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Actualités - DISCOURS

L'Ordre des avocats célèbre l'anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme Cortbawi : la seecurité véritable est basée sur les libertés

Le 6 décembre 1996, M. Chakib Cortbawi, alors bâtonnier, avait décidé que, désormais, l’ordre des avocats de Beyrouth célébrerait l’anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, le 10 décembre. Et cette année, bien qu’il ne soit plus bâtonnier, la tradition a été maintenue et c’est toujours lui qui a prononcé un discours de circonstance, au nom de M. Antoine Klimos, élu en novembre dernier.
De nombreux avocats ont tenu à participer à ce meeting, car, mieux que les citoyens ordinaires, ils mesurent l’ampleur des violations des droits de l’homme au Liban ces derniers temps. C’est donc un constat très dur, voire accablant, qu’a dressé hier M. Cortbawi qui a, toutefois, laissé une porte ouverte à l’espoir, surtout grâce aux activités de l’ordre au cours de l’année écoulée, dont la création de l’Institut des droits de l’homme, dirigé par Me Georges Assaf.
M. Cortbawi a commencé par rappeler que, dans son préambule, la Constitution libanaise a adopté les principes de la déclaration des droits de l’homme. En premier, a-t-il ajouté, il y a le droit à la vie qu’Israël viole chaque jour au Liban. Viennent ensuite les libertés, dont la liberté d’expression, qui couvre la presse ainsi que le droit aux manifestations et aux grèves. Selon Cortbawi, les violations de ces droits ne se comptent plus. Cela commence avec l’annulation de la vie politique au Liban, l’adoption du principe des nominations dans les élections municipales, en principe pour préserver l’entente nationale, mais en réalité, pour habituer les Libanais à une démocratie de pure forme, vide de sens... Cela se poursuit avec l’impossibilité pour les Libanais de gérer leurs affaires et est couronné par la violation par le ministère de l’Intérieur de la loi ottomane sur les Associations, en remplaçant la simple notification par une autorisation accordée discrétionnairement par le ministère... Sans parler de la situation des prisons et des prisonniers et surtout des prisonniers libanais détenus en Syrie. «Pour nous, a dit M. Cortbawi, ce problème n’est pas politique, il doit être réglé dans le cadre de loi qui dit clairement qu’un Libanais doit être jugé au Liban s’il commet un crime sur le territoire libanais».
M. Cortbawi s’est demandé ensuite pourquoi on essaye toujours d’attribuer des mobiles politiques à toute revendication des droits de l’homme? Il a aussi rappelé aux politiciens de tous bords que le pouvoir est une roue qui tourne, c’est pourquoi défendre les droits de l’homme est dans l’intérêt de tous.
L’ancien bâtonnier a toutefois évoqué quelques points positifs, dont les décisions du conseil constitutionnel concernant les recours en invalidation des élections législatives, les efforts du parquet pour contrôler les enquêtes préliminaires et éviter les actes humiliants, la décision du ministère de la Justice de créer une maison de redressement unifiée pour tous les délinquants mineurs à Baassir, et enfin la détermination du ministère de la Justice à appliquer la loi qui lui donne le contrôle des prisons.

La commission
d’assistance

M. Cortbawi a ensuite énuméré les activités de l’ordre et il a précisé que la commission d’assistance juridictionnelle a pu assurer une aide à près de 1000 personnes incapables de se trouver un avocat. Enfin, il a promis que l’ordre continuera à défendre les droits de l’homme, quelles que soient les personnes qui se succéderont à sa tête. «Réclamez vos droits, vivez vos libertés, c’est ainsi que vous défendrez le Liban, car la sécurité véritable est celle qui est basée sur les libertés...» C’est ainsi que M. Cortbawi a conclu son allocution avant de céder la place à M. Abdel Salam Cheaïb, président de la commission des libertés et des droits de l’homme à l’ordre des avocats, fondée le 4 avril 1996. M. Cheaïb a longuement expliqué les activités de cette commission qui a rédigé, entre autres, un rapport sur les agressions israéliennes au Liban qui a été soumis par la délégation libanaise aux participants au sommet de l’OCI, à Téhéran. La commission a aussi préparé plusieurs projets de loi et a rédigé des rapports sur les atteintes aux droits de l’homme au Liban, notamment au sujet de l’intervention du pouvoir dans les élections à la centrale syndicale. M. Cheaïb a insisté sur la nécessité de ne pas se méfier des rapports établis par les organisations internationales, car même s’ils peuvent paraître durs, ils sont généralement apolitiques et ne visent qu’à améliorer les conditions de vie des citoyens.
Le contre-rapport préparé par l’ordre des avocats en réponse au document envoyé par le gouvernement à la commission des droits de l’homme des Nations Unies, basée à Genève (qui laissait croire que la situation des droits de l’homme au Liban est idyllique) a été distribué aux personnes présentes. «L’Orient-Le Jour» en avait publié de larges extraits dans son édition d’hier et son contenu est loin d’être complaisant. Cela réussira-t-il à convaincre les responsables que quelque chose va mal au pays des Cèdres ou bien continueront-ils à faire la politique de l’autruche et à justifier les multiples atteintes aux droits et aux libertés par les exigences de l’entente nationale et de l’ordre public? Rendez-vous l’an prochain pour un nouveau bilan... qui ne s’annonce pas, hélas, plus positif.

S. H.
Le 6 décembre 1996, M. Chakib Cortbawi, alors bâtonnier, avait décidé que, désormais, l’ordre des avocats de Beyrouth célébrerait l’anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, le 10 décembre. Et cette année, bien qu’il ne soit plus bâtonnier, la tradition a été maintenue et c’est toujours lui qui a prononcé un discours de circonstance, au...