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Actualités - DISCOURS

Au siège patriarcal, après la messe de Noël Hraoui répond aux thèses de Sfeir sur la liberté, la souveraineté et les élections (photo)

«Le fauteuil sur lequel j’étais assis sera occupé par une autre personne l’année prochaine parce que nous sommes dans un pays démocratique et libre». Une fois de plus, le président de la République, M. Elias Hraoui, a écarté l’éventualité d’une prorogation de son mandat qui s’achève en novembre 1998, et c’est à Bkerké, où il a assisté jeudi à la messe de Noël célébrée par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, qu’il a tenu ces propos.
Lors d’une allocution improvisée après l’office divin dans le salon du siège patriarcal, le chef de l’Etat a évoqué les dossiers de la liberté, de la souveraineté et des élections municipales qui seront organisées, a-t-il dit, au mois de mai prochain. M. Hraoui a lié la récupération par le Liban de son indépendance et de sa souveraineté totales au retrait des troupes d’occupation israéliennes. S’adressant au patriarche, le président Hraoui a déclaré à ce sujet: «J’espère que nous célébrerons ensemble non pas seulement la réouverture de la voie de Kfarfalous, mais la liberté pour le Liban-Sud et la Békaa-Ouest avec le retrait des forces israéliennes. Pour ce qui concerne les autres troupes présentes sur notre sol — que ceux qui les ont invitées reposent en paix — soyez sûre Béatitude que, dès que le Liban-Sud sera libéré, nous n’aurons plus besoin d’elles et nous aurons alors notre indépendance et notre liberté».
Evoquant la question des élections municipales, le chef de l’Etat a dit: «J’ai voulu prévoir une garantie (à travers la nomination d’une partie des membres des conseils municipaux) et vous avez prôné la liberté pour tous. Mon but n’était pas de nommer quelques-uns de mes partisans, mais de préserver l’unité entre les Libanais et d’empêcher que l’on porte atteinte à l’entente nationale qui nous est chère et à nous tous et à vous en premier lieu. J’espère, maintenant, que les élections seront totalement libres, que chacun assumera sa responsabilité et saura que chaque ville et village libanais ne peut pas vivre sans ses deux parties (chrétienne et musulmane). C’est là mon plus grand souhait et les élections auront lieu dès le mois de mai».

Pas assez mûrs

«Sa Béatitude a le droit de réclamer davantage de liberté, a ajouté M. Hraoui. Mais je constate que nous ne sommes pas assez mûrs pour les mots liberté et démocratie. Actuellement, l’Etat ne se mêle pas de tout ce qui a trait à la liberté. Mais je me demande si liberté est devenue synonyme d’immoralité. Hier (mardi) j’ai reçu une délégation représentant toutes les communautés venue se plaindre de l’immoralité».
M. Hraoui a souligné l’importance de sa récente visite en Iran où il a participé au sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). «Il y a dans le monde islamique, constitué d’un milliard deux cent cinquante millions de personnes, des minorités chrétiennes et autres, a-t-il dit. J’ai voulu exprimer un message: si les chrétiens sont traités conformément aux préceptes des Ecritures, le Liban aura alors un message à transmettre à l’Occident afin que les musulmans dans cette région soit traités comme le sont les chrétiens en Orient. J’ai aussi demandé aux dirigeants iraniens de traiter désormais avec l’Etat libanais et non pas avec une fraction. Ils ont fait preuve de compréhension, mais j’attends toujours car je suis comme saint Thomas».
M. Hraoui a d’autre part déclaré qu’en rencontrant le général Michel Aoun à Paris, le patriarche Sfeir «a voulu pardonner à ceux qui lui ont fait du tort et qui ont porté atteinte à (son) autorité que nous respectons».
Le prélat maronite a ensuite pris la parole pour affirmer qu’il était «pour une liberté responsable».
Auparavant, Mgr Sfeir avait présidé l’office divin auquel ont assisté, outre M. Hraoui et son épouse Mona, les ministres Michel Eddé et Farès Boueiz, les députés Elias el-Khazen, Mansour el-Bone, Sleimane Kanaan, Samir Azar, Pierre Daccache, le président de la Ligue maronite, M. Pierre Hélou, et un grand nombre de personnalités politiques et de fidèles.
Après l’Evangile, le patriarche a prononcé une homélie au cours de laquelle il a brièvement évoqué des thèmes politiques. «Nous demandons à l’enfant divin de vous aider à ramener la confiance dans les cœurs de tous les Libanais afin qu’ils se solidarisent et édifient le Liban libre, indépendant, stable et prospère», a-t-il dit.
Hier, le défilé de personnalités venues présenter leurs vœux au patriarche pour les fêtes de fin d’année s’est poursuivi à Bkerké. Mgr Sfeir a notamment reçu une délégation de la commission de dialogue islamo-chrétien composée de MM. Mohammed Sammak, Harès, Chéhab, Jean Salmanian et Michel Issa. Des sources proches de la délégation ont déclaré que le patriarche «a espéré que les élections municipales seront libres et intègres afin qu’elles reflètent la volonté populaire et pour que les Libanais puissent choisir librement leurs représentants. De cette manière l’unité nationale sera préservée».
Le prélat a réitéré devant ses visiteurs sa proposition de l’adoption de circonscriptions électorales réduites dans les grandes villes et a mis l’accent sur la nécessité de permettre aux déplacés de s’exprimer à travers le vote.
«Le fauteuil sur lequel j’étais assis sera occupé par une autre personne l’année prochaine parce que nous sommes dans un pays démocratique et libre». Une fois de plus, le président de la République, M. Elias Hraoui, a écarté l’éventualité d’une prorogation de son mandat qui s’achève en novembre 1998, et c’est à Bkerké, où il a assisté jeudi à la messe de...