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Actualités - OPINION

Vient de paraître "Jules César vu par un musicien" de Walid Akl, telle une fugue de Bach ...

Il était de ces rares musiciens dont la culture s’étendait bien au-delà de la simple lecture d’une partition…
Erudit en certains domaines, il avait toujours su nous surprendre agréablement par ses «découvertes» et ses récitals demeurent à jamais de purs moments de bonheur tant les programmes qu’il présentait au public sortaient avec finesse des chemins battus. Walid Akl est de ces pianistes libanais d’envergure internationale qui, par sa singularité et un talent indéniablement énorme, a su non seulement nous donner le meilleur de lui-même mais nous révéler certaines beautés de la musique qu’il traquait avec une dévotion passionnée. Aujourd’hui, il ne s’agit pas des 14 C.D. consacrés à l’intégrale de l’œuvre pour piano de Haydn, pas plus de l’ouverture Tannhauser de Liszt-Wagner que les œuvres pour piano de Nietzsche. Auriez-vous imaginé Walid Akl féru d’histoire? A tel point de «porter» à Jules César, depuis son adolescence, une dévotion qui le mènera pour un moment à abandonner les touches du clavier pour manier la plume et compulser les ouvrages de références tel un universitaire ferraillant avec une thèse? Voilà une nouvelle facette de son talent et de ses multiples intérêts dans l’art que nous révèle un livre édité par Dar al-Nahar intitulé «Jules César vu par un musicien» et signé Walid Akl (124 pages).
Livre à la fois riche et surprenant, accompagné d’un disque compact où le piano résonne en fond sonore de ces pages évoquant le souvenir de cet «Imperator» assassiné en plein sénat… Mais écoutons plutôt Walid Akl s’expliquer, en préface de son ouvrage, sur cet essai qui jette une lumière singulière «sur une époque capitale de la civilisation humaine: j’ai souhaité écrire ce livre sur César à deux voies» telle une fugue de Bach! Une voie où j’exprime certaines impressions et commentaires personnels sur l’épopée du grand homme et qui est l’essentiel de mon livre et la seconde voie en italique où je fournis les informations nécessaires au lecteur pour lui permettre d’avoir entre les mains un ouvrage historique aussi complet que possible. La vie de César, ainsi que les événements qui l’ont entourée, nous est parvenue grâce à une quantité énorme de documents, ce qui est inhabituel pour une époque aussi lointaine. Néanmoins, citer cette foule d’informations précieuses comporte beaucoup de zones d’ombres et de lacunes. Pour maintenir ce climat fragmenté, j’ai senti la nécessité d’écrire cet ouvrage à travers une multitude de tableaux méticuleusement chronologiques.
Ce n’est pas de la littérature pure que suggère Walid Akl mais une réflexion sur un grand homme d’Etat, un nom devenu titre. «Un nom qui suffit à être le symbole d’un concept politique. Kaiser, Czar (tsar) deviendront le titre de la plus haute dignité souveraine. Deux millénaires plus tard, il est toujours en vigueur. Nous ne pouvons que constater le rang sans égal que ce romain, désormais, occupe dans l’histoire du monde».
Cette vie ressuscitée par W. Akl comme les «fragments du livre de Petrone est en fait peut-être le prétexte à une approche nouvelle où, indirectement, l’histoire et la musique se rejoignent. Approche que notre regretté pianiste virtuose définit en ces termes». Le miracle du génie créateur qui se révèle chez un homme quand il est au service d’un maître, et qui devient stérile et éteint quand il se détache ou se sépare de ce même maître, reste un divin mystère. J’ai souhaité souligner l’importance de ce phénomène humain en renforçant l’épopée dramatique d’un Labienus face au maître César ou de son parallèle Busoni face au maître Bach, en incluant dans ce livre un disque où j’interprète cinq grandes transcriptions. Toutes les facettes de cette forme de génie «sous influence y sont superbement représentées».
Un livre aux phrases courtes, au lyrisme contenu, à la narration délibérément fragmentée, à savourer en écoutant ces «chaconnes» jaillies d’un autre temps, mais nous entretenant de l’un de nos plus grands pianistes, subtile conciliation où musiciens et historiens se retrouvent soudain au même banc...

E. D.
Il était de ces rares musiciens dont la culture s’étendait bien au-delà de la simple lecture d’une partition…Erudit en certains domaines, il avait toujours su nous surprendre agréablement par ses «découvertes» et ses récitals demeurent à jamais de purs moments de bonheur tant les programmes qu’il présentait au public sortaient avec finesse des chemins battus. Walid...