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Actualités - ANALYSE

La diatribe de Joumblatt, une initiative isolée, à en croire des loyalistes...

Une fois de plus les déclarations de M. Walid Joumblatt, par leur virulence comme par leur timing, font l’effet d’une bombe et provoquent sur la scène locale nombre de réactions indignées. D’autant que, dans sa tirade de mercredi, le ministre des Affaires des déplacés n’a épargné personne: ni l’opposition ni le pouvoir, ni Bkerké ni «les deux voyous» de Paris ni les FSI ni même la justice n’ont trouvé grâce à ses yeux. Et pour conclure en apothéose il a parlé de reprise de la guerre, en faisant part de «la mort du Liban»…
On peut penser que, grosso modo, M. Joumblatt a voulu voler au secours de M. Rafic Hariri, malmené au Parlement comme au niveau de la rue estudiantine. Si cela était le cas, il est probable que le principal intéressé ne savait rien des intentions de son remuant allié. En effet, au moment même où M. Joumblatt dévidait son chapelet d’amabilités, le président du Conseil faisait à la Chambre patte de velours en lançant un vibrant appel à l’apaisement, à la détente, à la coopération de tous. M. Hariri a pressé toutes les composantes du tissu libanais de désamorcer la tension ambiante et d’éviter soigneusement toute provocation à caractère confessionnel. Il a insisté pour une retenue bien dosée du discours politique d’où qu’il provienne. Parallèlement, le président du Conseil tendait la main à Bkerké en y envoyant un émissaire chargé d’étudier avec Mgr Sfeir la possibilité d’une prochaine rencontre, à l’occasion des fêtes.
Dès lors qu’il semble difficile d’imputer à l’instigation haririenne la soudaine éruption de M. Joumblatt, on s’est demandé dans les cercles politiques quelles pouvaient en être les motivations exactes. Un ministre de premier plan, qui souligne d’abord que «polémiquer publiquement serait faire le jeu de M. Joumblatt», relève sous couvert d’anonymat que «cette brusque flambée va à contre-courant des orientations présentes du pouvoir en général et de M. Hariri en particulier. Ce dernier nous dit en effet qu’il veut promouvoir vraiment l’entente nationale comme seule fondation solide, finalement, de la paix civile. Et, une fois dépassés les remous parlementaires, informationnels, médiatiques ou estudiantins, le chef du gouvernement entend «désélectrifier» le climat politique dans le pays, seul moyen du reste d’amortir les pertes indéniablement subies du fait de l’interdiction de l’interview Aoun et de tout ce qui en a découlé…».
Pour un peu donc les haririens penseraient que par son intervention M. Joumblatt apporte de l’eau au moulin de leurs contempteurs…
Du côté de ces derniers, entendre des opposants, on en profite du reste pour enfoncer le clou. «Comment un ministre, dit un député de l’Est, peut se permettre d’adopter des positions en flèche qui engagent en partie le pouvoir dont il procède sans feu vert des autorités, en allant même dans le sens contraire de leur propre démarche? Où est la cohérence gouvernementale, où est l’unité de l’Etat? Comment le pouvoir laisse-t-il passer sans réagir ni répondre des attaques dirigées contre l’Etat aussi bien que des outrages, voire des insultes, contre des symboles nationaux ou des institutions officielles. Comment la république accepte-t-elle qu’on dise que le «Liban est mort»? Quand comprendra-t-elle que nul, aussi protégé qu’il soit, ne peut impunément tout se permettre? A quel titre M. Joumblatt peut-il se permettre de plaindre le christianisme, voire d’en parler? Que serait-il arrivé si tel ou tel dirigeant chrétien s’était apitoyé sur l’islam ou en avait simplement mentionné le nom autrement que dans un hommage?»
Et de souligner que «M. Joumblatt fait en réalité de l’ombre — c’est sans doute son but réel — aux autres pivots du système en place en posant par ses surenchères au principal défenseur de la présence syrienne au Liban. Bizarrement, c’est sur ce point capital que ses assertions, que l’on peut certes discuter, sont le plus mesurées. Pourquoi faut-il, que par ailleurs, il se montre aussi discourtois, pour ne pas dire plus… Il constate que la paix civile n’existe pas vraiment; faut-il croire qu’il ne souhaite pas participer à sa mise en place laquelle nécessite de toute évidence un minimum de dialogue national et a fortiori un minimum de cohésion politique au sein même du pouvoir…».

Ph.A-A.
Une fois de plus les déclarations de M. Walid Joumblatt, par leur virulence comme par leur timing, font l’effet d’une bombe et provoquent sur la scène locale nombre de réactions indignées. D’autant que, dans sa tirade de mercredi, le ministre des Affaires des déplacés n’a épargné personne: ni l’opposition ni le pouvoir, ni Bkerké ni «les deux voyous» de Paris ni...