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Actualités - OPINION

Tribune Une réponse de l'Ordre des médecins au Dr Fouad Boustany

Un des moyens les plus sûrs de ne pas résoudre un problème est de prétendre qu’il n’existe pas. Mieux encore c’est de faire croire qu’il est ailleurs.
Dans un article paru le 7 novembre sous l’intitulé «Ces émissions qui nous font mal», le Dr Fouad N. Boustany s’inquiétait de la dérive audiovisuelle et de ses répercussions néfastes sur la profession médicale. Après s’être assuré le concours d’une citation qu’il voulait décisive, il s’est lancé dans un exercice de style dans la plus pure tradition littéraire et dont l’admirable syntaxe n’avait d’égal que la platitude du contenu. Etonnant de la part d’un confrère, ancien président de l’Ordre qui, on ose l’espérer, a côtoyé, même s’il ne les a pas résolues les préoccupations constantes de ces confrères.
Doit-on lui rappeler le rôle d’un conseil qu’il a lui-même présidé? Le Conseil de l’Ordre est l’organe représentatif de tous les médecins. Il a pour vocation de défendre leurs intérêts. Il lui incombe également d’arbitrer les conflits entre les médecins d’une part et les partenaires sociaux et les patients d’autre part. Il se doit également d’assurer aux médecins qu’il représente la dignité des soins et une retraite décente. Faut-il également rappeler au docteur Boustany que, pendant son mandat, les veuves des médecins ne prenaient même pas la peine de se déplacer pour toucher les allocations de la Caisse de retraite parce que le trajet leur coûtait plus cher que ce qu’elles allaient toucher!
Le spectacle auquel il a assisté lui a dévoilé singulièrement un aspect inhabituel du corps médical et des institutions de santé. L’indulgence nous porte à croire que le projet de la séparation des honoraires et les obstacles érigés par certains à son aboutissement lui sont coutumiers. Nous lui accordons cependant le côté inhabituel de la pugnacité de ceux qui actuellement défendent ce projet et comprenons sa désolation de les voir aboutir là où il a lui-même échoué.
Le Dr Boustany poursuit en se plaignant que certaines émissions jettent l’opprobre sur le monde médical en montant en épingle des accidents malheureux qui finissent par installer une angoisse diffuse parmi le public. Il s’étonne en outre que les médias ne passent pas plus de temps à encenser les médecins et les institutions et finit par avouer l’incapacité de la corporation médicale à contrôler l’abus de ses membres. Cet écheveau de plaintes ridicules et de souhaits éculés est irrecevable. Les médias font leur métier et attendent des médecins d’en faire autant. Ils offrent des tribunes libres et démocratiques à tous pour pouvoir s’exprimer et aux médecins d’en profiter et d’informer le public. Il est d’ailleurs curieux et paradoxal que le Dr Boustany, profitant de cette même tribune, veuille critiquer ceux qui la lui offrent et, par la même occasion, l’interdire à d’autres que lui-même. Par ailleurs, nous récusons l’appel à l’autocensure des médias pour défendre le corps médical qui est parfaitement capable de le faire par la voix de ses représentants. La crédibilité du médecin, n’en déplaise au Dr Boustany, ne peut en aucun cas s’obtenir en quémandant des louanges mêmes mérités. Ce métier porte en lui-même ses lettres de noblesse et nul n’a besoin de le rappeler. Le jour est grave où le médecin aura besoin d’être félicité pour avoir accompli correctement sa tâche. Mais si, toutefois, l’on ne félicite pas l’honnête, on ne doit pas se résigner à tolérer les abus. Fatalisme obligatoire comme semble le souligner le Dr Boustany en se réfugiant derrière des prétendues réalités corporatistes. Le conseil doit et est capable de se porter garant de la moralité de ses membres en excluant souverainement ceux qui portent atteinte à l’image de la profession. Ce n’est qu’au prix de cette transparence et non en cautionnant chétivement les contrevenants que le médecin gardera la confiance et le respect qui lui sont dus.
Le Dr Boustany nous a habitués à plus de discernement. On est dès lors en droit de se poser la question sur les véritables motivations qui ont agité sa plume, surtout quand on sait qu’il est appelé à siéger au conseil d’administration d’un important hôpital appartenant aux assurances et où la séparation des honoraires n’est pas franchement à l’ordre de jour. Et si nous tenons à le féliciter nous ne savons pas si nous devons nous en réjouir.
Le Dr Boustany a eu mal ce jour-là en regardant cette émission. On aurait tout simplement souhaité que sa douleur reste muette.
Bureau de l’information
médicale de l’Ordre des médecins
Un des moyens les plus sûrs de ne pas résoudre un problème est de prétendre qu’il n’existe pas. Mieux encore c’est de faire croire qu’il est ailleurs.Dans un article paru le 7 novembre sous l’intitulé «Ces émissions qui nous font mal», le Dr Fouad N. Boustany s’inquiétait de la dérive audiovisuelle et de ses répercussions néfastes sur la profession médicale....