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Actualités - ANALYSE

Les ballons d'essai israéliens : tous piégés, estime Beyrouth..

Bien qu’il soit le premier Israélien à parler de la 425, Yossi Beilin n’a pas beaucoup convaincu Beyrouth avec sa proposition de retrait du Liban-Sud. D’une part parce que le parti travailliste auquel il appartient n’est pas au pouvoir. Et d’autre part parce qu’en tout ce qui concerne l’armée israélienne, question nationale, il est connu que les décisions en Israël sont nécessairement consensuelles.
Ainsi, il y a trois mois, quand la polémique au sein même du gouvernement Likoud sur l’opportunité d’un retrait du Liban était à son paroxysme, le premier ministre Benjamin Netanyahu n’avait pas tranché avant d’avoir consulté non seulement les chefs militaires mais aussi les dirigeants de la gauche. Le Liban sait donc qu’en pratique Likoud et travaillistes c’est bonnet blanc et blanc bonnet en ce qui concerne le Sud et la Békaa-Ouest. Et il se méfie de plus en plus depuis que Netanyahu a lancé le slogan piégé «Liban d’abord», dont le projet Beilin se rapproche du reste beaucoup.
Il reste que pour des raisons tactiques qui ne sont vraiment pas en rapport avec le problème même, Beilin bénéficie en sa qualité d’opposant à Netanyahu de fortes sympathies au sein de l’Administration U.S. En effet, Washington en veut beaucoup au leader du Likoud auquel il reproche notamment d’avoir fait échouer par son intransigeance la conférence économique de Doha, très importante pour les intérêts U.S. dans la région. Sous l’impulsion de Madeleine Albright, connue pour avoir la rancune tenace comme Boutros Boutros-Ghali l’a naguère éprouvé à l’ONU où elle l’a empêché de se faire réélire, des contacts souterrains seraient actuellement déployés par la diplomatie U.S. pour promouvoir l’initiative de l’ancien ministre travailliste. «Mais ces manœuvres occultes, souligne un diplomate occidental en poste à Beyrouth, peuvent avoir pour effet de faire basculer pour de bon Netanyahu dans le camp des partisans irréductibles du maintien de l’occupation. Il peut même être tenté de s’en servir comme levier de contre-pression pour amortir les poussées U.S. qui visent à le déstabiliser à l’intérieur. Pire même, le sentiment d’être cerné peut éventuellement l’inciter à un redoutable coup de poker par une opération militaire d’envergure qui, sur le territoire libanais, n’épargnerait pas les forces syriennes».
Une fuite en avant que des sources locales jugent cependant assez improbable à cause des lignes rouges tracées par les Américains dont le processus volerait en éclats si Netanyahu se frottait de trop près à la Syrie.
Toujours est-il que ce plan Beilin s’articule autour des points suivants:
— Retrait de l’armée israélienne du territoire libanais suivant un calendrier-programme, dans un délai déterminé au cours duquel le commandement de la région Nord (les forces d’occupation) démantèlerait l’Armée du Liban-Sud, milice auxiliaire, dont les cadres seraient conduits hors du Liban vers des métropoles occidentales disposées à les accueillir.
— Livraison de l’enclave frontalière et de la région de Jezzine à une force multinationale qui se déploierait de Nakoura aux contreforts de l’Hermon dans la zone de Chebaa, ainsi que dans la région de Jezzine. Une force qui prendrait en charge avant tout les positions stratégiques élevées donnant sur la Galilée comme Toumate Niha, Jabal Safi et Kfarhouna en y disposant des stations de préalerte.
— Déploiement à l’intérieur des zones désertées par les Israéliens des FSI et de l’armée libanaise qui prendraient sur elles de protéger la population — entendre les collaborateurs — de tout acte de vengeance.
On dit aussi que le projet comporte un volet politique ayant trait à la présence syrienne au Liban, à la situation politique intérieure au Liban où il serait demandé la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale accompagnant le retrait israélien.
Mais l’essentiel en apparence, ce qui distingue le projet de Beilin des multiples propositions israéliennes enregistrées à ce jour, c’est qu’il fait référence à la 425 que l’Etat hébreu n’a jamais voulu reconnaître. Dans cette «concession», nombre d’analystes veulent voir l’impasse dans laquelle se trouve Israël et son désir de se dégager à n’importe quel prix de ce qui est devenu pour lui un véritable guêpier. En réalité, Beilin n’évoque la 425 que pour la forme: cette résolution précise en effet que le retrait doit être aussi inconditionnel qu’immédiat et son projet est truffé de conditions…
Ph. A-A.
Bien qu’il soit le premier Israélien à parler de la 425, Yossi Beilin n’a pas beaucoup convaincu Beyrouth avec sa proposition de retrait du Liban-Sud. D’une part parce que le parti travailliste auquel il appartient n’est pas au pouvoir. Et d’autre part parce qu’en tout ce qui concerne l’armée israélienne, question nationale, il est connu que les décisions en Israël...