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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

La conférence de Doha sapée par le boycottage arabe et la crise irakienne

La quatrième conférence économique pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord s’est ouverte hier à Doha, sapée d’emblée par le boycottage arabe et assombrie par la crise irakienne. Même les projets économiques seront beaucoup moins ambitieux qu’à Casablanca, Amman ou au Caire. Les grands projets de coopération régionalesont restés dans les cartons. Le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright a dû écourter sa participation à cette quatrième conférence, pour se rendre dans les capitales du Golfe, afin de les rallier contre les efforts de Bagdad pour mettre fin aux inspections de l’ONU (VOIR AUSSI P. 9).

D’entrée de jeu, l’émir de Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, a critiqué le gouvernement israélien de droite de M. Benjamin Netanyahu, mais a insisté sur le volet économique. «Israël doit réaliser que son intransigeance et son refus d’honorer ses engagements exposent la région à des dangers qu’il est difficile de prédire», a averti le chef d’Etat qatariote.
Confronté à une vague de critiques dans la plupart des pays arabes pour avoir invité une délégation israélienne, l’émir s’est retranché derrière les engagements que son pays avait pris en acceptant d’accueillir la conférence.
Sur le front économique, Qatar a voulu quand même prouver l’utilité de ce forum en annonçant la signature d’un accord de 825 millions de dollars avec la compagnie américaine Phillips Petroleum pour la construction d’un complexe pétrochimique. L’émirat cherche à tripler sa production pétrochimique d’ici l’an 2000, en mettant à contribution ses énormes réserves en gaz naturel, les troisièmes du monde.
Mme Albright a choisi de diluer les responsabilités politiques. Elle s’était livrée à un forcing diplomatique ces derniers mois pour assurer la tenue de la conférence de Doha qui, d’après son homologue koweitien, est «vouée à l’échec». Selon elle, «le processus de paix est en danger, parce que les dirigeants de la région n’ont pas su prendre les mesures nécessaires pour réaliser les possibilités de la paix». Souhaitant, elle aussi, mettre l’accent sur les affaires, Mme Albright a assisté à la signature d’un autre accord, israélo-jordanien celui-là, sur la création d’une zone de libre-échange dans la région de Irbid en Jordanie. «Cet accord est une pierre angulaire dans l’application de la paix et une expression tangible des bénéfices de la paix», a souligné le secrétaire d’Etat.

Scepticisme des
patrons israéliens

Les marchandises produites notamment par des sociétés conjointes israélo-jordaniennes bénéficieront de l’accord de libre-échange conclu il y a une dizaine d’années entre l’Etat hébreu et les Etats-Unis.
Patrons israéliens et jordaniens ont toutefois fait preuve d’un certain scepticisme. «La crise du processus de paix va limiter la portée de cet accord, car les liens avec Israël sont devenus un fardeau, un passif pour les entreprises jordaniennes», a reconnu le directeur de la Century Investment Group, un important groupe d’investissement jordanien, M. Omar Salah.
Un responsable de la délégation américaine a reconnu que Mme Albright avait voulu jouer de l’effet d’annonce. «Il fallait donner une compensation à la Jordanie, pour lui prouver que la paix avait des retombées économiques directes», a affirmé ce haut fonctionnaire qui a requis l’anonymat.
Le boycottage de pays tels que l’Egypte ou l’Arabie Séoudite a toutefois porté un sérieux coup au rêve d’un «Nouveau Moyen-Orient», havre de paix et de prospérité à l’origine de ce genre de conférence.
Ce malaise s’est traduit par les difficultés à désigner le prochain lieu de la conférence l’an prochain. Le secrétaire d’Etat américain au Commerce William Daley a d’ores et déjà indiqué que le choix ne serait sans doute pas annoncé mardi à l’issue du forum, comme cela avait été le cas lors des trois précédentes éditions.
La conférence s’est ouverte en présence de 2.000 participants, dont 500 officiels de 66 pays. Hormis Qatar, pays hôte, seuls neuf des 22 membres de la Ligue arabe participent à la conférence: les Comores, Djibouti, la Jordanie, le Koweit, la Mauritanie, Oman, la Somalie, la Tunisie et le Yémen.
La quatrième conférence économique pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord s’est ouverte hier à Doha, sapée d’emblée par le boycottage arabe et assombrie par la crise irakienne. Même les projets économiques seront beaucoup moins ambitieux qu’à Casablanca, Amman ou au Caire. Les grands projets de coopération régionalesont restés dans les cartons. Le secrétaire...