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Actualités - CHRONOLOGIE

Rencontre Chamoun-Gemayel-Aoun à la Haute-Maison L'opposition de Paris opte pour une politique d'ouverture Le rôle de la Syrie au Liban est toutefois sévèrement critiqué

RENCONTRE CHAMOUN-GEMAYEL-AOUN À LA HAUTE-MAISON

«L’OPPOSITION DE PARIS» OPTE
POUR UNE POLITIQUE D’OUVERTURE

Alors que la protestation estudiantine s’est calmée hier après avoir vidé de son sens l’interdiction de manifester décrétée par le gouvernement et que le premier ministre, M. Rafic Hariri, a mis en garde contre les tentatives de porter atteinte aux relations entre le Liban et la Syrie (VOIR PAR AILLEURS), l’opposition basée à Paris a lancé de vives critiques contre le pouvoir libanais critiquant le rôle de Damas au Liban.
La troïka de l’opposition (le général Michel Aoun, le président Amine Gemayel et M. Dory Chamoun) a tenu à la Haute-Maison une réunion d’évaluation et de coordination au cours de laquelle elle a convenu d’intensifier les contacts avec «toutes les parties libanaises dans le cadre d’une politique d’ouverture en vue de se mettre d’accord sur les constantes nationales».
De cette réunion qui intervient après les événements des derniers jours, on peut dégager trois grands axes: l’opposition basée à Paris estime qu’il y a un changement dans la politique américaine à l’égard du Liban. Elle pense aussi que son «combat» a gagné la sympathie de plusieurs pays arabes et que le mouvement de protestation estudiantine marque le début d’une ère nouvelle où le pouvoir libanais est sur la défensive.
Mais en dépit du discours d’ouverture de la troïka de l’opposition, le général Aoun a tenu des propos inquiétants, laissant entendre que le combat pacifique n’est pas le seul moyen pour que le Liban recouvre son indépendance et sa souveraineté. «Nous avons respecté les règles du jeu et nous pratiquons une opposition à la manière (du Mahatma) Gandhi (la non-violence), a-t-il dit à l’issue de la rencontre tripartite. Mais ils ont battu les jeunes et malgré cela nous sommes disposés à poursuivre la lutte à la manière de Gandhi. Rien n’empêche cependant que nous transformions nos méthodes et choisissions d’autres moyens dans la confrontation».
Les entretiens entre les trois opposants ont duré une heure et demie. Après la réunion, M. Gemayel a précisé que la discussion a porté sur les développements au Liban et au Proche-Orient. «M. Chamoun nous a informés de ce qui se passe sur le terrain et des résultats de son entrevue avec le secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient, M. Marten Indyk, a-t-il précisé. Le général Aoun nous a pour sa part mis au courant de la teneur de son entretien avec le patriarche Nasrallah Sfeir. Nous avons exprimé notre satisfaction pour la coordination entre les forces nationales libanaises. Nous avons bien entendu évoqué les derniers développements d’autant que la résistance des Libanais commence à donner ses fruits. Nous sommes fiers de l’attitude héroïque de la jeunesse du Liban qui est déterminée à défendre la souveraineté».
«Nous allons poursuivre la lutte. Nous comptons intensifier nos contacts dans les semaines à venir avec toutes les factions libanaises dans le cadre d’un plan d’ouverture en vue de définir les constantes nationales», a ajouté M. Gemayel.

D’abord le Liban

M. Chamoun a de son côté précisé que cette réunion vise à coordonner l’action en vue d’aboutir à l’indépendance, la souveraineté et l’unité du Liban. «Nous espérons que les Libanais pourront brandir le slogan d’abord le Liban au lieu de celui de Liban d’abord», a-t-il dit.
Le général Aoun à pour sa part rendu hommage au peuple libanais qui a «brisé les tabous qui lui ont été imposés». «Ce qui est garanti par la Constitution ne peut pas être aboli pas des décisions gouvernementales qui violent la loi fondamentale en s’en prenant aux libertés, a-t-il dit. Le gouvernement doit empêcher que les droits des citoyens soient violés et ne doit pas porter atteinte à ces droits sous prétexte de vouloir préserver la paix civile, le pilier de la paix civile est la prospérité économique et les libertés politiques. Tout  le monde sait que le pays est en faillite. L’Etat n’a pas le droit d’empêcher les citoyens d’exprimer leur refus des occupations syrienne et israélienne».
Pourquoi parle-t-il d’occupation et non pas de présence syrienne? «Parce qu’il s’agit d’une occupation et j’ai des preuves, a répondu le général Aoun. Que ceux qui disent le contraire entament un dialogue avec moi pour tenter de me convaincre. Le fait qu’on m’interdise de m’adresser à l’opinion publique est une preuve que le pouvoir a peur. Cela a commencé par être une bataille des libertés et s’est transformé en bataille pour la souveraineté et l’indépendance. Et je dis à tous qu’il ne peut y avoir de changement au Liban tant que nous n’avons pas récupéré notre souveraineté. Les Libanais doivent lutter pour cet objectif».
Selon le général Aoun, «il n y a pas au Liban un combat politique ordinaire. Bienvenue à la gauche, à la droite et au centre à condition que ces forces s’engagent à défendre la souveraineté». Il a ajouté que le mouvement de protestation estudiantine a été animé aussi bien par les musulmans que le chrétiens. «Les Syriens doivent se rendre compte que leurs relations avec le Liban est tronquée et non pas privilégiée», a-t-il déclaré.

L’endettement de l’Etat

M. Gemayel a pour sa part indiqué qu’à la fin de son mandat et de celui du général Aoun, la dette interne du Liban était de 800 millions de dollars. «Aujourd’hui, cette dette est de 15 milliards de dollars. Et nous savons que seuls deux milliards ont été dépensés pour des projets de reconstruction. Où sont les 13 autres milliards?», a-t-il dit. Il a réclamé la formation d’une commission d’enquête «intègre» pour définir comment ces sommes ont été dépensées.
L’ancien chef de l’Etat a fait état de contacts avec des chefs d’Etat arabes et des ministres «très importants». «Nous avons senti que notre combat a gagné la sympathie de certains d’entre eux, a-t-il ajouté. Il y a des données régionales qui renforcent notre action nationale, notamment après l’échec du pouvoir libanais».
M. Chamoun a repris une nouvelle fois la parole pour évoquer les changements «positifs» dans la politique américaine à l’égard du Liban. Selon lui, ces changements se reflètent par le fait que le secrétaire d’Etat Mme Madeleine Albright est venue à Beyrouth en ne passant pas d’abord par Damas et par sa déclaration au Forum de Beyrouth au cours de laquelle elle a réaffirmé l’attachement de son pays à l’indépendance du Liban. En outre, sa récente réunion avec M. Marten Indyk prouve que «Washington veut aussi entendre la voix de l’opposition».
Le président du Parti national libéral a entin appelé à l’organisation d’un référendum international sous la supervision de l’ONU sur la présence des troupes syriennes au Liban.
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