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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise diplomatique Amman Bagdad La Jordanie expulse sept diplomates irakiens et rappelle son chargé d'affaires


La «tiédeur» qui caractérisait depuis quelque temps les rapports entre l’Irak et la Jordanie a tourné à la crise diplomatique hier, Amman ayant décidé d’expulser sept diplomates irakiens et de rappeler son chargé d’affaires à Bagdad pour protester contre l’exécution, lundi, de quatre de ses ressortissants, des étudiants condamnés à mort pour un trafic de pièces détachées de voitures qui leur avait rapporté l’équivalent de 870 dollars.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères par intérim Jawad Anani a convoqué mercredi l’ambassadeur d’Irak Nouri Louaïss et lui a demandé le «départ de sept diplomates irakiens accrédités en Jordanie dans un délai d’une semaine», a-t-on indiqué de source officielle à Amman.
L’ambassade d’Irak compte une vingtaine de diplomates en Jordanie.
M. Anani a en outre remis à l’ambassadeur d’Irak une note de protestation de la Jordanie pour l’exécution des quatre Jordaniens, «en dépit des contacts diplomatiques engagés au plus haut niveau» par la Jordanie, a-t-on précisé de même source.
En outre Amman a annoncé officiellement avoir convoqué son chargé d’affaires en Irak, M. Adel Soueidan.
La Jordanie, qui maintient cinq diplomates en poste à Bagdad, n’a pas remplacé son ambassadeur en Irak lorsque le titulaire a pris sa retraite en août dernier.
Amman avait protesté mardi contre l’exécution de ses ressortissant. «Le gouvernement désapprouve cette mesure, tyrannique et contraire aux usages entre deux pays voisins», avait déclaré un haut responsable cité par l’agence Petra.
Le délit «ne méritait pas plus qu’une amende ou une peine de prison», avait ajouté le responsable.
Alors que l’Irak et la Jordanie entretenaient des relations chaleureuses lors de la crise du Golfe (août 1990-février 1991), leurs rapports ont commencé à se dégrader en 1993. La lune de miel a pris fin en août 1995 avec l’accueil par Amman du général Hussein Kamel Hassan, gendre du président irakien Saddam Hussein, qui avait fait défection en Jordanie.

Sécurité renforcée

L’année 1996 sera particulièrement tendue entre les deux pays.
Le meurtre à Bagdad en février du général Hassan et de ses deux frères, peu après leur retour en Irak, «indigne» Amman.
«Le changement de régime en Irak est inévitable car les choses ne peuvent plus continuer ainsi», déclare alors le roi Hussein.
Un mois plus tard, la Jordanie expulse un diplomate irakien, M. Hussein Faraj Khalaf, pour «activités incompatibles avec son statut de diplomate», et Bagdad riposte en expulsant un agent administratif de l’ambassade jordanienne à Bagdad.
Amman décide alors d’expulser deux autres diplomates irakiens, et le premier ministre de l’époque Abdel Karim Kabariti accuse les trois diplomates irakiens d’être des «officiers de renseignement» à la solde de Bagdad.
En avril, cinq Jordaniens sont assassinés à Bagdad, et la Jordanie demande des explications au sujet de ces meurtres. Un journal irakien fait alors état de l’arrestation de sept Irakiens.
Depuis, la Jordanie a décidé de renforcer le dispositif de sécurité autour de son ambassade à Bagdad, craignant pour la sécurité de ses diplomates.
En août, le royaume accuse l’Irak d’être impliqué dans des émeutes contre la cherté de la vie, ce que Bagdad dément. Amman déclare alors deux diplomates irakiens persona non grata.
Tout le long de cette crise, la Jordanie a cependant évité de parvenir au point de non-retour dans ses relations avec Bagdad dont elle dépend pour son approvisionnement en pétrole (70.000 barils par jour) acquis à un tarif préférentiel.
Elle a en outre tenté de préserver ses liens économiques avec l’Irak, un marché important pour les industriels jordaniens.
L’accord pétrolier jordano-irakien doit être renouvelé en janvier prochain. En 1997, l’Irak a décidé d’augmenter de quatre dollars le prix du baril qu’il vendait à la Jordanie à 11 dollars, alors qu’il atteint quelque 18 dollars sur le marché mondial.






La «tiédeur» qui caractérisait depuis quelque temps les rapports entre l’Irak et la Jordanie a tourné à la crise diplomatique hier, Amman ayant décidé d’expulser sept diplomates irakiens et de rappeler son chargé d’affaires à Bagdad pour protester contre l’exécution, lundi, de quatre de ses ressortissants, des étudiants condamnés à mort pour un trafic de pièces...