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Actualités - ANALYSE

L'opposition poursuit ses attaques contre le laxisme de l'état

«Le pouvoir, cette belle au bois dormant, s’éveille au bout de sept années d’un sommeil de plomb pour découvrir que l’araignée de la corruption politique a si bien tissé sa toile que l’Administration en étouffe...»
Amateur de métaphores autant que de lieux communs, cet opposant de poids — et de l’Est — attribue presque tous les maux actuels du pays à «cet engourdissement prolongé qui, en empêchant le nettoyage des écuries d’Augias, a permis un gaspillage, une gabegie dont les méfaits accumulés ont conduit le pays à s’endetter de 13 milliards de dollars. Et c’est malheureusement loin d’être fini car aux dernières nouvelles, le gouvernement vient encore de placer des bons du Trésor en Europe pour des tas de millions de dollars. Cela à des taux qui frisent la démence et représentent au moins le double des intérêts que l’on aurait eu à payer pour des emprunts auprès des banques commerciales! Le seul service de la dette publique, entendre le paiement des traites sans remboursement du capital, plonge nos finances dans le rouge et cause l’énorme déficit budgétaire qui appauvrit le pays. Dès lors, à part cette fuite en avant des bons du Trésor que seul justifie un pressant besoin de liquidités pour payer les fonctionnaires, le gouvernement n’a devant lui que trois options pour traiter la crise:
— Trouver dehors les fonds nécessaires, mais sous forme d’emprunts privilégiés contractés auprès d’Etats amis à des taux réduits et remboursement échelonné sur le long terme. Des efforts sont certes déployés dans ce sens par M. Hariri mais il n’arrive à ramasser que des miettes car personne ne veut se risquer à donner à fonds perdus de l’argent à un Etat aussi dépensier et aussi peu fiable. Et de plus, tout naturellement, tout le monde attend de voir d’abord ce qui va se passer dans la région.

Surcharger le
contribuable

— Surcharger encore une fois le contribuable par une nouvelle flambée des taxes et impôts indirects. Mais ces ponctions, outre qu’elles sont injustes car elles pénalisent les économiquement faibles plutôt que les nantis, ne peuvent plus d’être d’un grand apport. En effet, sauf pour la taxe mécanique que de toute façon on ne peut relever que dans des limites déterminées, les Libanais, qui n’en peuvent plus, ne vont tout simplement plus acheter ces produits importés que l’Etat veut rendre hors de prix. C’est bien pourquoi les commerçants sont les premiers à protester contre le relèvement des taxes douanières: ils le font certes assumer par les consommateurs mais passée certaine limite, il n’y a plus de vente, plus de marché. Et si l’on se tourne vers les quittances de l’électricité, par exemple, on constate que la moindre goutte supplémentaire risque de faire déborder le vase. En effet, de l’aveu du ministre des Ressources hydroélectriques en personne la moitié des consommateurs, soit à peu près un million, ne paie pas… et l’EDL se rattrappe sur les autres, à savoir sur nos régions qui ne sont plus disposées à continuer à jouer les dindons de la farce et peuvent décider un jour de cesser d’acquitter la facture.
— La troisième voie qui s’offre, c’est la privatisation. En principe, non seulement elle rapporte des sous par la revente de certaines prestations mais elle permet aussi d’économiser les frais et les pertes que ces services occasionnent. Mais il faut trouver des repreneurs car peu de compagnies aux reins solides, donc internationales, sont intéressées par une aventure dans un pays réputé aussi anarchique à tous points de vue. Ainsi qui voudrait de la concession d’électricité à l’échelle nationale quand il sait d’avance que le grand sport national des Libanais c’est le branchement illicite, le vol du courant. Il faut compter aussi avec l’hostilité de la population à l’égard des privatisations, car les services deviendraient évidemment bien plus chers. Et de plus, l’on entend d’avance les gens ricaner sur les «jolis arrangements financiers», que de telles reventes juteuses permettent».

Péché originel

«On retombe donc toujours, poursuit cette personnalité, sur le problème de la corruption. Il sévit certes partout dans le monde, mais rares sont les pays, les Etats, qui ne réagissent pas. L’Italie a même changé de système politique, pour en sortir. Ailleurs, on tente de sévir, d’endiguer le mal, en engageant des poursuites contre corrompus et corrupteurs. Ici tout le monde, dirigeants en tête, dénonce le mal en chœur — c’est à se demander d’ailleurs qui l’exerce — mais nul n’est poursuivi, à l’exception de quelque menu fretin par-ci par-là. Il y a toujours eu de la corruption au Liban, mais la présente République a aggravé considérablement les choses tant par ses pratiques que par la création de ministères, de Conseils et de Caisses à n’en plus finir, le tout échappant pratiquement à tout contrôle comptable. Les déplacés ont coûté au Trésor au moins un demi-milliard de dollars sans qu’ils réintégrent leurs villages.

Dépenses inutiles et
personnel superflu

Le Conseil du Sud, note la même personnalité, qui a claqué lui aussi des centaines de millions de dollars sans grand résultat de réhabilitation du sol, accuse un passif de 50 millions de dollars qu’on se demande comment éponger. Le ministère des Emigrés n’a servi qu’à placer quelques bénéficiaires du népotisme au titre d’attachés. Et l’on ne voit pas trop non plus quelle urgente nécessité a pu justifier, dans un pays exsangue, la création d’un ministère des Affaires municipales, d’un ministère de l’Industrie, d’un ministère des Pétroles, d’un ministère de l’Habitat, d’un ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur, d’un ministère de l’Environnement, d’un ministère de l’Enseignement technique, d’un ministère des Affaires sociales etc. Il faut y ajouter les offices autonomes créés du temps de Fouad Chehab, qui n’ont plus leur raison d’être mais qu’on continue à entretenir, comme le Plan vert, le Conseil des projets de développement, le Conseil des grands travaux de la ville de Beyrouth et tutti quanti. Le plus agaçant c’est que lorsqu’il faut vraiment un ministère, comme pour le Plan, on s’abstient de le créer et on s’en remet à un organisme parallèle à savoir le CDR qui échappe au contrôle effectif de l’autorité politique pour ne relever que d’un homme, M. Rafic Hariri. En tout cas, le Trésor a dépensé des milliards et des milliards de livres pour loger ces nouveaux départements et payer un personnel superflu qui compte près de 10.000 fonctionnaires! Si l’Etat veut économiser et appliquer une politique d’austérité, il doit commencer par supprimer ces bouches quasi inutiles en les rattachant de nouveau à leurs ministères d’origine».

E.K.
«Le pouvoir, cette belle au bois dormant, s’éveille au bout de sept années d’un sommeil de plomb pour découvrir que l’araignée de la corruption politique a si bien tissé sa toile que l’Administration en étouffe...»Amateur de métaphores autant que de lieux communs, cet opposant de poids — et de l’Est — attribue presque tous les maux actuels du pays à «cet...