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Actualités - ANALYSE

Conseil des ministres : un report surprenant

Les cercles politiques, loyalistes et opposants, n’en reviennent pas: tout en annonçant mardi au sortir de Baabda les «accords de Bretton Woods», la présidence du Conseil a tranquillement fait savoir qu’il n’y aurait pas lieu de tenir un Conseil des ministres le lendemain «car il n’y a pas de points importants inscrits à l’ordre du jour»!

Un motif qui a éberlué tout le monde: faut-il que l’autorité exécutive ne se réunisse que pour déclarer la guerre ou conclure la paix... Les intérêts des gens qui attendent par centaines, parfois par milliers, des arrêtés, des permis, des licences, des décrets, la mise en branle de projets, sont-ils si dérisoires aux yeux des dirigeants.
«Et puis, s’insurge un ministre, comment après l’élaboration du programme d’austérité interprésidentiel pour l’assainissement des finances publiques ne nous réunit-on pas pour nous en exposer la teneur en détail... Comment peut-on décider d’emprunter au dehors deux milliards de dollars, sans songer à nous consulter dans les meilleurs délais... Il est très déroutant pour un officiel de n’avoir que la presse et les télés comme source d’information en ce qui concerne les affaires publiques qui sont en partie de sa propre compétence. Une fois de plus, la troïka montre donc son mépris pour les institutions et leur fait un pied de nez magistral. MM. Berry et Hariri ont commencé par négocier entre eux, sans en référer au Parlement et au gouvernement, puis ils ont fait bénir leur accord, comme lors des «six points» consacrant leur réconciliation, par la troisième roue du tricycle.En tout cas la plupart des points de cet accord de fond nécessitent un vote en Conseil des ministres et autant valait nous demander le plus vite possible de réfléchir à ces graves questions, après en avoir dûment pris connaissance, pour que nous puissions en décider avant que le débat budgétaire, qui va maintenant changer d’objet, ne soit amorcé à la Chambre».
Un politicien chevronné remarque pour sa part que «très normalement avant de saisir le Conseil des ministres d’un programme discutable sur plus d’un point, le chef du gouvernement veut sans doute en parler en tête à tête avec les membres du Cabinet qui lui sont acquis et faire approcher les autres par les pôles dont ils relèvent, afin de les amadouer. Il aurait été catastrophique pour lui qu’à l’issue d’un Conseil des ministres tenu tout de suite, même s’il ne devait pas y avoir de vote, la majorité des ministres se déclare opposés à son projet et menace de lui infliger un camouflet semblable à celui qu’il avait reçu lorsqu’il avait proposé d’augmenter le prix de l’essence».
Pour sa part, le ministre contestataire cité plus haut ne voit pas «comment les mesures envisagées, qui pour la plupart sont à long terme, peuvent résoudre la pressante crise socio-économique actuelle. Cela sans compter qu’on ne sait pas non plus par quel miracle la réforme administrative avortée en 1993 va pouvoir réussir. Ni aussi par quel prodige les corrupteurs vont se réformer, au risque de se voir brutalement dénoncés par leurs innombrables complices, dont ils trahiraient soudain les intérêts, et de passer en justice». Et de soupçonner «M. Hariri de chercher simplement à gagner du temps et d’avoir une bonne excuse, vis-à-vis de l’opinion, pour ne pas traiter une crise socio-économique dont la solution effective est hors de sa portée. Il reste cependant à savoir comment on va trouver les fonds nécessaires, en attendant les hypothétiques 2 milliards de dollars, pour continuer à payer les fonctionnaires et les intérêts de la dette publique, alors que pour complaire au président de la Chambre comme d’ailleurs à l’ensemble de la population on semble vouloir renoncer à augmenter les recettes par une surtaxation indirecte».

Les cercles politiques, loyalistes et opposants, n’en reviennent pas: tout en annonçant mardi au sortir de Baabda les «accords de Bretton Woods», la présidence du Conseil a tranquillement fait savoir qu’il n’y aurait pas lieu de tenir un Conseil des ministres le lendemain «car il n’y a pas de points importants inscrits à l’ordre du jour»!Un motif qui a éberlué tout...