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Actualités - REPORTAGE

MEA : le parquet reste mobilisé... en attendant le nouveau conseil d'administration (photos)

«Si nous avons encore besoin de vous, nous vous contacterons». C’est en ces termes que le chef de la brigade criminelle, le général Béchara Salem, a remercié hier soir MM. Khaled et Sélim Salam et M. Youssef Lahoud. C’est la première fois depuis l’ouverture de l’enquête judiciaire que le général Salem n’achève pas une journée d’investigations en fixant un rendez-vous pour la reprise de l’enquête.

Certes, le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, a répété qu’il compte la poursuivre jusqu’au bout, et des sources judiciaires ont fait hier état de nouveaux éléments, notamment grâce à l’audition du secrétaire général du conseil d’administration de la compagnie, M. Elias Baz, mais le sentiment général était hier que l’affaire était pratiquement close.
Le général a aussi entendu le Pdg par intérim de la MEA, M. Khattar Hadathi, ainsi que M. Nadim Daouk, membre du conseil d’administration et M. Khaled Salam.
Selon des sources de l’enquête, le parquet aurait suspecté l’existence d’une possibilité de falsification (au moins morale) dans les procès-verbaux du conseil d’administration et c’est pourquoi il a voulu entendre M. Baz, qui aurait, selon les mêmes sources, affirmé qu’il n’y aurait pas eu réellement falsification, les membres du conseil d’administration ayant été informés de certaines clauses du contrat entre la MEA et la Singapore Airlines.
De son côté, M. Khaled Salam aurait affirmé au général qu’il n’est pas au courant des nouvelles clauses du contrat renégocié et il a demandé un peu de temps pour pouvoir s’informer, temps qui lui a été généreusement accordé. Le parquet affirme que l’enquête reprendra au début de la nouvelle année et si l’existence d’une falsification est prouvée, il pourrait engager des poursuites contre les coupables présumés. Mais plus personne n’y croit vraiment. Car s’il y avait certainement des clauses suspectes dans le contrat de bail conclu entre la MEA et la Singapore Airlines, laissant soupçonner l’existence de commissions, celles-ci n’ont pas été payées puisque la MEA n’a versé que 1,2 million de dollars, lors de la réception de deux des trois avions. Et désormais, les clauses ayant été renégociées, elles ne pourront plus être versées. Justement, la question qui se posait hier au Palais de justice était la suivante: qui a renoncé à la commission qu’il devait encaisser pour faciliter la renégociation du contrat?
Quoi qu’il en soit, ce qui compte désormais, précisent des sources judiciaires, c’est que la Banque centrale — qui détient la plus grosse part des actions de la MEA — a réussi à améliorer les conditions du contrat de bail, de manière à économiser quelque 20 millions de dollars, notamment dans l’entretien des avions, lorsque la MEA créera en mai 98 une compagnie mixte, spécialisée dans ce domaine. Les sources judiciaires pensent à ce sujet que sans l’existence de l’enquête du parquet et la menace de dévoiler le versement des commissions, les sociétés concernées n’auraient pas accepté de renégocier aussi rapidement le contrat. Les mêmes sources pensent aussi que la Boullioun (qui possède le tiers des actions de la SALE qui a racheté les avions) qui, selon des sources de l’enquête, aurait encaissé une commission de 2% sur le contrat de vente des avions, aurait justement voulu accélérer la procédure de renégociation. Pourtant, la même société a envoyé, par le biais de l’avocat des Bardawil, Me Joe Khoury-Hélou, un démenti, niant totalement la moindre participation de la société ou de ses représentants au Liban au contrat de bail ou à celui de vente des avions et protestant vivement contre le fait que son nom ait été cité à la faveur de cette enquête.
Une enquête qui en est à sa phase finale et que le parquet maintient ouverte afin de montrer qu’il fait son devoir jusqu’au bout, tout en sachant que sauf cas de délit pénal (très peu probable jusqu’à présent), il ne pourra prendre aucune mesure. Surtout qu’aussi bien la Banque centrale que le conseil d’administration ont retiré, l’un lundi et l’autre hier, la note d’information qu’ils avaient présentée au parquet pour lui demander l’ouverture d’une enquête. Pourtant, celle-ci se poursuivra jusqu’à ce que le parquet le décide. A moins qu’on ne veuille encore une fois l’utiliser comme moyen de pression pendant les négociations pour la formation d’un nouveau conseil d’administration. Après tout, le 9 janvier, ce n’est pas si loin.

Scarlett HADDAD
«Si nous avons encore besoin de vous, nous vous contacterons». C’est en ces termes que le chef de la brigade criminelle, le général Béchara Salem, a remercié hier soir MM. Khaled et Sélim Salam et M. Youssef Lahoud. C’est la première fois depuis l’ouverture de l’enquête judiciaire que le général Salem n’achève pas une journée d’investigations en fixant un...