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Actualités - ANALYSE

Crise de confiance autour de la procédure électorale au Liban

Par rapport aux autres pays de la région, le Liban s’est toujours distingué par son régime démocratique et parlementaire. C’est d’ailleurs l’alternance naturelle au pouvoir qui lui a permis de résister aux tempêtes des années de guerre.
Tel est le discours que tenait récemment un ambassadeur européen devant une personnalité politique. Mais selon ce diplomate, la pratique démocratique s’estompe aujourd’hui dans le pays, et les opérations électorales se déroulent de manière frauduleuse. Preuve en est, les nombreux recours en invalidation que le Conseil constitutionnel a dû examiner à l’issue des dernières législatives en particulier. Qui plus est les lois électorales approuvées par le Parlement incitent diverses factions libanaises à boycotter les scrutins. Dans ces conditions, le régime démocratique risque fort de ne plus devenir qu’un souvenir.
En réponse aux observations de l’ambassadeur susmentionné, la personnalité politique fait de son côté l’analyse suivante:
Lorsqu’en 1943, le pays a pris son indépendance, les Libanais étaient déjà divisés: les inconditionnels du pacte national et ses détracteurs. Pour les premiers, ce pacte constituait le pilier de l’indépendance dans la mesure où il consacrait l’unité des communautés spirituelles du Liban. Les seconds s’y opposaient fermement parce qu’il était l’expression de «deux négations qui ne font pas une nation», selon les termes historiques du journaliste Georges Naccache.
A cette époque, les électeurs avaient eux-mêmes tranché le débat en élisant à l’Assemblée les candidats favorables au pacte.
Puis, les débats se sont transposés au niveau de la Constitution, plus précisément, au niveau des prérogatives du président du Conseil considéré par une partie de la population comme un simple greffier dont la seule tâche était de parapher les décisions du chef de l’Etat.
Mais en 1969, avec la signature des accords du Caire, le pacte de 43 devenait obsolète, l’OLP contrôlant désormais de larges portions du territoire.
La guerre de 1975 devait à son tour aboutir à une nouvelle entente en 1989, l’accord de Taëf qui une fois de plus a divisé les Libanais en deux camps d’inconditionnels et d’opposants.
En revanche, contrairement à l’adoption du pacte de 43 qui fut le résultat d’une consultation populaire démocratique, la consécration de l’accord de Taëf fut le fruit d’une pseudo-opération électorale, dans la mesure où la loi électorale votée en 1992 incitait un grand nombre de Libanais à boycotter le scrutin.
En 1996, les partisans de Taëf ont eu recours à un autre procédé qui leur permettait de se maintenir au pouvoir. Pour empêcher un nouveau boycott des élections qui aurait été préjudiciable à leur légitimité, ces derniers ont promis leur appui à plus d’une famille politique. Le résultat fut époustouflant: dans certaines circonscriptions, le nombre de candidats dépassait parfois celui des électeurs...
En clair, toutes ces dispositions démentent les propos de ceux qui prétendent que l’opposition s’est elle-même retranchée de la vie politique. Si le pouvoir était vraiment sûr de lui, il aurait organisé des législatives garantissant une participation massive des Libanais. Osera-t-il donc un jour faire face honnêtement à ses rivaux politiques dans le cadre d’une véritable lutte électorale? E.K.
Par rapport aux autres pays de la région, le Liban s’est toujours distingué par son régime démocratique et parlementaire. C’est d’ailleurs l’alternance naturelle au pouvoir qui lui a permis de résister aux tempêtes des années de guerre.Tel est le discours que tenait récemment un ambassadeur européen devant une personnalité politique. Mais selon ce diplomate, la...