L'annonce de possibles vacances pour Eltsine relance les spéculations sur sa santé

L’annonce de possibles vacances pour Boris Eltsine après son hospitalisation, déjà prolongée d’une semaine par ses médecins, a relancé dimanche les spéculations sur l’état réel de la santé du président russe, et notamment sur le fait que sa maladie n’a peut-être pas de rapport avec un rhume.
Le chef de l’Etat pourrait prendre une période de repos «à la fin de 1997 et au début de 1998», soit presque immédiatement après sa sortie de la maison de repos de Barvikha (ouest de Moscou), où il est soigné depuis le 10 décembre dernier pour un «refroidissement» et une «infection virale respiratoire aiguë», a indiqué à la radio Echo de Moscou son porte-parole Sergueï Iastrjembski.
M. Iastrjembski a pris soin de préciser que la décision définitive n’était pas prise, et que de toutes les façons «le président ne connaît en fait pas de pauses dans son travail et consacre plusieurs heures par jour à ses dossiers» même durant son hospitalisation. «Les vacances pour lui signifient seulement qu’il est loin des caméras et des rencontres officielles», a-t-il ajouté.
Samedi déjà, l’agence Interfax, citant des sources informées, avait annoncé qu’une période de deux semaines de vacances serait sans doute nécessaire pour permettre au chef de l’Etat de récupérer «complètement» avant son voyage officiel en Inde les 19 et 20 janvier.
Ces vacances sont d’autant plus difficiles à justifier que M. Iastrjembski ne cesse d’affirmer par ailleurs que Boris Eltsine «brûle d’envie de reprendre le travail», et qu’il est extrêmement «difficile de résister au président et à sa pression».


Un épisode inhabituel

Le chef de l’Etat lui-même a fait savoir qu’il était pressé de retrouver son bureau. Jeudi dernier il avait annoncé à des journalistes: «Je termine mon séjour ici, demain je retourne au travail». Il devait être singulièrement démenti quelques heures plus tard par son propre service de presse qui affirmait que le chef de l’Etat n’avait fait qu’exprimer un «souhait».
Cet épisode inhabituel avait poussé certains politologues, comme le directeur de l’Institut d’Etudes stratégiques Andreï Piontkovski, à s’interroger ouvertement sur les capacités réelles de décision du président russe, relançant les rumeurs sur un accident cérébral.
La radio Echo de Moscou, généralement bien informée sur la santé présidentielle, avait assuré il y a quelques jours citant une source médicale anonyme, que M. Eltsine avait été victime d’un «spasme violent des vaisseaux du cerveau», un traumatisme pouvant avoir des conséquences graves.
Jeudi dernier, un célèbre neurologue finlandais avait comparé le comportement du président Eltsine à celui du président Kekkonen qui présentait des symptômes de «démence» sénile vers la fin de sa vie.
Boris Eltsine était apparu en forme dans une brève interview à la télévision vendredi dernier, semblant récupérer de son rhume. «On va le montrer revenant au travail lundi ou mardi, et puis il disparaîtra à nouveau pour quelque temps. L’essentiel est de ne pas le laisser parler trop longtemps, mais jusqu’à quand cela peut-il durer», se demandait dimanche un éditorialiste russe sous couvert d’anonymat.
L’affirmation par M. Iastrjembski qu’il s’agit bien de vacances «prises sur le total des congés du président pour 1998», et non d’une prolongation de sa convalescence, est «peu convaincante et presque provocatrice», estime ce même éditorialiste.
Boris Eltsine, 66 ans, a subi un quintuple pontage coronarien en novembre 1996 après plusieurs infarctus. Réélu pour un mandat de quatre ans en juillet 1996, il a été absent pendant huit mois de la scène politique avant d’effectuer un retour en force en février dernier.
Ces derniers temps il était apparu à nouveau très fatigué en Chine et en Suède, multipliant les bourdes et les erreurs historiques et obligeant ses collaborateurs à rectifier ses propos.