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Actualités - ANALYSE

Municipales : un procès d'intentions...

Hier, dans le courant de la journée, des députés réunis chez l’un d’eux sont arrivés à la conclusion qu’il y a tout lieu de soupçonner M. Rafic Hariri, mais aussi M. Nabih Berry, de préférer en fin de compte annuler l’échéance des élections municipales prévue pour avril prochain…

Et d’expliquer en substance que «le gouvernement revient à ses premières amours puisqu’au départ il voulait reporter le rendez-vous de deux bonnes années au moins. Quand son projet a été cassé par le Conseil constitutionnel, il s’est rabattu sur une formule encore plus avantageuse: les désignations d’édiles, qui allaient lui permettre de rafler la mise sur le plan politique en prenant le contrôle municipal des grandes concentrations urbaines. Maintenant que ce projet saute à son tour, il est certain que le pouvoir n’a plus intérêt à organiser une opération qui ne déboucherait pas sur un partage de gâteau entre dirigeants. De plus, l’annulation permettrait de recoller les morceaux entre le tandem Berry-Hariri et le chef de l’Etat qui pour sa part continue à tenir aux désignations, alors que ses deux partenaires de la troïka y ont renoncé. Un replâtrage qui ferait sans doute plaisir aux décideurs, agacés par l’incorrigible «querellite» des trois présidents…».
Un autre député se montre pour sa part réservé sur ce point: «MM. Berry et Hariri ont, à son avis, délibérément provoqué la crise de relations avec Baabda. Et cela pour des raisons communautaires peu avouables publiquement. En effet, les deux hommes étaient sur le point de se disputer eux-mêmes à cause de l’affaire des libertés. Ils en auraient pâti tous les deux, en termes d’influence, face à un Hraoui qui sur ce plan a eu raison sur toute la ligne depuis le début, puisqu’il a mis en garde contre les retombées de l’interdiction de l’interview Aoun. Plutôt que de perdre du terrain, le président de la Chambre et le président du Conseil ont estimé plus avisé de «passer à autre» chose, et de se retourner ensemble contre M. Hraoui, en exploitant son attachement au principe des désignations pour en faire la tête de turc d’une opinion chauffée à vif sur le plan des principes démocratiques. On ne peut s’expliquer autrement, ajoute ce député, le revirement des blocs parlementaires des deux présidents mahométans qui, après avoir fortement soutenu les désignations en commissions, les ont brusquement dénoncées dans un mouvement visiblement coordonné».

Bkerké

Toujours est-il que, pour sa part, le patriarche Sfeir déclare en substance à ses visiteurs qu’il est «contre des désignations d’édiles qui enfreignent les règles les plus élémentaires de la démocratie, sous prétexte de promouvoir l’entente et de faire participer tout le monde aux responsabilités. Existons-nous, oui ou non? Si nous existons, qu’on laisse la porte ouverte à des élections libres et propres dans toutes les régions, sans que le gouvernement ne recoure à des désignations…».
Les sources citées ajoutent que le chef spirituel de la communauté maronite insiste sur le fait que le pouvoir n’a tout simplement pas le droit d’aller contre la volonté manifeste et contre les droits du peuple. Parlant des chrétiens, il répète selon ces témoins: «S’ils n’existent pas, pourquoi le gouvernement tiendrait-il à en nommer certains dans quelques municipalités… et s’ils existent, pourquoi le gouvernement n’assure-t-il pas les conditions propices pour un scrutin libre et propre, contrairement à ce qui s’est produit dans les législatives. Il n’est en tout cas pas question d’admettre les désignations, sous n’importe quel prétexte que ce soit, car cela permettrait à certains un mauvais usage et une exploitation faciles…».
Toujours selon ses visiteurs, le patriarche se montre vraiment choqué par les atteintes du pouvoir à l’esprit démocratique, surtout que cela revêt des formes confessionnelles, par le biais par exemple du maintien du quota communautaire adopté lors des dernières élections municipales en 1963. Il répéterait qu’il faut «laisser les gens voter librement, sans interventions ni pression» en leur assurant les conditions nécessaires à cet effet.

La présence
des chrétiens

Au sujet des villages «exodés», le prélat se demande toujours comment il se fait que sept ans après le retour à la paix le retour ne soit toujours pas achevé. Il disculpe le ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, sans le nommer, en affirmant que «le problème ne se résume pas à la responsabilité d’une personne qui a du reste fait accomplir au dossier un progrès relatif mais s’étend à tous les dirigeants. Ces derniers tentent d’ignorer le point de vue des déplacés dans l’affaire des élections municipales, ce qui démontre un certain degré de mauvaise foi. Il est temps de mettre les calculs de côté et d’agir avec bonne intention, si on ne veut pas déboucher sur des résultats malsains pour le pays, comme cela s’est produit dans les législatives».
Revenant sur la question de la présence chrétienne, le patriarche Sfeir dit, selon ses visiteurs: «N’y a-t-il donc plus de chrétiens au Liban? La visite du pape n’a-t-elle pas témoigné de leur présence, ne se sont-ils pas pressés en foule, plus d’un million et demi, pour l’accueillir? Comment peuvent-«ils» ignorer cette réalité? Il existe de mauvaises intentions, à preuve que certains font circuler des bruits en direction des chancelleries, comme durant la guerre quand on avait prétendu que le nombre de chrétiens ne dépassait plus au Liban les 35%».

Ph.A-A.
Hier, dans le courant de la journée, des députés réunis chez l’un d’eux sont arrivés à la conclusion qu’il y a tout lieu de soupçonner M. Rafic Hariri, mais aussi M. Nabih Berry, de préférer en fin de compte annuler l’échéance des élections municipales prévue pour avril prochain… Et d’expliquer en substance que «le gouvernement revient à ses premières amours...