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Actualités - CHRONOLOGIE

Les jeunes réformateurs russes déclarent la guerre aux barons de la Finance

De nouvelles accusations d’enrichissement illicite visant le premier vice-premier ministre russe Anatoli Tchoubaïs ont relancé la guerre entre les jeunes réformateurs du gouvernement et certains groupes financiers.
Les députés de la Douma (Chambre basse du Parlement) ont demandé au parquet général d’enquêter sur des accusations de «pots-de-vin cachés» adressées à certains membres du gouvernement par un journaliste connu.
«Il est curieux que cette affaire, pourtant loin d’être secrète, éclate un jour avant l’examen du budget par la Douma, pour saboter le gouvernement», a souligné devant les journalistes M. Tchoubaïs, qui se trouvait au Parlement pour défendre le projet révisé du budget 1998.
La volée de bois vert contre le père des privatisations russes a été lancée sur les ondes de la radio Echos de Moscou par un journaliste célèbre pour ses chroniques politiques sulfureuses, Alexandre Minkine et répercutée par la première chaîne publique ORT, dont l’un des principaux actionnaires est l’homme d’affaires Boris Berezovski.
Ennemi juré de M. Tchoubaïs qui a engagé depuis plusieurs mois une bataille contre «l’oligarchie financière» au sein du gouvernement, M. Berezovski a été évincé la semaine dernière de son poste de secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe.
M. Minkine a affirmé qu’une maison d’édition russe avait versé à M. Tchoubaïs et à son équipe une avance sur recettes de 450.000 dollars, pour leur collaboration à la rédaction d’un livre sur les privatisations en Russie.
Selon ce journaliste, de tels honoraires sont totalement disproportionnés par rapport aux perspectives de recettes. Ces sommes, a-t-il estimé, «peuvent être une forme cachée de pots-de-vin ou un moyen de blanchir de l’argent sale».
Anatoli Tchoubaïs, mis en cause avec cinq de ses collaborateurs — dont l’ancien et l’actuel ministres des Privatisations Alfred Kokh et Maxime Boïko —, a reconnu que chaque coauteur avait bel et bien reçu 90.000 dollars d’honoraires. Ce qui porterait le total des avances à 540.000 dollars, pour six personnes.

La ligne à 72 dollars

A la Douma, M. Tchoubaïs a affirmé que le livre était déjà terminé, et en a distribué quelques exemplaires à des journalistes, en précisant que 95% des sommes perçues par les auteurs avaient déjà été reversés ou devaient l’être au «Fonds de protection de la propriété privée», une institution indépendante présidée par l’ex-premier ministre Egor Gaïdar.
Loin de se démonter, le journaliste a assuré que «de facto, ce fonds est dirigé par Arkadi Evstafiev, un proche de M. Tchoubaïs et coauteur du livre».
«L’histoire de la privatisation en Russie écrite en lettres d’or», titre le quotidien «Sevodnia», en estimant à 72 dollars le coût de la ligne écrite.
Après la présentation par la Douma, dominée par l’opposition national-communiste, de sa requête au parquet général, le chef de la brigade du ministère de l’Intérieur chargée de la lutte contre la criminalité économique, Ivan Sardak, a déclaré n’être «pas surpris» par ces accusations. «Nous disposons de ces informations et travaillons dessus avec une équipe du parquet de Moscou et du parquet général», a-t-il dit à la radio.
«Ce n’est pas la première fois que Tchoubaïs est attaqué», rappelle un analyste de la Fondation Carnegie, Andreï Pavlov, et «ces méthodes ressemblent fortement au style Berezovski».
MM. Tchoubaïs et Berezovski s’étaient déjà durement affrontés au moment de la privatisation du géant des communications Svyazinvest: les médias contrôlés par M. Berezovski s’étaient alors insurgés contre le «favoritisme» du gouvernement vis-à-vis du vainqueur de cette opération, son rival Vladimir Potanine d’Oneximbank, un proche de M. Tchoubaïs. (AFP)
De nouvelles accusations d’enrichissement illicite visant le premier vice-premier ministre russe Anatoli Tchoubaïs ont relancé la guerre entre les jeunes réformateurs du gouvernement et certains groupes financiers.Les députés de la Douma (Chambre basse du Parlement) ont demandé au parquet général d’enquêter sur des accusations de «pots-de-vin cachés» adressées à...