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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Sabeh : je ne servirai pas de rempart à ceux qui veulent saper la paix civile

«Je ne servirai pas de rempart à ceux qui veulent utiliser les médias comme moyen pour saper les fondements de la paix civile et porter atteinte aux relations avec la Syrie». Le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, a tenu ces propos hier lors d’une conférence de presse consacrée à la crise politique provoquée par l’interdiction de l’interview du général Michel Aoun qui devait être diffusée dimanche par la MTV.
Le ministre a réaffirmé son attachement à la liberté d’information, soulignant toutefois la nécessité de «mettre un terme à l’anarchie qui régnait ces derniers temps au niveau de l’audiovisuel». Il n’a pas exclu l’introduction de certains amendements à la loi sur l’audiovisuel afin qu’elle soit plus conforme aux développements survenus sur la scène médiatique. Il a d’autre part souhaité que «la MTV ne soit pas impliquée dans les incidents qui ont eu lieu autour de ses locaux» dimanche, en allusion aux heurts qui ont opposé les manifestants aounistes et les Forces de sécurité intérieure (FSI).
«Il est de mon devoir après ce qui s’est passé de préciser certains points devant l’opinion publique d’autant plus que les médias libanais évoluent dans une situation anarchique, a-t-il dit. Une partie de ce désordre est provoquée par des considérations politiques (...). Je suis prêt à assumer toutes les critiques qui m’ont été adressées, aussi sévères qu’elles soient».
Le ministre a ensuite expliqué les circonstances de sa visite dimanche soir aux locaux de la MTV. «Vers 5h30, a-t-il précisé, M. Gabriel Murr (PDG de la station) m’a appelé pour me prévenir que le siège de la télévision était encerclé par des unités des FSI. J’ai demandé à parler à M. Camille Menassa qui m’a expliqué que des employés et des cameramen n’ont pas pu gagner leur lieu de travail en raison des mesures de sécurité. Je me suis alors rendu sur les lieux où j’ai discuté avec l’officier en charge. Celui-ci m’a expliqué qu’ils avaient reçu des informations comme quoi des forces politiques comptaient organiser un sit-in devant les locaux de la station. Je n’ai évidemment pas discuté les décisions relatives à la sécurité. Je suis ensuite monté à la MTV et j’ai eu une réunion avec les membres de la rédaction et avec certains membres du Conseil d’administration, dont M. Gabriel Murr. J’ai effectivement compris qu’il y avait une intention d’organiser un sit-in. J’ai demandé aux responsables de la télévision de faire preuve de prudence dans leur manière de traiter avec cette question. J’ai dit que j’étais disposé à rester dans les locaux jusqu’au matin pour assurer les conditions de travail nécessaires, mais j’ai aussi affirmé que je devais appeler à faciliter la mission des forces de sécurité concernant tout ce qui pourrait se passer aux alentours de la station (...). J’ai quitté la MTV vers 19h15. J’ai été surpris en regardant les nouvelles de 20h qu’une faction politique a effectivement organisé un sit-in ou un rassemblement politique. Il m’importe de dire que la responsabilité du ministère de l’Information est de protéger la dignité des médias et de celle de leurs salariés. Mais cela ne retire pas au ministère sa responsabilité en ce qui concerne la protection de la paix civile».
M. Sabeh a ensuite souligné les points suivants:
— Le ministère réaffirme son attachement à la liberté d’action de tout média audiovisuel légalisé, dans le cadre des limites fixées par la loi.
— Il ne se considère pas contraint de protéger tout média qui, par ses agissements, risque d’entraîner le secteur de l’audiovisuel dans des zones interdites par la loi.
— Le Conseil national de l’audiovisuel (CNA) est l’organe habilité à examiner les questions en suspens qui font l’objet d’un litige. Le CNA jouit de la confiance de tous les responsables concernés.
— Le secteur des médias traverse actuellement une période troublée. Tout le monde sans exception s’en plaint: le ministère, le CNA, de larges parties de l’opinion publique qui expriment des remarques importantes concernant certains agissements.
— Certaines prises de position sur les libertés méritent la plus grande attention parce qu’elles sont formulées par des personnes jouissant d’une crédibilité indiscutable. Mais de nombreuses autres prises de position font l’objet de doute de la part des Libanais qui n’oublient pas qu’elles émanent de personnes qui ont contribué à réprimer les libertés individuelles, publiques et politiques.
— Le ministère ne voit pas d’inconvénient à examiner l’introduction d’amendements à la loi sur l’audiovisuel après les amères expériences des derniers temps. Nous sommes disposés à modifier la législation afin qu’elle soit moderne et qu’elle puisse répondre aux besoins de l’époque.
«Je tiens à réaffirmer que le sort d’une interview (en l’occurrence celle du général Aoun) ne doit pas résumer le sort des libertés de l’audiovisuel au Liban, a ajouté M. Sabeh. L’affaire des médias est bien trop grande pour être confinée à une petite partie de l’action politique. Les débats et les dialogues qui ont actuellement lieu dans la presse et dans l’audiovisuel prouvent que l’espace de liberté au Liban est large (...). Il est de mon devoir de dire que les tribunes médiatiques ne doivent pas se transformer en tremplin pour des objectifs politiques très dangereux pour le pays. Les jours qui viennent pourraient révéler beaucoup de choses».
Mais que craignait le ministère pour décider d’interdire l’interview du général Aoun: «Il est interdit à quiconque de prétendre diriger un gouvernement transitoire et affirmer qu’il représente le régime légitime, a-t-il répondu. Le général Aoun ne cesse de répéter cela. Il fallait soit que je réagisse en tant que ministre de l’Information, soit que les autorités judiciaires prennent les mesures qui s’imposent. Il y a des propos extrêmement dangereux pour le Liban et pour d’autres pays et qui sont sanctionnés par la loi».
D’autre part, M. Sabeh a donné hier le coup d’envoi aux travaux de la 25e assemblée de l’Union des agences de presse arabes à l’hôtel Summerland. La cérémonie s’est déroulée en présence d’un grand nombre de députés, de journalistes libanais et arabes et de délégations de 13 pays arabes.
Dans une allocution prononcée à cette occasion, M. Sabeh a estimé que «la presse arabe n’a pas encore atteint la majorité sur le plan professionnel et reste incapable de suivre les progrès technologiques qui s’accélèrent».
«Je ne servirai pas de rempart à ceux qui veulent utiliser les médias comme moyen pour saper les fondements de la paix civile et porter atteinte aux relations avec la Syrie». Le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, a tenu ces propos hier lors d’une conférence de presse consacrée à la crise politique provoquée par l’interdiction de l’interview du général...