Tribune La chasse est interdite ... les chasseurs paradent

Mon jardin depuis deux ans avait apprivoisé les oiseaux. Cet automne ramène le bruit des canons. Toute la vallée en retentit. Mon jardin est petit et l’oiseau liberté. Je sens battre mille petits cœurs aux abois dans les feuillages. Mais ils ne peuvent se terrer longtemps, le vaste ciel est là et la forêt de l’autre côté du vallon avec ses secrets, ses insectes. L’arbre ne peut retenir l’oiseau dans ses rets, car il faut vivre... et c’est mourir, hélas!
Et pourtant la chasse est interdite. Malgré des déclarations ministérielles qui semblent donner le feu vert aux chasseurs par-delà la loi, la chasse reste interdite. Jusqu’à nouvel ordre!
Chaque dimanche, j’essaye de la faire respecter, cette loi. J’appelle le commissariat de la région quatre, cinq, six fois. C’est toujours la même réponse «Oui, oui, on va vous envoyer du monde». Mais jamais aucune voiture de police n’a répondu à mon appel.
Le bruit viril des coups de fusils a chassé les chants d’oiseaux. Au fil des jours, mon jardin et la vallée se taisent. C’est le règne de la terreur. Les chasseurs paradent, leurs lamentables trophées en grappes à leur ceinture.
Il y a un peu plus de 20 ans, un ornithologue avait fait cette réflexion prophétique: dans un pays où tirer sur tout ce qui vit dans la nature est très répandu, un jour ou l’autre les hommes retourneront leurs canons les uns contre les autres. Et c’est ce qui est arrivé. Peut-être qu’à l’époque il n’y avait plus assez d’oiseaux. Peut-être que demain il ne restera plus assez d’oiseaux pour canaliser la virilité excessive des hommes de notre pays. Peut-être notre pays n’est-il éternellement qu’en sursis de guerre...

Hélène AUDI
et SOS Environnement