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Actualités - CHRONOLOGIE

Il s'est entretenu à Paris avec Jospin et le secrétaire d'état US Netanyahu présente ses idées, mais Albright reste sur sa faim


Le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright n’a pas obtenu, hier à Paris, ce qu’elle voulait du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, mais s’est montrée plus ouverte face à sa proposition d’un redéploiement limité des forces israéliennes en Cisjordanie. «Nous accueillons favorablement la décision de principe du gouvernement israélien d’effectuer de nouveaux redéploiements» en Cisjordanie occupée, a affirmé Mme Albright lors d’une conférence de presse commune avec M. Netanyahu. Après s’être entretenue avec lui pendant plus de trois heures, elle a qualifié cette rencontre comme étant «la plus substantielle» depuis des semaines. M. Netanyahu l’a qualifiée d’«utile».

Mais contrairement à ce qu’elle espérait, elle n’a apparemment pas pu obtenir de précisions chiffrées sur l’ampleur de ce redéploiement qui sera limité et conditionné. «Nous n’avons pas discuté de pourcentage», a déclaré M. Netanyahu, qui avait affirmé à son départ d’Israël ne pas s’être muni «de cartes ou de chiffres» sur l’ampleur de ce retrait.
Le département d’Etat avait rejeté mercredi les chiffres publiés dans la presse israélienne sur le projet du gouvernement israélien de retrait limité de Cisjordanie, tout en estimant que les demandes palestiniennes étaient irréalistes.
Selon les indications officieuses données à Jérusalem, le retrait israélien de Cisjordanie serait limité à 6-8 % du territoire.
S’abstenant de toute critique contre la politique de M. Netanyahu, Mme Albright a en revanche invité le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat — qu’elle doit rencontrer aujourd’hui à Genève — de prendre l’initiative israélienne au «sérieux». Elle lui a également demandé de continuer sa lutte «24 heures sur 24, sept jours sur sept» contre le terrorisme. «Je dirai au président Yasser Arafat que je pense qu’il doit prendre au sérieux la décision de principe du gouvernement israélien, que nous la prenons au sérieux», a-t-elle dit.
Les propos du secrétaire d’Etat américain ont aussitôt provoqué une vive irritation côté palestinien. «Nous ne sommes pas dans un bazar oriental pour discuter des pourcentages de territoires» que l’armée israélienne doit évacuer, a ainsi déclaré à Gaza le secrétaire général de la présidence palestinienne, Tayeb Abdel Rahim.
«Toute tentative visant à remettre en question les accords signés ne peut que modifier les principes guidant le processus de paix et encourager le Cabinet de Benjamin Netanyahu à fuir ses engagements», a-t-il ajouté.

Proposition embarrassante
pour Arafat

En l’absence de précisions sur le plan israélien — qui doit être encore examiné pendant «plusieurs semaines» par le gouvernement israélien, selon le premier ministre — M. Netanyahu a avancé de nouvelles idées qui risquent fort d’embarrasser un Yasser Arafat affaibli et qui fait face au désenchantement croissant des Palestiniens.
Après avoir été reçu par le premier ministre français, Lionel Jospin, M. Netanyahu a en effet insisté sur la nécessité pour les Palestiniens de démontrer concrètement leur volonté de respecter leurs engagements en matière de sécurité avant tout nouveau retrait israélien de Cisjordanie.
«Nous proposons que pendant cinq mois, les Palestiniens remplissent leurs obligations, notamment en matière de sécurité, afin de nous assurer que les territoires que nous leur rendrons ne deviennent pas des bases de nouveau terrorisme», a-t-il déclaré.

Le plan Sharon

Pendant ce temps, l’influent ministre israélien des Infrastructures nationales, Ariel Sharon, a présenté vendredi son plan de règlement en Cisjordanie qui permettrait à Israël de garder au moins 60% des territoires occupés, en invoquant des considérations de sécurité.
S’il devait être appliqué, ce plan, qui saucissonne les territoires occupés en les privant de continuité territoriale et de frontières avec un autre pays arabe, consacrerait le partage de la Cisjordanie cinquante ans après le partage de la Palestine et la création de l’Etat hébreu.
«Le premier impératif est la sécurité, c’est pourquoi nous devons nous assurer le contrôle exclusif de deux zones» stratégiques, a déclaré M. Sharon lors d’une visite guidée de la presse en Cisjordanie. «La présence des colons juifs en Judée Samarie (Cisjordanie) est la garantie de la sécurité d’Israël», a proclamé le chef de file de l’aile dure de la droite lors d’une visite à l’implantation de Peduel (un millier d’habitants), à vingt kilomètres à l’est de Tel-Aviv.
La première zone s’étendrait sur une profondeur «de 7 à 10 kilomètres», à l’ouest de la «ligne verte» séparant Israël des territoires occupés en 1967. La seconde s’étirerait tout au long du Jourdain sur 20 km de profondeur.
Cartes en mains, M. Sharon a expliqué que ces deux zones étaient «les indispensables balcons d’Israël». La première, à l’ouest, surplombe les faubourgs de Tel-Aviv et son aéroport international, ainsi que la centrale électrique d’Ashdod, 30 km plus au sud. «C’est un petit pays et les deux tiers de notre population vivent sur cette bande côtière», a-t-il dit.
Quant à la vallée du Jourdain à l’est, le double cordon de colonies de cette région doit, selon M. Sharon, servir de tampon stratégique contre d’éventuelles invasions de l’Irak, de la Syrie, ou encore d’Arabie Saoudite. «La profondeur stratégique y est cruciale», a-t-il ajouté.
Ces deux zones devraient être reliées par des axes routiers évitant autant que possible les agglomérations palestiniennes, notamment grâce à des tunnels et des ponts. Les villages palestiniens de ces zones resteront sous contrôle militaire israélien et sous administration palestinienne, a-t-il encore dit.
Israël entend par ailleurs maintenir sous sa souveraineté l’ensemble de Jérusalem et de sa périphérie, et 155 implantations israéliennes resteraient en place.
En attendant le règlement d’un statut final des territoires, Israël s’abstiendra de construire de nouvelles colonies, a déclaré M. Sharon. «Après, c’est une autre histoire», a-t-il ajouté. «Mais si les Palestiniens déclarent un Etat palestinien, nous annexerons immédiatement ces zones», a-t-il prévenu.

Le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright n’a pas obtenu, hier à Paris, ce qu’elle voulait du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, mais s’est montrée plus ouverte face à sa proposition d’un redéploiement limité des forces israéliennes en Cisjordanie. «Nous accueillons favorablement la décision de principe du gouvernement israélien d’effectuer...