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Actualités - CHRONOLOGIE

Les USA et l'Irak jettent du lest Assouplissement de la résolution pétrole contre nourriture, suggère Washington (photo)


ASSOUPLISSEMENT DE LA RÉSOLUTION «PÉTROLE CONTRE NOURRITURE», SUGGÈRE WASHINGTON

UN RETOUR DES EXPERTS AMÉRICAINS N’EST PAS EXCLU, LAISSE ENTENDRE BAGDAD

Après la tension de ces derniers jours, un début de détente hier: pressés par leurs alliés d’épuiser tous les efforts de la diplomatie avant de recourirà la force, les Etats-Unis sont prêts à envisager «des aménagements limités» à la résolution «pétrole contre nourriture» pour inciter le président Saddam Hussein à accepter les inspecteurs des Nations Unies. Un «petit pas» sur la voie pacifique qui avait été précédé en week-end par l’absence de tout survol de l’avion de reconnaissance U-2. Si, par ailleurs, Washington a accueilli fraîchement la proposition de Bagdad d’un retour sous condition des inspecteurs de l’UNSCOM, cette offre a été jugée comme pouvant constituer «un début de solution» par le chef de cette commission de l’ONU chargée du désarmement de l’Irak.
Le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz a déclaré que l’Irak n’avait «pas d’objection au retour des inspecteurs américains» chargés de le désarmer, expulsÉEd’Irak, si «dans cette nouvelle équipe les cinq membres permanents avaient tous le même poids».
M. Butler a toutefois estimé que modifier la composition de l’UNSCOM ne changerait pas le fond du problème. «On peut changer les nationalités, changer l’équilibre politique (de l’UNSCOM) si on veut, mais cela ne peut certainement pas changer la donnée fondamentale: il s’agit de désarmement, plus spécialement d’armes biologiques, et ce sont des faits qui doivent faire l’objet d’une enquête factuelle, scientifique et objective», a poursuivi M. Butler. Or, «je ne vois pas comment une modification des nationalités va changer l’objectivité de la science», a-t-il ajouté.
Le diplomate a par ailleurs estimé que les autorités irakiennes avaient décidé de provoquer la crise actuelle parce que les enquêteurs de l’ONU étaient sur le point de mettre au jour le programme d’armement biologique de l’Irak.
Pour un responsable de la Maison-Blanche, «l’Irak n’est pas en mesure de dicter la composition de l’équipe des Nations Unies». Néanmoins, s’est-il empressé d’ajouter, «nous ne cherchons pas la confrontation; nous voulons simplement que Bagdad se conforme aux résolutions du Conseil de Sécurité». L’offre irakienne avait été faite, on le rappelle, dans le cadre d’une interview du vice-premier ministre irakien au quotidien français «Le Figaro».
S’agissant des «ajustements» que pourrait accepter Washington, au cas où les Irakiens respecteraient les résolutions onusiennes, ils porteraient sur une extension de la résolution «pétrole contre nourriture», et cela «de manière indéfinie», ainsi que l’a expliqué un haut responsable américain, membre de la délégation accompagnant le secrétaire d’Etat MadeleiNE Albright.
Ils pourraient également concerner la définition des produits que l’Irak pourrait acheter avec les deux milliards de dollars de pétrole brut que Bagdad peut vendre tous les six mois.
Mme Albright en a discuté lundi matin avec son homologue français Hubert Védrine et le secrétaire au Foreign Office Robin Cook, a précisé ce responsable.

