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Actualités - ANALYSE

Réforme financière : le pouvoir se dit confiant...

Le Conseil des ministres entame ce mercredi la traduction en actes de gouvernement de l’accord conclu entre les trois présidents. Certains points devront faire l’objet de projets de lois à transmettre à la Chambre, d’autres peuvent être réglés par décret ou par simple arrêté ministériel. La mise en forme juridique est accomplie, à la demande du président du Conseil, par le ministère de la Justice.
Les propositions qui nécessitent l’approbation de l’Assemblée nationale s’énumèrent comme suit:
— La fusion de ministères, d’institutions publiques (conseils, offices autonomes, compagnies d’eau), de services sécuritaires (Sûreté générale, Sûreté d’Etat, Forces de sécurité intérieures).
— La réorganisation des organismes de contrôle administratif ou parajudiciaire (Conseil de la Fonction publique, Inspection centrale, Institut national de l’administration, Cour des comptes).
— La refonte du code de la fonction publique, autrement dit du règlement auquel les fonctionnaires se trouvent soumis.
— La suppression de la pension de retraite accordée aux présidents et aux députés.
— La création d’une carte fiscale à destination de tous les citoyens.
— Le transvasement d’une partie de la dette publique intérieure en dette publique extérieure par le biais de bons du Trésor en devises étrangères pour un montant de deux milliards de dollars et l’emprunt de sommes à long termes, également en devises fortes.

Optimisme

Interrogé sur le sort de ces résolutions, un officiel se dit «tout à fait confiant, car l’opinion est tout à fait favorable à ce panel de réformes. Nous nous attendons donc que l’Assemblée nationale approuve sans problème les projets de lois qui lui seront soumis et que, de son côté, le Conseil des ministres adopte sans trop discuter les mesures visant à la compression des dépenses publiques».
«Cependant, précise ce dirigeant, l’autre batterie de suggestions, qui vise à améliorer les rentrées de l’Etat, va sans doute faire l’objet d’un débat serré foisonnant d’idées car chaque député, chaque ministre, chaque pôle d’influence dans le pays a ses vues propres, ses remarques, ses propositions à ce sujet. Les mesures envisagées peuvent donc connaître des amendements, des retouches et nous n’y voyons pas d’objection tant que le cap sera maintenu sur l’objectif recherché. L’essentiel est de parvenir à réduire le déficit budgétaire et d’amortir la dette publique».
Et de souligner ensuite que, «tout naturellement, le fait que les trois présidents soient d’accord signifie que le plan obtiendra l’adhésion d’une large majorité, tant en Conseil des ministres qu’à l’Assemblée nationale. Place de l’Etoile, le président Nabih Berry dirige la concentration parlementaire, entendre le bloc, la plus importante numériquement et il est sur ce plan suivi de près par le président Rafic Hariri. A eux deux, ils contrôlent au moins cinquante députés. Avec leurs alliés, ils disposent d’au moins les deux tiers des voix».

Objections

Certes, mais en pratique, quand on doit passer aux détails concrets, des divergences peuvent surgir. Et l’un ou l’autre des présidents peut alors, sur tel ou tel projet qui ne lui plaît pas, laisser soi-disant «la liberté de vote» aux membres de son bloc comme aux ministres qui dépendent de lui. Autrement dit, les inciter à voter contre, sous le vertueux prétexte que la troïka ne doit pas monopoliser les institutions de décision, entendre le Conseil des ministres et la Chambre.
«En outre, se demande un homme politique expérimenté, le gouvernement et la Chambre seront-ils en mesure de traduire en réalités l’ambitieux projet d’assainissement des finances publiques et de réforme administrative mis au point par la troïka dans le court laps de temps qui nous sépare de la fin du présent régime. Peut-on de plus s’aveugler au point de ne pas se rendre compte que l’emprunt de deux milliards de dollars serait une mesure absolument catastrophique en fin de compte s’il ne s’accompagnait de l’application effective, pointilleuse, des résolutions adoptées, dans le courant de l’exercice financier 1998, tout retard entraînant une double aggravation du mal, que cela soit au niveau du déficit budgétaire ou à celui de l’endettement public. C’est là un élément tout à fait capital. Les dirigeants doivent le savoir mieux que personne, à moins d’être effroyablement naïfs, reproche que nul ne saurait leur adresser. Alors de deux choses l’une: ou les trois sont absolument décidés, avec une égale détermination, à mettre les bouchées doubles pour redresser la barre dans les délais étroits qui leur restent; ou ils ne font que lancer de la poudre aux yeux, un peu pour endormir l’opinion publique et beaucoup pour gagner du temps, au prix d’une dangereuse dégradation à terme de l’état de santé du Trésor libanais».
E.K.
Le Conseil des ministres entame ce mercredi la traduction en actes de gouvernement de l’accord conclu entre les trois présidents. Certains points devront faire l’objet de projets de lois à transmettre à la Chambre, d’autres peuvent être réglés par décret ou par simple arrêté ministériel. La mise en forme juridique est accomplie, à la demande du président du Conseil,...