du gras soit directement avec les Syriens soit par le truchement d’une tierce partie. Ils soutiennent certes qu’en tout cas ils ne renonceraient pas à défendre la souveraineté et l’indépendance; mais s’il y a arrangement, il y a des chances pour qu’ils oublient d’être aussi intransigeants dans leurs nobles positions. Ainsi, il y a fort à parier qu’ils commenceraient par reconnaître très publiquement et avant toute chose qu’il ne faut pas demander le départ des Syriens tant que l’occupation israélienne persiste au Sud mais aussi au Golan…».
De son côté, un modéré, moins tendancieux, relève que «le président Gemayel et le général Aoun ne sont pas des ennemis de la Syrie. Ils pensent simplement qu’un Liban fort, souverain, indépendant est bien plus utile à son allié naturel qu’un Liban faible à la volonté aliénée. Jadis le président Nasser avait eu l’intelligence de comprendre ce point et l’Etat libanais, qui était fort sous le mandat du président Chéhab, servait bien les intérêts de la cause arabe. Aujourd’hui, on parle de «relations privilégiées», mais à y regarder de près, on voit que ces rapports ont constamment besoin d’être traités à coups de réunions thérapeutiques à tous niveaux car le Liban est rendu si malade par sa faiblesse que la Syrie doit rester constamment à son chevet et intervenir tout le temps dans ses affaires intérieures, grandes et petites, pour l’empêcher de s’effriter ou de tomber dans le coma. Le processus de dégradation est tel que désormais ce n’est plus seulement dans le domaine sécuritaire ou politique que le Liban a besoin de soutien mais aussi sur le plan économique et financier. A la longue, il devient donc un fardeau pour son tuteur et, comme le disent MM. Gemayel et Aoun, il est de loin préférable pour la Syrie que ce pays puisse tenir seul sur ses jambes en s’assumant lui-même dans un cadre de souveraineté et d’indépendance retrouvées».
Un point de vue que, selon les loyalistes, les deux hommes seraient donc prêts à exposer aux Syriens directement ou par intermédiaires interposés. Cette ouverture, ajoutent les mêmes sources, leur semble possible du moment que Damas a indiqué être disposé à dialoguer avec toutes les parties libanaises. Mais il faut compter d’une part avec les bâtons dans les roues que mettraient ces mêmes loyalistes à un tel rapprochement. Et il faut aussi comprendre, sans doute, que le statu quo régional n’encourage aucun changement dans le tableau politique libanais…

C’est une certitude tellement ancrée dans les esprits qu’elle en prend l’allure d’une lapalissade: ce n’est pas de sitôt que les exilés politiques pourront retrouver le pays… Car les conditions requises impliquent un bouleversement total des données régionales, ce qui n’est de toute évidence pas pour demain.On sait en effet que le thème autour duquel se retrouvent...