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Actualités - ANALYSE

L'interdiction de l'interview de Aoun Les protestataires ne se font pas d'illusions..

Dans les cercles politiques on s’étonne doublement: «d’une part, souligne un député, il ressort de la façon même dont il en parle que le ministre de l’Information a interdit l’interview du général Michel Aoun sans même l’avoir visionnée. C’est pire que de la pré-censure, pratique déjà intolérable en démocratie. D’autre part comment le gouvernement ne comprend-il pas qu’il est très maladroit de ne pas laisser les gens parler, que cela prouve sa faiblesse et aussi, d’une certaine façon, son mépris de l’opinion publique. Quand M. Hariri a «admonesté» les dirigeants des chaînes, le même M. Sabeh, pour mettre un peu de baume sur la plaie, avait pourtant précisé qu’on ne visait pas les programmes politiques mais uniquement les émissions immorales ou amorales cultivant la violence, les dépravations et autres joyeusetés étrangères selon lui au tréfonds de notre société. Deux jours plus tard, le voici qui intervient pour couper le sifflet au général Aoun… tout en répétant que les libertés sont absolument garanties au Liban, ce qui est une nouvelle insulte à l’intelligence des gens que le pouvoir prend manifestement pour des crétins congénitaux».
Après cette tirade, le député en question se demande si «un gouvernement qui ne supporte pas la critique est capable de gouverner, car pour ce faire il faut savoir regarder les réalités en face».
Mais légèrement plus fine mouche, un autre parlementaire note que «avec ou sans signal d’avertissement de la part des décideurs, le pouvoir s’est comporté très normalement en interdisant le général Aoun d’antenne, parce qu’il lui en aurait cui si l’homme s’était de nouveau déchaîné contre les tuteurs. Ces derniers n’hésitent pas le cas échéant à taper sur les doigts des plus hauts dirigeants libanais comme on l’a vu en 93 quand ils étaient venus sur place infliger un camouflet retentissant à Baabda pour avoir accepté l’idée de déployer l’armée au Sud. Alors le ministre concerné a réagi en quelque sorte en état de légitime défense et si gouverner c’est prévoir, rester au gouvernement nécessite encore plus de vigilance… horoscopique».
Après cette allusion au fait que Maguy Farah, par ailleurs astrologue renommée, ne semble pas avoir perçu le danger, ce député souligne que «dans notre Etat de non-droit, tout le monde peut s’arroger tous les droits au nom de la raison d’Etat. Ainsi il n’existe aucune disposition dans le code de l’audiovisuel qui permette d’interdire la diffusion d’une interview politique et en outre si censure préalable il doit y avoir, elle est du ressort du Conseil national de l’information, pas du ministère et encore moins du ministre agissant de son propre chef sans en référer au Conseil des ministres.Mais c’est ainsi que vont les choses et il serait illusoire de penser qu’elles vont changer. Ceux, par exemple, qui pensent que cette affaire aura eu au moins le mérite de mettre la puce à l’oreille des Français, en leur prouvant que la situation au Liban n’est pas aussi normale que le pouvoir le prétend, se trompent légèrement: certes Paris aura à cœur d’intervenir en faveur des libertés, mais en douceur, pour ne pas vexer les décideurs et pour ne pas trop fâcher Hariri, ami personnel de Chirac».

Ph.A-A.
Dans les cercles politiques on s’étonne doublement: «d’une part, souligne un député, il ressort de la façon même dont il en parle que le ministre de l’Information a interdit l’interview du général Michel Aoun sans même l’avoir visionnée. C’est pire que de la pré-censure, pratique déjà intolérable en démocratie. D’autre part comment le gouvernement ne...