Un geste

Mme Albright a suggéré dimanche que la France et la Russie usent de leur influence auprès de Bagdad dans cette crise. La proposition américaine pourrait leur fournir une sorte de monnaie d’échange qui faciliterait cette médiation.
«Dans l’immédiat», a expliqué le responsable américain, Washington est prêt à réexaminer les procédures de délivrance des vivres et des médicaments pour les «rendre plus efficaces».
Dans un deuxième temps, si l’Irak revient sur sa décision d’expulser les inspecteurs américains de l’UNSCOM (Commission de l’ONU chargÉEdu contrôle de l’armement irakien), les Etats-Unis «examineront une adaptation modeste des paramètres» de la résolution 986.
Il a mentionné la possibilité de rendre la résolution permanente, et non pas renouvelable de six mois en six mois, de réviser à la hausse le montant des ventes de pétrole que l’Irak peut effectuer tous les six mois et de revoir «la définition de ce qui est humanitaire», c’est-à-dire les catégories de produits que Bagdad peut acheter pour sa population. Bagdad s’est plaint par exemple de ne pas pouvoir acheter d’ambulances avec cet argent.
Le même responsable a affirmé que Washington s’était toujours soucié du sort des civils irakiens et a rappelé que la 986 était une initiative anglo-américaine. «Si, parce que nous manifestons notre souci du sort de la population irakienne, Saddam Hussein fait marche arrière, nous serons doublement contents», a-t-il expliqué.
Il a aussi expliqué qu’il s’agissait d’un geste en direction de Paris et de Moscou et de nombreux autres pays réticents à user de la force contre l’Irak. «Si un aménagement modeste de la résolution «pétrole contre nourriture», un programme que nous avons nous-mêmes lancé, peut aider d’autres pays à se joindre à nous pour n’exclure aucune option, cela nous convient», a-t-il déclaré.
Mais pour le représentant irakien à l’ONU Nizar Hamdoun, de tels aménagements «ne résoudront pas l’essentiel du problème». Le diplomate a ajouté qu’il ne voyait pour l’heure «aucune initiative» susceptible de résoudre la crise.

Pas de survol d’U-2

Il n’en reste pas moins que deux faits se sont produits au cours des dernières heures, qui semblent aller dans le sens de la détente:
• Lundi, les inspecteurs chargés de superviser l’application du programme ont repris leur mission, après un arrêt d’une journée dû au manque de carburant.
• L’avion de reconnaissance U-2 utilisé par l’ONU pour contrôler le désarmement n’a pas survolé l’Irak dimanche, contrairement à ce qui avait été prévu.
L’Irak avait été averti la semaine dernière par la Commission spéciale de l’ONU pour le désarmement en Irak que les vols de l’U-2 reprendraient sur une période d’une semaine à partir du week-end. Un porte-parole du Pentagone avait précisé qu’ils commenceraient dimanche.
Toutefois, aucun vol de cet avion n’a eu lieu depuis le 10 novembre, a indiqué le lieutenant-colonel Nino Fabiano, porte-parole du Commandement central américain, qui dirige notamment les forces américaines dans le Golfe.
Le secrétaire américain à la Défense William Cohen avait prévenu vendredi que toute tentative irakienne d’abattre l’avion de reconnaissance américain utilisé par l’ONU déclencherait une réplique militaire rapide.
Tirant la conclusion qui s’impose, le président français Jacques Chirac a réaffirmé lundi à Langkawi (Malaisie) que «la France était naturellement solidaire de l’ONU», mais que la crise, selon lui, évoluait «un peu dans le sens de la détente», au lendemain de son entretien téléphonique avec le président américain Bill Clinton.
«Je souhaite une issue aussi pacifique que possible de cette affaire», a dit le président français au cours d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad.
Il a rappelé qu’il avait eu la veille depuis Hanoi «un long entretien téléphonique» avec le président américain Bill Clinton. Au cours de cette conversation, il avait affirmé «la solidarité de la France» avec les Etats-Unis et avec l’ONU.
«J’ai le sentiment que les arguments que j’ai développés ont participé à ce qui me semble être aujourd’hui quelque chose qui va un peu dans le sens de la détente», a-t-il dit.


ASSOUPLISSEMENT DE LA RÉSOLUTION «PÉTROLE CONTRE NOURRITURE», SUGGÈRE WASHINGTONUN RETOUR DES EXPERTS AMÉRICAINS N’EST PAS EXCLU, LAISSE ENTENDRE BAGDADAprès la tension de ces derniers jours, un début de détente hier: pressés par leurs alliés d’épuiser tous les efforts de la diplomatie avant de recourirà la force, les Etats-Unis sont prêts à envisager «des...