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Actualités - REPORTAGE

Selon une étude de l'OIT Le taux de chômage au Liban : 14 à 16%

Le ministère du Travail a annoncé hier la création d’un bureau de l’emploi central au sein de l’Institut national de l’emploi en prélude à l’ouverture de bureaux de l’emploi régionaux. Cette initiative intervient suite à des études sur le marché du travail et le chômage au Liban effectuées par l’Institut national de l’emploi en étroite coopération avec l’OIT, le PNUD, la direction des statistiques et avec le soutien du ministre du Travail, M. Assaad Hardane. Il s’agit des premières statistiques officielles sur les forces actives, depuis 1972, qui doivent contribuer à poser les jalons d’une politique de l’emploi susceptible de répondre aux besoins de développement du pays et de sa dynamique de reconstruction.

Les chiffres de ces études ont été rendus publics au cours d’une conférence de presse tenue hier à l’hôtel Commodore, par M. Jamal Fakhoury, représentant du ministre du Travail, M. Ross Mountain, coordinateur résident des Nations Unies, et M. Moussa Gédeon, directeur général de l’Institut national de l’emploi.

Les forces actives

Les forces actives au Liban représentent 34% du nombre des habitants alors que le taux de chômage varie entre 14 et 16%. La guerre au Liban a provoqué un déséquilibre accentué au niveau des fondements du marché du travail. Ce déséquilibre s’est aggravé en raison du fractionnement des marchés du travail et de la guerre du Golfe qui a contraint nombre d’émigrés libanais à regagner leur patrie. A ces facteurs, l’on devrait ajouter l’exode rural vers les villes qui a provoqué l’accroissement du nombre des forces actives dans les cités et la non-complémentarité entre la formation académique et la qualification professionnelle. C’est ce qu’a indiqué M. Mountain lors de son intervention.
Il a par ailleurs donné d’autres précisions qui, selon lui, pourraient aider à l’élaboration d’une politique nationale du travail.
Le coordinateur résident des Nations Unies a souligné que 59% des entreprises au Liban sont des petites entreprises employant moins de 5 personnes; 53% des entreprises estiment que les postulants aux emplois ne répondent pas aux qualifications professionnelles requises; 86% des établissements n’offrent pas de stages de formation à leurs employés; 4% de la force active au Liban ont moins de trente ans dont 72% sont des hommes et 53% des femmes alors que la proportion de diplômés est satisfaisante atteignant les 45%.
M. Mountain a par ailleurs déploré le fait que la moyenne des revenus mensuels de l’individu est approximativement de 561000 L.L. Dans ce cadre, il faut préciser que la moyenne des revenus des hommes est de 26% supérieure à celle des femmes. Le taux de chômage parmi les hommes demeure élevé. 63% des chômeurs ont moins de trente ans et 69% d’entre eux sont célibataires. Ceux qui n’ont pas de background académique ou ont fait des études élémentaires sont estimés à 50,6%.
Dans ce prolongement, M. Mountain a mis l’accent sur «la nécessité d’améliorer le niveau académique des jeunes qui représente une arme essentielle pour combattre le chômage. Mais la formation académique n’est pas à elle seule suffisante pour lutter contre le chômage, le plus important est de lier la demande à l’offre d’emploi à travers une harmonisation entre la formation académique et les besoins du marché du travail», a-t-il dit.
Et d’ajouter que «la création de nouveaux emplois est fondamentale pour lutter contre la pauvreté».
A titre d’exemple, il a indiqué que la proportion de chômage dans la région de Baalbeck-Hermel est de 16,6% avant de souligner que cette région est l’une des régions les plus pauvres dans le pays .
Selon lui, le travail productif nécessite une formation adéquate pour les employés et l’octroi de prêts aux petites entreprises et aux agriculteurs.
M. Mountain a enfin affirmé «qu’il ne suffit pas de cerner le problème». Il faut, a-t-il dit, que «les statistiques de ces études puissent constituer une base de données pour déterminer les orientations d’une politique qui sera suivie dans les domaines de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur».

Emploi secondaire

De son côté, l’un des experts qui ont participé à l’élaboration de l’étude, M. Nicolas Chammas, a estimé que «le chômage au Liban est un problème chronique». Il a estimé à treize mois et demi la durée moyenne nécessaire à un chômeur pour trouver un emploi et à seize mois pour une personne qui postule pour la première fois à un emploi. Il a qualifié cette durée de «drame national d’autant que 8% des familles résidentes au Liban comptent un membre au moins sans travail».
Selon M. Chammas, «les études effectuées ont montré que les forces actives passent 43 heures par semaine dans leur lieu de travail. Ce chiffre peut atteindre les 50 heures dans certains secteurs de la vie économique. Toujours est-il nécessaire de signaler qu’une importante proportion de la force active a deux emplois ou plus. Comment peut-on ainsi taxer les Libanais de paresseux?» s’est-il interrogé.
M. Chammas devait conclure, cependant, sur une note optimiste en affirmant que la création d’emplois, estimée par les sociétés à 5% annuellement, est susceptible de résorber les demandes de travail des jeunes qui affluent chaque année sur le marché du travail et dont le nombre varie entre 35 et 40 000.
Il convient de signaler que les études ont été faites sur un échantillon scientifique. Pour ce qui est du marché du travail, l’étude a porté sur 27000 entreprises de tous les calibres dans les différentes régions du pays et sur 32000 employés et ouvriers de ces établissements alors que pour ce qui a trait à l’étude sur le chômage, l’étude a porté sur 4000 chômeurs appartenant à différentes catégories sociales.
D’autre part, il faut signaler que M. Jamal Fakhoury, représentant le ministre du Travail, a tenu à souligner que le conseil d’administration de l’Institut national de l’emploi sera formé de représentants du Centre pédagogique de Recherche et de Développement, de l’Université libanaise, du ministère du Travail, du patronat et des ouvriers.
Le ministère du Travail a annoncé hier la création d’un bureau de l’emploi central au sein de l’Institut national de l’emploi en prélude à l’ouverture de bureaux de l’emploi régionaux. Cette initiative intervient suite à des études sur le marché du travail et le chômage au Liban effectuées par l’Institut national de l’emploi en étroite coopération avec...