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Actualités - ANALYSE

Le doute, encore et toujours...

«Ce doute, ah ce doute qui me tue…», s’exclame le mari british en découvrant l’ami de madame caché dans le placard. Blague connue mais universelle: la troïka, même soudée comme les doigts d’un palmipède, même enfin d’accord sur un plan de réforme qui a toutes les apparences du sérieux, n’arrive pas à inspirer confiance.
C’est que, sur le plan politique, on s’étonne beaucoup de la soudaine humilité de l’équipe Hariri qui s’incline devant les recommandations de M. Nabih Berry, après avoir longtemps refusé de discuter économie avec qui que ce soit, considérant que c’était là un domaine réservé, jalousement gardé.
Et sur le plan technique, les experts mais aussi nombre de ministres, sont pour le moins réservés sur la faisabilité du projet comme sur l’utilité de mesures qui, pour eux, ont tout l’air de simples tranquillisants. Du reste, pour parer à toute éventualité et se parant d’une modestie qu’on ne lui connaissait pas, le ministre délégué aux Finances, M. Fouad Siniora souligne en substance que «ce ne sera pas facile de trouver au dehors quelqu’un qui voudra nous avancer deux milliards de dollars». Allant encore plus loin dans la prudence, le ministre précise que les «dispositions envisagées ne donneront pas de résultats tangibles avant trois bonnes années. Il n’y a pas de solution miracle, pas de coup de baguette magique pour traiter la situation économique…» En privé, M. Siniora, qui reconnaît donc l’existence d’une crise qu’à l’instar de son chef il niait encore voici quatre mois, affirme que «les résolutions adoptées dans l’accord de Baabda doivent, pour servir vraiment à quelque chose, s’accompagner d’autres mesures moins timides, plus efficientes»… Probablement dans le sens de l’austérité, cheval de bataille habituel de M. Siniora qui, cependant, n’a encore remporté aucune victoire dans la limitation du gaspillage d’Etat.
Il va sans dire que l’aveu d’incertitude de M. Siniora ne fait que renforcer les doutes quant au plan de sauvetage mis au point à Baabda.

Manœuvres

«D’autant, relève un ministre sceptique, qu’il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que, sous prétexte d’«aider» le chef du gouvernement, on cherche à l’enfoncer politiquement. On lui fait ainsi reconnaître, pour commencer, sa mauvaise conduite des affaires du moment qu’on le force à admettre l’existence d’une crise financière aiguë au niveau de l’Etat. Et on enchaîne en faisant le procès d’une gestion autocratique, d’un style trop personnel, trop exclusif qui n’a pas assez tenu compte des spécificités de ce pays sortant de guerre, des besoins réels de la population. Certes, comme le chef de l’Etat le souligne devant ses visiteurs, les Libanais n’ont pas eu à subir les privations que les Européens avaient pu connaître après la deuxième guerre mondiale avant d’opérer leur redressement économique. Mais, comme M. Hraoui le rappelle également, nos compatriotes ont par contre à pâtir du gaspillage des fonds publics par une administration qui sévit sans contrôle. Et cela, même si le président de la République ne le dit pas directement, implique une mauvaise gouvernance pour employer un terme cher au président Chirac. Les feux sont donc braqués sur le président Rafic Hariri qui se serait comporté comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et qui a eu d’ailleurs l’été dernier la maladresse de l’affirmer publiquement, en lançant le 1er août au chef de l’Etat «tout marche, monsieur le président et le pays marche». «Toujours est-il, conclut cet observateur patient, qu’actuellement les contempteurs de M. Hariri, avoués ou masqués, semblent avoir le vent en poupe car leurs attaques portent à plein sur une cible trop ligotée par les impératifs budgétaires pour riposter. En effet, M. Hariri a besoin de passer le cap du débat budgétaire à la Chambre et c’est ce qui explique sa passivité face aux amabilités du camp Berry. Mais ensuite, quand il aura gagné le répit d’un an que le plan lui accorde, il est probable qu’il rendra coup pour coup avec intérêts. Et des armes il n’en manque pas parce qu’à tout prendre si on veut parler gaspillage, voire corruption, bien peu de rouages en place échappent à la critique…

Ph.A-A.
«Ce doute, ah ce doute qui me tue…», s’exclame le mari british en découvrant l’ami de madame caché dans le placard. Blague connue mais universelle: la troïka, même soudée comme les doigts d’un palmipède, même enfin d’accord sur un plan de réforme qui a toutes les apparences du sérieux, n’arrive pas à inspirer confiance.C’est que, sur le plan politique, on...